Festival du film d'aventure de La Rochelle : le triomphe des militaires de haute montagne

Les six alpinistes du Groupe Militaire de Haute Montagne de Chamonix ont remporté deux prix pour leur film. "Sur le fil de Darwin" raconte leur traversée de la cordillère de Darwin, en Terre de Feu. Cette expédition était jusque-là réputée impossible.

Grand Prix du Jury et Grand prix du Public. 
Le Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) basé à Chamonix a remporté un triomphe à l'occasion du dixième Festival du film d'Aventure de la Rochelle en cumulant deux des plus prestigieuses récompenses pour son film "Sur le fil de Darwin". 

Long métrage de 90 minutes sur une expédition unique, "Sur le fil de Darwin" raconte, avec des images stupéfiantes, le périple de trente jours des six hommes du GMHM sur cette queue australe de la cordillère des Andes, l'une des dernières terra incognita de la planète. 

Bande annonce SUR LE FIL DE DARWIN - ©2013 VICTORIMAGE : GMHM from VICTORIMAGE on Vimeo.

Champs de mines de séracs instables

Jamais parcourue dans sa totalité par l'homme, la cordillère Darwin a donc été vaincue pour la première fois en 2011. Héros de cette épopée: le capitaine Lionel Albrieux, 40 ans, son second, le lieutenant Didier Jourdain, 37 ans, l'adjudant-chef Sébastien Bohin, 38 ans, le sergent-chef François Savary, 38 ans, Dimitri Munoz (grimpeur civil du GMHM), 38 ans, et le caporal Sébastien Ratel, 25 ans.

Dans des conditions dantesques -vents de tempête, violentes chutes de neige et brouillard, champs de mines de séracs instables et de crevasses profondes, avalanches- les six hommes du GMHM ont réussi là où de nombreuses expéditions internationales avaient échoué : traverser de part en part la petite cordillère Darwin, entre le détroit de Magellan et le canal Beagle, 130 km à vol d'oiseau de sommets et glaciers mal cartographiés.
Cette cordillère qui porte son nom, avait été découverte par l'auteur de la "Théorie de l'évolution des espèces" en 1832, lors de son tour du monde à bord du Beagle. Réalisé par Jeanne Delasnerie et Jean-François Didelot à partir des images tournées par les alpinistes-explorateurs, le film montre les six hommes constamment encordés, gros sacs sur le dos et tractant des pulkas (traîneaux) bourrées chacune de 75 kg de matériel, à l'assaut de murs de neige et de glace quasi infranchissables.

"Etre les premiers hommes à poser le pied sur des terres inconnues, au-dessus d'une mer de nuage, procure une indescriptible émotion"

a confié à l'AFP le capitaine Lionel Albrieux, depuis 10 ans au GMHM avec plus de quinze missions sur les plus hauts et difficiles sommets du monde et sur tous les continents. "Cette expédition est et restera pour nous une aventure unique, dans un contexte sans équivalent, avec des difficultés jamais rencontrées ailleurs dans le monde, que nous sommes parvenus à surmonter grâce au caractère indéfectiblement soudé de notre groupe", a souligné le chef d'expédition.

Lors de la cérémonie de remise des récompenses, la présidente du jury du festival du film d'aventures, la navigatrice Isabelle Autissier, a exprimé son admiration : "Quand je naviguais dans les canaux de Patagonie et que je levais la tête vers les sommets de la cordillère Darwin noyés dans la neige et le brouillard, je me disais, personne ne pourra jamais monter là-haut. Ils l'ont fait !".

Festival des records

A la Rochelle, seize films étaient en compétition, tournés sur terre, mer ou dans les airs, témoignages d'expéditions un peu partout dans le monde.
Un record d'entrées a été enregistré avec quelque 15.000 spectateurs, contre 2004 lors de sa création.