Deux ans après l'assassinat d'Agnès Dupont de Ligonnès et de ses quatre enfants à Nantes, de nouvelles fouilles ont eu lieu jeudi, en vain, dans le massif des Maures afin de localiser son mari, Xavier, considéré comme le principal suspect. Les recherches ne reprendront pas demain.
Une cinquantaine de personnes - enquêteurs des polices judiciaires (PJ) de Nantes et de Toulon, gendarmes du Var et pompiers - se sont déployées en début de matinée entre La Garde-Freinet et Les Mayons, au sud de Draguignan (Var). Parmi elles, une dizaine de pompiers d'un Grimp (Groupe de reconnaissance et d'intervention en milieu périlleux), chargés d'explorer cavités, puits, grottes et mines, de plomb notamment, désaffectées.
Le dispositif des fouilles, dirigées par Robert Tchalian, le juge nantais qui instruit l'affaire, a été levé peu après 18h00. Le procureur de Nantes, Brigitte Lamy, a confirmé que les recherches, qui devaient durer initialement deux jours, "sont terminées et ne reprendront pas demain".
Secteur très difficile d'accès
"Le secteur déterminé par le juge d'instruction a été exploré. Aucun corps n'a été découvert", a précisé la magistrate dans un communiqué reçu à 18h30. Cette zone large de deux hectares, boisée et constituée de maquis, dans le massif des Maures, est très difficile d'accès. Des repérages y avaient été effectués il y a deux semaines par les enquêteurs.Sous le soleil, les gendarmes ont empêché la dizaine de journalistes d'accéder aux trois pistes de terre menant à la zone de recherches. Dans les années 1990, la famille Dupont de Ligonnès avait habité non loin, à Lorgues (Var).
A ce même endroit, le corps sans tête d'une des victimes de la tuerie d'Auriol (Bouches-du-Rhône) avait été retrouvé en 2009, ont précisé les secours. En juillet 1981, dans cette commune proche de Marseille, un commando de cinq hommes, tous membres du Service d'action civique (SAC, service d'ordre du mouvement gaulliste,), avait fait irruption dans la villa d'un ancien responsable de cette organisation, qu'il avait assassiné, ainsi que cinq membres de sa famille.
Le 21 avril 2011, les corps d'Agnès Dupont de Ligonnès et de ses quatre enfants, âgés de 13 à 20 ans, tués de plusieurs balles de 22 Long Rifle, avaient été retrouvés dans la maison familiale à Nantes. Les enquêteurs avaient rapidement découvert que le père de famille, désigné comme le principal suspect, avait six jours d'avance sur eux. Le 15 avril, Xavier Dupont de Ligonnès avait en effet été vu sortant de l'hôtel Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens, avec un sac à dos et un objet long, laissant penser qu'il s'agissait d'une carabine.
Toujours aucune trace
Depuis, après deux années d'enquête, aucune trace de cet homme de 50 ans à l'époque n'a été retrouvée, en dépit d'un mandat d'arrêt international, de plus de 700 signalements et plus de 2.000 procès-verbaux d'audition et d'investigations. La thèse du suicide a très tôt été évoquée par le parquet de Nantes, mais l'absence de corps n'a pas permis de l'attester formellement jusqu'à présent. Comme son prédécesseur, Xavier Ronsin, Mme Lamy ne remet pas en cause le statut de principal suspect de "XDDL" ainsi que l'ont surnommé les familiers de l'enquête, et pense aussi qu'il s'est sans doute suicidé. "Oui c'est une conviction mais on en sera sûrs le jour où on découvrira son corps...", soulignait elle en mars 2013. Pour Mme Lamy, les issues possibles d'une telle enquête à terme sont, soit un non lieu "mais il faudrait qu'on soit sûrs de la mort du principal suspect et qu'on n'ait pas d'éléments contre d'autres personnes", soit, encore plus hypothétiquement, un procès "par défaut" de "XDDL". La dernière campagne de fouilles dans le Var avait eu lieu fin juin 2011 sur 20 km, dans les hauteurs de Roquebrune-sur-Argens, à plusieurs dizaines de kilomètres de la zone explorée jeudi, et mobilisant une centaine de personnes.