EN IMAGES. Vendée Globe 2024, "c’est à tribord qu’on gueule le plus fort !", une foule électrisée pour suivre la parade et le départ

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Une grande fête populaire : sur les quais, des centaines de milliers de personnes sont venues acclamer la parade des skippers avant le grand départ au large des Sables-d'Olonne. Beaucoup se sont levés au milieu de la nuit pour trouver une bonne place, mais tous ont vécu un moment d'émotion collective. Reportage en immersion et en images.

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Devant les portes du village du Vendée Globe, une longue file d'attente s'étire dans la nuit, espérant saluer une dernière fois les skippers avant le grand départ.

En attendant l'ouverture, un bénévole casse un peu l'ambiance en annonçant que les barrières empêchent maintenant les visiteurs d'approcher les pontons. "On va voir ce qu’on peut voir" réagit un visiteur, confiant et philosophe.

Parmi les matinaux, une famille vendéenne : Léa, Amélie, Sophie et Olivier et Inès, 8 ans et demi, sont arrivés dès 5h du matin "On a voulu aller à la capitainerie comme on fait d’habitude pour les départs de Vendée Globe, mais c’était déjà bondé. Pour la petite, on a fait demi-tour, on ne voulait pas lui imposer de piétiner des heures au milieu de la foule" confie Sophie. 

Une grande fête populaire

Un peu plus loin, une marée humaine se dirige vers les quais de la Chaume. Alors que les bateaux ne passeront pas avant deux heures, au moins, l'ambiance monte peu à peu.

Venue du Berry, Véronique installe son drapeau aux couleurs du bateau de Maxime Sorel sur la baie vitrée de l'appartement où elle loge, face au port. "C’est un beau bateau qui plaît beaucoup aux enfants et qui défend une superbe cause, vaincre la mucoviscidose."

Un peu plus loin, on croise Marie-Odile, qui se dirige résolument vers les quais de la Chaume, une grande échelle sous le bras. "Ma fille s'est installée au bord de l’eau depuis 4h du matin. Moi j’ai dit, je ferai comme d’habitude, je viendrai avec l’escabeau. C’est plus facile car j’habite à côté" sourit la retraitée.

La musique sort des hauts parleurs, certains dansent dans la foule. D'autres se réchauffent sur les stands des marchands ambulants :"Mogette saucisse ?", s'amuse la vendeuse. "Non, je vais plutôt prendre un café brioche."

Ils sont loin, les souvenirs du départ confiné du Vendée Globe de 2020, où la parade était passée devant des quais interdits au public. "Bon vent !" souhaite une banderole à l'entrée d'une rue. Il y a 4 ans, les riverains ne pouvaient pas passer au-delà de cette limite lors du départ confiné. Cette année, le public ne fait que passer devant cette balise pour se masser devant les quais.

Ceux qui ont préféré dormir trouvent à présent une foule compacte. Impossible de s'approcher. "Si on ne voit rien, on ne sera pas déçus, il y a une bonne ambiance, et puis il y a le grand écran", lance Gabriel.

La bande des supporters nordistes

Face à la tour d'Arundel, les supporteurs de Thomas Ruyant sont venus en masse, ils sont près de 900 ! Derrière le skipper dunkerquois, la diaspora nordiste s'est organisée. Noriane, Charles, William et Théo viennent de Lille et de Nantes, ils ont passé la nuit dans l'un des deux campings réservés par les ch'tis.

"Hier, on avait la soirée des supporters. Nous ne sommes pas restés trop tard pour être frais pour le départ, mais il y en a qui n'ont pas trop dormi" rigole Noriane. 

Après la parade, ils iront voir le grand départ depuis un cinéma des Sables-d'Olonne réservé pour l'occasion. Ce sont les sponsors, l'association Entourage et Team for The Planet qui ont organisé cette mobilisation, en réservant des bus pour transporter la team des supporters nordistes depuis les trains qui arrivaient à Nantes.

L'association Entourage, qui lutte contre la précarité et l'exclusion sociale a aussi embarqué plusieurs bénéficiaires dans l'aventure. Lahouratou vient de Lyon, grâce à l’association qu'elle a découverte dans le cadre de sa recherche de stage. Pour ses CV et entretiens d'embauche, elle a reçu l'aide d'un coach et a pu valider son master.

"L'association m’a proposé de venir au Vendée Globe, en offrant le voyage, le logement, etc. Je ne connaissais pas la voile, c’est une découverte pour moi, et j’aime beaucoup !" témoigne la jeune femme avec enthousiasme.

Dans le public, les associations sont nombreuses, à l'image de la Fabuleuse Armada, qui organise des séjours de voile avec des jeunes en situation de handicap. "Pour le départ, on a fait une exception, on va voir des voiliers au lieu de faire du voilier" sourit Colombe Ribilier devant son groupe d'une vingtaine de jeunes et d'accompagnateurs. 

De part et d'autre du chenal, la foule chante "C’est à bâbord, qu’on geule, qu’on gueule !". En face, les supporters répondent "C’est à tribord qu’on gueule le plus fort !"

L'aventure du premier skipper chinois du Vendée Globe

Face au chenal, un grand drapeau chinois s'agite. C'est celui d'Eric Han, originaire de Pékin, il est venu soutenir Xu Jingkun : "C'est le premier Chinois qui va disputer le Vendée Globe. Pour nous, c’est déjà pas mal. S’il peut finir la course, c’est bien."


