Quotas de pêche, l'inquiétude grandit à Saint-Gilles-Croix-de-Vie

Le Secrétaire d’Etat chargé de la mer, Hervé Berville, est en ce moment à Bruxelles pour y représenter la France lors des négociations sur les quotas de pêche pour 2024. Les taux de capture doivent être décidés lors de ce Conseil des ministres de la pêche de l’Union européenne. A Saint-Gilles-Croix-de-Vie, port de pêche vendéen, on s'attend à des mauvaises nouvelles.

"Tout nous inquiète cette année, témoigne Benjamin Laborde, patron pêcheur, spécialisé dans la civelle. Si on m'impacte sur la civelle, le bar ou le merlan, il ne me reste plus rien."

Benjamin aurait voulu, au minimum, conserver les quotas 2023. Ce qu'il craint, c'est que les quotas 2024, s'ils sont réduits encore, soient déjà épuisés dès le mois de juin.

"Faut qu'on ramène du poisson pour vivre !" 

"On a des entreprises, des bateaux de pêche, faut qu'on ramène du poisson pour vivre !" , fait remarquer ce pêcheur qui craint un quota zéro sur la civelle qu'il pêche l'hiver. Une pêche déjà réduite et impactée également par le braconnage.

"La visibilité, c'est ce qui manque dans notre métier, conclut Benjamin. Tous les ans, 15 jours avant Noël, on remet tous nos quotas de pêche en jeu." 

Des quotas pluriannuels

David Blanconnier, le directeur de la criée de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, préfèrerait, lui aussi, que ces quotas soient décidés pour une période plus longue, quatre à cinq ans, ce qui permettrait à la profession de s'organiser et aux criées de planifier et programmer des investissements.

"L'an dernier, explique-t-il, ils ont pris la décision de fermer le chinchard jaune par exemple, ça pèse pour la criée plus de 600 000 € (par an). C'est 10 % du chiffre de la criée. Forcément, les perspectives pour l'année qui vient, c'est plus compliqué."

Pas de solution de repli

Ce lundi 11 décembre, la crainte est de voir se confirmer une baisse des quotas sur plusieurs espèces pêchées par les bateaux basés à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

"On nous annonce des baisses drastiques, craint David Blanconnier. Moins 50% sur le lieu jaune, moins 40 % sur le merlan, moins 22 % sur le bar. Souvent, les bateaux sont dépendants de ces espèces-là. Ces baisses de quotas, ça veut dire pêcher quoi à la place ? Il n'y a pas de solution de repli pour la flottille à ce jour."

Des aides pour les marins pêcheurs seraient les bienvenues, mais quid des criées dont l'activité se verrait également amputée de ces débarquements sans être compensée par d'autres ?

Des quotas qui démotivent

Ces quotas renégociés chaque année fragilisent une profession qui se réduit, moins de marins, moins de bateaux.

"Comment motiver un jeune pour acheter un bateau et aller à la pêche si tous les ans, on lui fait baisser son quota ?", interroge le patron de la criée qui estime qu'on est dans une période et une vision politique qui tendent vers la baisse des quotas.

Le maire en mission à Bruxelles

Le maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie a, quant à lui, pris le train ce dimanche pour aller défendre la cause de ce secteur économique à Bruxelles. Du lobbyisme qu'il va exercer auprès du secrétaire d'Etat chargé de la mer.

"Chaque année, Bruxelles, c'est la roulette russe, constate François Blanchet. On a rarement de bonnes nouvelles."

L'élu craint "une catastrophe pour la pêche française".

La pêche, ce sont 800 emplois directs à Saint-Gilles-Croix-de-Vie.

Olivier Quentin avec Mathieu Guillerot

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