Vingt ans après, qu'est-ce qui a changé depuis le naufrage du pétrolier Erika ?

Le pétrolier Erika s'est échoué au large des côtes bretonnes le 12 décembre 1999. Vingt ans après, ce naufrage a modifié le cours des choses au niveau logistique, juridique et financier.

Il y a un avant et un après Erika. Parti de Dunkerque, le pétrolier se brise au large des côtes bretonnes le 12 décembre 1999. Une dizaine de jours plus tard, les premières galettes de fioul touchent les premières côtes du Finistère. Et petit à petit, le pétrole souille les côtes de Loire-Atlantique.
 

Des techniques de nettoyage améliorées ?


Les images paraissent impensables aujourd'hui : des bénévoles qui ramassent presque à mains nues les galettes de mazout. Impensables, car les techniques de nettoyages ont été améliorées. Fini par exemple le recours à l'eau chaude qui fixe en fait le mazout sur les rochers et rendait encore plus difficile le nettoyage. En somme, plus de précaution et d'efficacité.

Entre 150 000 et 300 000 oiseaux avaient péri lors de cette marée noire et les structures de soin avaient été submergées. Les choses se passeraient d'une autre manière aujourd'hui.

 
 

Arsenal juridique 


La marée noire n'a pas été sans conséquence pour les communes, également touchées. Des maires désemparés et sans solutions face au sinistre. Ces derniers se sont alors tournés vers la justice, portant plainte contre Total et demandant réparation. Le groupe pétrolier a indemnisé dès 1999 les communes pour les frais engagés : tractopelle, karcher...

A Mesquer, il a fallu plus d'une année et près d'un million d'euros pour enlever l'épais tapis noir des rochers et dissiper les traces de l'Erika. Le maire Jean-Pierre Bernard s'est ensuite retrouvé dans une bataille judiciaire de plus de huit ans qui aboutira rn 2008 à la condamnation du pétrolier et la reconnaissance du préjudice écologique. C'est la grande avancée du procès Erika, qui permet désormais de prendre en compte les dommages sur l'environnement dans le calcul des indemnisations.
 
"Tout le monde pensait que je voulais beaucoup d'argent. Ce n'était pas le but. Le but, c'était de récupérer un maximum de ce qui nous avait coûté et surtout d'aller de l'avant de façon à ce que cela ne se reproduise pas", assure Jean-Pierre Bernard. En 2011, Mesquer a touché 713 000 euros d'indemnités.

C'est 9 000 euros de plus que Le Croisic (704 000 €) également touchés en 2011. Les travaux liées à la catastrophe sont terminés depuis longtemps. La somme a servi pour d'autres dépenses. "Cet argent nous a servi pour la réfection de certaines rues, la création de chemins pour des personnes à mobilité réduite et dans l'investissement de matériel comme des balayeuses ou tracteurs", déclare Clauder Decker, adjoint à l'environnement au Croisic. Mais ces 704 000 euros sont loin de compenser les plus de 2 millions dépensés par Le Croisic après Erika.
 

Des chances de revivre une telle catastrophe ?


Il est moins probable de revivre une catastrophe de cette ampleur aujourd'hui. Déjà car les contrôles de sécurité sont très présents en France : 12 000 par an. Ensuite, le pétrolier n'était doté que d'une simple coque. Mais au-delà du fait qu'une double coque est désormais obligatoire pour ce type de bateaux, ce pétrolier n'aurait jamais dû naviguer : inspecté à sept reprises depuis 1996, il souffrait de onze défaillances selon un contrôle effectué en Norvège en 1998.

Moins probable de voir pareille catastrophe également, car les méthodes de surveillance et de localisation des bateaux se sont intensifiés. Enfin, les sanctions sont plus sévères. Les amendes encourues par les pollueurs ont été multipliées par 15 depuis 1999.

Enfin avec la création d’une agence européenne de sécurité maritime ou le renforcement du contrôle des navires étrangers dans les ports européens, moins de chances que cela se produise.
 

Fin de partie pour les marées noires ? 


Non. Si la situation s'est très largement améliorée entre les années 1980 (25 marées noires par an) à aujourd'hui (seulement 2), le phénomène s'est amoindri, pas dissipé. Une marée noire sans précédent a touché quelque 200 plages au Brésil en juillet 2019, et bloque toujours les pêcheurs et poissonniers dans leur activité.

 
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