La veille du départ, il a pu rencontrer le skipper samedi, avec la vingtaine de supporters chinois, parmi lesquels Nan Zhang. 

Elle est venue spécialement de Shanghai pour soutenir bénévolement le skipper chinois. "On est arrivés le 6 octobre et on tenait un stand sur le village pour parler avec les gens et raconter le parcours extraordinaire de Xu Jingkun."

Né dans les montagne,  Xu Jingkun n'avait jamais vu la mer avant ses 12 ans. C'est à cet âge qu'il a perdu sa main dans une explosion de feux d'artifice.Très sportif, le jeune homme est repéré à l'âge de 17 ans pour rejoindre l'équipe de voile paralympique. Un sport qu'il ne connaît pas, mais dans lequel il excellera après une formation.

"Il n'a pas d'équipe technique, c'est lui qui fait toutes les réparations sur son bateau", admire Nan Zhang, qui est aussi impressionnée par la ferveur populaire, et particulièrement celle des enfants "On a l'impression que quasiment tous les enfants suivent les skippers, alors qu'en Chine, la voile n'est pas très reconnue."

Pour l'équipe de Xu Jingkun, ce départ est surtout un aboutissement : "Nous étions venus en 2019 pour préparer l'édition de 2020, mais nous n'avons pas pu participer à cause du Covid. Cela faisait 5 ans qu'on attendait !"

Du monde jusque sur les toits

Dans le public, la foule scande désormais "Charlie ! Bravo Charlie ! " alors qu’apparaît le premier Imoca, celui de Charlie Dalin. L'ambiance monte tranquillement, il y a du monde sur les auvents des restaurants, dans les arbres et même sur quelques toits. 

C'est l'effigie de Samantha Davies qu'on croise le plus dans le public, parmi celles qui avaient été distribuées sur le village du Vendée Globe. Déborah et Elisa, 8 ans, supportent la skippeuse "parce qu'on aime bien sa cause", celle de la chirurgie cardiaque pour les enfants.

Parmi les plus chanceux, ceux qui habitent face au chenal, comme Patricia et Alain, un couple vendéen exilé à Paris, qui garde ses attaches grâce à cette résidence secondaire achetée il y a 15 ans. C'est le 3e départ qu'ils vivent ici, et à chaque fois, ils invitent la famille et les amis.

Sur le balcon, ils sont une vingtaine d'amis pour acclamer les bateaux. "Allez Maxime ! " crie Maximilien, 9 ans, en agitant son drapeau vendéen.

"C’est mon préféré, je ne sais pas pourquoi. Peut-être aussi parce qu’il s’appelle un peu comme moi" avant d’encourager un autre skipper : "Allez je sais pas qui!"

Dans la foule, au ras du sol, on retrouve Noah, Lucas et Esteban, les collégiens de Saint-Pol-sur-Mer venus avec les élèves de l'option Vendée Globe de leur collège près de Dunkerque.

Ils se reposent avant l'arrivée de Thomas Ruyant, qu'ils suivent depuis plusieurs années. "On est arrivés à 7h", regrette Esteban, qui aurait bien aimé grapiller quelques heures de sommeil : "On aurait eu exactement la même place en partant une ou deux heures après." Le petit groupe de garçons suit pour la parade sur l'écran d'un smartphone, alors que d'autres collégiens ont réussi à se faufiler au premier rang.

"Ils sont un peu cuits, j’ai eu du mal à les lever ce matin", reconnaît l'enseignant. Mais ce coup de mou passager est vite oublié lorsqu'arrive enfin le bateau "Vulnérable", celui de Thomas Ruyant.

Soudain, une ambiance de folie gagne le groupe de 900 supporteurs des Hauts de France, avec vuvuzelas et fumigènes, comme dans un stade de foot.

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L'ambiance dans le groupe des 900 supporteurs des Hauts de France au passage de Thomas Ruyant, le skipper dunkerquois. ©France Télévisions

Chaude  ambiance également au passage de Tanguy Le Turquais, le skipper de Lazare, qui passe dans un grand nuage rose, celui de ses "colocs", le groupe de supporters venus soutenir sa cause, celle des colocations solidaires entre jeunes actifs et personnes sans abri.

"Il va provoquer un embouteillage" sourit une spectatrice, car le skipper s'est arrêté quelques instants pour saluer ses fans.

Des étoiles plein les yeux, le public salue enfin le dernier bateau. Venus de Saint-Nazaire, Flavie et Aubin affichent un grand sourire : "Je ne me souviens pas avoir vu autant de monde, c’est plus que les années précédentes" lance la jeune femme tout en rangeant son escabeau pour aller suivre le départ à la télévision, chez des membres de sa famille.

Il est presque 11 heures, les quais se vident, alors que la foule se dirige désormais vers le village du Vendée Globe, où plusieurs grands écrans permettent aussi de suivre le départ.

Présents depuis 6 heures du matin, François et ses deux fils, Victor et Charles, avouent avoir été très mal placés. "On aurait dû venir à 5 heures du matin", souffle le père, qui ne regrette rien pourtant.

"Pour voir, il y avait plusieurs méthodes : prendre des photos, prendre mon plus jeune fils sur les épaules, et il y a aussi des gens qui nous ont prêté des réhausseurs. On a senti une grande solidarité, je ne dirais pas qu'on s'est fait des amis, mais on a discuté avec les gens et partagé une émotion."

Comme tous les spectateurs de la parade, François et ses enfants resteront désormais branchés sur les aventures des skippers autour du monde, pour les trois mois qui viennent.

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