PIP: un procès hors normes, qui ne répondra pas à toutes les questions

Du 17 avril au 17 mai, cinq dirigeants de la société varoise Poly Implant Prothèse (PIP) comparaîtront à Marseille pour tromperie aggravée et escroquerie, après avoir fourni des implants remplis d'un gel "maison" non conforme.

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Ce scandale au retentissement international, pose des questions sur les règles en matière de contrôle, et un procès qui laisse déjà, avant même son ouverture, certaines victimes sur leur faim. A Marseille, 5.127 porteuses, des Françaises pour la plupart, ont porté plainte.



En France, tout commence en mars 2010, après une inspection de l'Afssaps, alertée par des chirurgiens sur des taux de rupture anormalement élevés.

PIP est alors en procédure de sauvegarde, depuis mai 2009, mise en difficulté financière par des procédures aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Dès 2000, les autorités américaines avaient tiré la sonnette d'alarme après une visite de l'usine. Dix ans plus tard, les gendarmes découvrent dans la cour un camion d'huile de silicone non conforme. L'enquête révèle que PIP truque comptes et matériel à chaque annonce de la venue du certificateur, l'Allemand TÜV, chargé d'apposer le marquage CE.


Le gel frauduleux coûtait dix fois moins que le gel déclaré Nusil: une économie annuelle de plus d'un million d'euros. En garde à vue, Jean-Claude Mas l'admet tout de go: 75% des implants sont remplis avec un produit maison. "Je l'ai sciemment fait car le gel PIP était moins cher". Pour l'ex-VRP, il n'est en outre pas nocif. "Les victimes, elles ne déposent plainte que pour recevoir de l'argent".
Des tests montrent pourtant que le gel "modifie la durée de vie des prothèses", "occasionne des douleurs inflammatoires", des réactions au silicone, d'origine industrielle.

En France, seul grand pays à rembourser les retraits, la moitié des femmes se sont fait retirer leurs implants, dont 10.000 à titre préventif. Sans que rien n'indique un risque accru de cancer, précisent les pouvoirs publics, qui via l'Inserm doivent lancer une enquête sur 10 ans sur les conséquences médicales.



La frustration des victimes

Une information judiciaire pour blessures involontaires est ouverte contre X à Marseille depuis 2011. Mas et ses quatre ex-collaborateurs sont mis en examen, mais l'enquête s'annonce longue.

En attendant, au procès pour tromperie, les victimes expriment déjà leur frustration, regrettant que l'instruction financière sur les éventuels avoirs de Mas à l'étranger ne soit pas jointe. Un choix du parquet qui, en dissociant les volets judiciaires, souhaitait un premier procès rapidement. Pour certains, il manque aussi du monde sur le banc des prévenus, notamment TÜV (partie civile), ou même l'ANSM. L'enjeu est l'indemnisation des victimes, sur fond d'insolvabilité des prévenus.

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