Le métier d’assistant familial traverse une grave crise des vocations. Un métier difficile, peu connu, et pourtant très valorisant, comme en témoigne Yves Mabon, qui s’est reconverti assistant familial depuis seize ans. Un métier truffé de petits bonheurs, de périodes de doutes, de détresse, et de grandes victoires.
“On se souvient toujours du premier. Mickaël* est resté treize ans. Ça marque forcément une carrière, une famille. Et puis c’est avec lui aussi que j’ai appris le métier” explique Yves Mabon, 57 ans.
Cet ancien moniteur d’auto-école ne se retrouvait plus dans son métier. Il participe à l’époque à une réunion d’information sur le métier d’assistant familial et trouve sa nouvelle vocation.
Depuis seize ans qu’il exerce la profession, Yves a accueilli une douzaine d’enfants. “Des enfants qui sont en difficulté familiale. Je travaille pour la protection de l’enfance. Ce sont des enfants qui ont été retirés à leur famille par décision judiciaire. Je dois leur apporter une sécurité, un endroit dans lequel ils se sentent bien et peuvent s’épanouir, ce qui n’était pas le cas dans leur famille”.
Comme Yves, 600 personnes exercent le métier d’assistant familial en Loire-Atlantique, un maillon essentiel de la protection de l’enfance, mais qui connaît une crise des vocations. Dans ce département, fin 2022, 6 600 enfants faisaient l’objet d’une mesure en protection de l’enfance, dont environ la moitié confiés. Un chiffre en forte augmentation.
S’il n’est pas forcément socialement valorisant, parce qu’il n’est pas très reconnu, c’est un métier qui, personnellement l’est énormément
Yves Mabonassistant familial
Le plus important est de savoir séparer la vie professionnelle de la vie personnelle. “C’est vraiment la partie la plus difficile. Si on n’a pas quelqu’un, un conjoint, des enfants, des collègues éducateurs ou autres, avec lesquels on échange régulièrement, qui viennent nous dire : “attention, là tu vas trop loin, ce n’est pas ton rôle de faire ça”, on peut très vite aller dans le mur” reconnaît Yves.
Un parcours peut être difficile. “Mickaël, je suis allé le chercher plusieurs fois à l’école parce qu’il explosait. Il pouvait soulever une table, la balancer. J’étais le seul à pouvoir le calmer. C’est aussi gérer une fugue par exemple. La première, ça fait bizarre. On ne sait pas trop comment réagir. Certes, je travaille seul à mon domicile, mais on a aussi toute une équipe autour de nous : référents, éducateurs, psychologues, chefs de service. Si la fugue arrive un week-end, un cadre de permanence est là pour nous expliquer la marche à suivre”.
Aujourd’hui Mickaël a intégré une formation dans le domaine du sport. “C’est un vrai plaisir de le voir prendre sa vie et ses études en main. Et même si un jeune qu’on accueille part, et on sait que ça ne va pas trop bien, j’ai toujours à l’idée qu’il prendra forcément des choses chez nous pour rebondir et faire sa vie”.
Pour en savoir en plus et engager une démarche d’agrément: https://loire-atlantique.fr/assistants-familiaux
*Nous avons modifié le prénom de l’enfant
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