Ce samedi à midi, les cloches des églises des Sables-d'Olonne ont sonné en hommage aux trois sauveteurs en mer décédés ce vendredi 7 juin. Sortis en mer pour porter assistance à un marin pêcheur, leur canot a chaviré. Ils seront tous trois décorés de la Légion d'Honneur à titre posthume.
En mémoire des trois sauveteurs en mer disparus ce vendredi 7 juin, les cloches des églises des Sables d'Olonne ont retenti à midi ce samedi, durant sept minutes, sept minutes pour chacun des sept sauveteurs qui se trouvaient hier à bord du canot SNSM.
Emmanuel Macron a annoncé dans un tweet qu'il nommait à titre posthume les trois sauveteurs de la SNSM, chevaliers dans l'ordre national de la Légion d'honneur.
Agès de 28 ans, 51 ans et 58 ans, Dimitri, Alain et Yann, les trois sauveteurs en mer décédés étaient tous des marins confirmés, bien connus des habitants de la commune des Sables-d'Olonnes.Ces hommes sont des héros. J’ai décidé de les nommer, à titre posthume, chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur. https://t.co/YMHpKjG7Rp
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 8 juin 2019
Le plus âgé, le patron principal de la vedette SNSM, venait de prendre sa retraite, après une carrière de marin pêcheur. Alain, second sur le canot, était lui aussi patron pêcheur. Le plus jeune d'entre eux, mécanicien à la SNSM, était membre d'une association de bateaux traditionnels.
Les circonstances du drame
En fin de matinée, vendredi, l'équipage de la vedette "Jack Morisseau" est sorti en mer pour porter secours à un fileyeur qui "avait du mal à rentrer, notamment parce que l'entrée du port est très compliquée", a expliqué Xavier de la Gorce, le président de la SNSM.Après activation de la balise de détresse, les sauveteurs de la SNSM ont été prévenus par le Cross (Centre régional opérationnel de secours et de sauvetage). "Le Cross a dit - si vous pouvez y aller c'est bien mais si vous ne pouvez pas... Les sauveteurs ont dit - on y va - car il n'y a pas de refus d'obstacle chez les sauveteurs", a expliqué M. De la Gorce.
Alors que le chalutier avait disparu au milieu d'une mer démontée, le canot de la SNSM a embarqué de l'eau "car les vitres ont explosé après une très grosse vague et le bateau a pris de la gîte". Le bateau de la SNSM s'est ensuite couché, de l'eau est rentré dans le moteur et dans les circuits électriques "ce qui a fait que le bateau n'était plus manoeuvrant", a dit M. De la Gorce.
Trois des sept sauveteurs, éjectés de la vedette, ont réussi à rejoindre la côte située à 200 mètres. Un quatrième, coincé à l'intérieur a été secouru et est toujours en observation à l'hôpital.
Mais trois sauveteurs ont eux été "pris au piège: les brassières de sécurité se sont gonflées et ça les a plaqués au plafond".
Naufrage d'un bateau de la SNSM : "On savait qu'on allait se noyer", témoigne David, un sauveteur rescapéhttps://t.co/b3n9FyP0bq pic.twitter.com/4q0JhGcfxI
— franceinfo (@franceinfo) 8 juin 2019
Le canot de la SNSM, qui est auto-redressable, a pu se redresser deux fois mais pas une troisième fois en raison de l'importance de l'eau à bord.
► Le témoignage de deux sauveteurs en mer en rescapés, Christophe Monnereau, président de la SNSM des Sables-d'Olonne et David Brossard, plongeur du bateau
Une enquête ouverte par le parquet
Les recherches menées pour retrouver le marin pêcheur, suspendues à 20 heures vendredi soir, ne reprendront pas, a précisé la préfecture maritime de l'atlantique. Le disparu, un marin avisé, est un retraité originaire des Sables-d'Olonne qui pêchait la crevette pour compléter sa retraite, a précisé le maire de la ville, Yannick Moreau (LR).
Le président de la SNSM a regretté la sortie en mer du chalutier alors que la tempête Miguel secouait la façade Atlantique. "Il n'est pas pertinent qu'un pêcheur parte tout seul sur un bateau de 12 m par un temps pareil".
Ce drame suscite aussi la colère du maire LR des Sables-d'Olonne, Yannick Moreau, qui a jugé "irresponsable" le comportement du pêcheur. "J'espère que l'enquête permettra d'en savoir plus", a-t-il déclaré. "J'espère que l'on réfléchira à l'avenir sur la question de sortir à la mer quelles que soient les conditions. La question qui se pose est de savoir si la règle est bonne et s'il doit y avoir une règle qui puisse interdire les sorties en mer", a-t-il ajouté.
Le parquet a ouvert une enquête en recherche des causes de la mort, a déclaré Carine Halley, procureure des Sables-d'Olonne.