La 12e édition de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe est lancée ! Partis ce mercredi 9 novembre de Saint-Malo pour 3 542 milles à destination de Pointe-à-Pitre, les 138 solitaires ont connu une première nuit active.
Après s’être élancés, comme prévu, à 14h15 ce mercredi, au large de la pointe du Grouin, les solitaires de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe ont d’abord rejoint le cap Fréhel en tirant des bords avant de mettre le cap sur la pointe Bretagne et d’exploiter au mieux les petites bascules du vent ainsi que les courants.
"Le jeu de la régate côtière a battu son plein cette nuit. Il a fallu jouer entre les cailloux. Certains ont tenté de naviguer à l’intérieur des Sept Iles mais a priori, ce n’était pas une bonne idée. D’emblée cela a généré quelques écarts. Dans tous les cas, comme on s’y attendait, on a tous peu dormi car on a été bien occupés", a commenté le Nantais Corentin Douguet (Quéguiner - Innoveo), l’actuel leader au classement des Class40 qui a su affiner au mieux sa trajectoire mais qui reste encore dubitatif quant à la manière dont il va aborder la suite ce jeudi matin.
Extérieur Ouessant, Fromveur ou Four ? Telle est (ou était) la question du jour pour la grande majorité de la flotte, exception faite de Louis Duc, sur son IMOCA Fives-Lantana Environnement seul concurrent, pour l’heure, à avoir opté pour un passage au nord du dispositif de séparation de trafic d’Ouessant. Il est suivi du néozélandais Conrad Colman (Imagine), des Vendéens Benjamin Dutreux (Guyot Environnement- Water Family) et Arnaud Boissières (La Mie Câline) .
Les skippers doivent prendre une première grande décision stratégique afin d’aborder au mieux le golfe de Gascogne. Au choix : une trajectoire nord, rapide sur le papier mais très engagée. Une route sud, plus maniable mais avec le vent dans le nez, ou une voie médiane, au plus près de la route directe, avec toutefois le risque de se faire piéger par une grande zone de molle à l’arrière d’un premier front
Quelle route choisir ?
"Je préfère rester plus rapide plutôt que de tirer des bords sous le DST. Je monte un peu au nord mais je n’ai pas l’intention d’être extrême non plus en allant me mettre dans la cartouche. Mon but est de rester sur une trajectoire raisonnable", a commenté lors de la vacation matinale le skipper de l’IMOCA Fives – Lantana.
Une route, certes plutôt rapide sur le papier, mais très engagée dans la réalité, avec des vents copieux et une mer chaotique à l’avant d’un front circulant entre les Açores et l’Irlande. Erwan Le Roux (Koesio) s’est emparé des commandes de la course dans la classe des Ocean Fifty, tôt ce jeudi matin, après avoir choisi de passer à l’extérieur d’Ouessant.
Le baulois Sébastien Rogues ( Primonial) le talonne. Mais la majorité de ses adversaires ont, eux, préféré emprunter le chenal du Four, entre l’archipel de Molène et la pointe Saint-Mathieu.
Une option également prise en milieu de nuit par les leaders en Ultim 32/23 qui évoluent désormais au plus près de l’orthodromie, toujours emmenés par Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild). Le skipper devra toutefois effectuer la pénalité de quatre heures dont il a écopé à la suite de son départ prématuré dans un délai de moins de 48 heures, chose qu’à cette heure ont déjà faite dix des seize skippers sanctionnés par le comité de course, à l’image de Yoann Richomme (Paprec Arkea), le tenant du titre chez les Class40 qui paie cher sa réparation et pointe actuellement en 51e position, à près de 20 milles du leader.
Plusieurs solutions à un même problème
Pas de conclusion à tirer toutefois à ce stade de la course. Le jeu ne fait que commencer. D’ailleurs, c’est maintenant que le golfe de Gascogne s’ouvre devant les étraves que les grandes manœuvres stratégiques commencent.
Reste qu’on l’a compris cependant, la grande majorité des solitaires semblent opter pour des routes ouest, avec plus ou moins de sud dans leurs trajectoires.
"Les routages les plus performants font passer au nord de la route directe mais pour aller vite, il ne faut pas trop de mer et des conditions maniables. Le but est d’être le plus efficace possible et de se positionner au mieux en vue des deux passages de fronts à venir ", a relaté Quentin Vlamynck (Arkema), à la bagarre aux avant-postes chez les Ocean Fifty.
Comme les autres, il le sait, tout sera une nouvelle fois une histoire de compromis, avec d’un côté plus de vent et de mer puis de l’autre un peu moins de tout ça mais, à la clé, des vitesses de progression moins élevées. "Pour l’instant, ce n’est pas encore très clair. Disons, pour résumer, qu’il y a pas mal de solutions possibles pour répondre au même problème", a commenté Corentin Douguet.