C'est le projet porté par le maire des Sables d'Olonne, Yannick Moreau. Faire inscrire le sauvetage en mer à l'Inventaire National du Patrimoine Culturel Immatériel, puis, dans un second temps, solliciter une inscription au Patrimoine Mondial.
Yannick Moreau, le maire des Sables d'Olonne, a demandé rendez-vous à la Ministre de la Culture, Rachida Dati. Il souhaite défendre l'idée d'une inscription du sauvetage en mer, tel que le pratique la SNSM, au patrimoine culturel immatériel national. A moins d'un mois du départ du Vendée Globe (dimanche 10 novembre), l'élu de la station balnéaire vendéenne souhaite-t-il profiter de l'aura médiatique de la course en solitaire autour du monde pour appuyer sa demande ou augmenter encore la visibilité de sa ville ?
Un dramatique naufrage
S'il s'agit d'une "labellisation" nationale, voire internationale, la démarche part cependant d'une cité dont l'histoire a été marquée par les bénévoles de la SNSM.
"Des générations de Sablais s'engagent courageusement dans notre station SNSM, depuis près de 160 ans, argumente Yannick Moreau. Les Sablais ont été meurtris par un dramatique naufrage qui a donné naissance à une solidarité et à un respect infini."
Yannick Moreau fait ici référence à ce drame qui avait fait trois morts parmi l'équipe SNSM des Sables d'Olonne partie au secours d'un pêcheur en pleine tempête Miguel, en juin 2019.
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"Notre Ville prend cette initiative qu'elle défendra de tout son double cœur vendéen, au nom de tous les sauveteurs, de toutes les stations de France, ajoute le maire des Sables d'Olonne. Le sauvetage en mer est universel. Ce sont des valeurs qui rassemblent les hommes. Des pratiques qui se transmettent de génération en génération. Des histoires qui marquent l'identité de nos villes littorales. Un patrimoine qui vit et se perpétue depuis des siècles.
"C'est une très belle initiative"
"On a eu une première réunion où ça nous a été annoncé, une prochaine doit avoir lieu fin octobre, confirme le président de la SNSM des Sables d'Olonne, Christophe Monnereau. C'est une très belle initiative. Tant mieux. Ça va apporter, peut-être, un peu plus de reconnaissance de la France vis-à-vis du sauvetage en mer. En France, le sauvetage en mer se fait par une association, nous sommes des bénévoles. La priorité, c'est le sauvetage de la vie humaine et, en second, des biens matériels."
Contactée, la SNSM voisine de Loire-Atlantique dit ne pas être au courant de cette démarche et ne peut réagir par conséquent à cette initiative.
Au siège national de la SNSM, on ne commente pas plus que ça non plus cette démarche. "C'est encore trop tôt" nous a-t-on dit. Rendez-vous nous a été donné pour en parler, en 2025, année du bicentenaire du sauvetage en mer en France et qui donnera lieu à diverses animations.
30 000 personnes secourues ou soignées
Cette "reconnaissance" que Christophe Monnereau appelle de ses vœux, pourrait aussi motiver quelques vocations. Car la SNSM a parfois du mal à recruter. Si les stations proches de grandes villes trouvent plus facilement de quoi composer leurs équipes, pour celles plus isolées, c'est plus compliqué. Il y a aussi l'obligation, pour les sauveteurs susceptibles d'être appelés, de résider à moins de 20 minutes de la station SNSM. Pas simple d'habiter près du littoral quand on réside dans une station balnéaire où l'immobilier est cher.
La SNSM, ce sont 208 stations en France métropolitaine et en outremers, et 11 000 bénévoles. On estime que, chaque année, 30 000 personnes sont secourues en mer ou sur les plages (un tiers des plages françaises est surveillé par les bénévoles de la SNSM).
Une convention en 2003
Le PCI ou Patrimoine Culturel Immatériel, c'est une liste de pratiques, de rituels, de savoir-faire encore vivants qui sont reconnus comme faisant partie de la culture d'une communauté.
En 2003, afin de participer à la sauvegarde et au rayonnement de ce patrimoine culturel, l'Unesco a établi une convention définissant ce qui peut être reconnu comme patrimoine culturel, qu'il s'agisse, d'art, de spectacle, de traditions orales, de connaissance sur la nature, ou encore de savoir-faire artisanaux.
Reste à savoir si la pratique du sauvetage en mer peut entrer dans l'une de ces catégories.
La baguette de pain, le fest-noz...
La première étape étant d'obtenir l'inscription comme bien patrimonial français pour pouvoir, ensuite, candidater au niveau mondial. La procédure peut prendre deux ans.
Depuis 2006 que la France a ratifié la convention, plusieurs de ses savoir-faire ou de ses coutumes ont été inscrits au patrimoine immatériel de l'Humanité, comme la tapisserie d'Aubusson en 2009, le repas gastronomique en 2010, le fest-noz en 2012, le carnaval de Granville en 2016, ou encore la baguette de pain en 2022 !
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