Médicaments mal conditionnés: enquête à Marseille après le décès d'un nonagénaire

Une enquête judiciaire a été ouverte à Marseille après le décès, samedi soir, d'un nonagénaire, qui pourrait être consécutif à la non-prise du diurétique Furosémide, un médicament du laboratoire Teva dont une boîte entamée et pouvant contenir à la place un somnifère a été retrouvée à son domicile.

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Un oedème pulmonaire aigu

D'après les déclarations de l'infirmière qui lui administrait ce médicament deux fois par jour en raison d'une insuffisance cardiaque grave, "il semblerait que l'une des boîtes d'un lot mal conditionné", pouvant contenir non pas le diurétique mais un somnifère, ait été utilisée depuis une semaine, a précisé le procureur de la République à Marseille, Jacques Dallest. "Cette non-prise du bon comprimé peut être à l'origine de l'oedème", a relevé M. Dallest. Les résultats de l'autopsie pratiquée dimanche ont confirmé que cet homme âgé était décédé d'un oedème pulmonaire aigu. Seuls les examens toxicologiques pratiqués dans les prochains jours, qui détermineront les substances contenues dans le sang et les tissus de la victime, et l'examen de son dossier médical, pourront désormais orienter l'enquête, ouverte pour "recherche des causes de la mort" par le pôle santé publique du parquet de Marseille. "S'il le faut, le parquet ouvrira une information judiciaire pour homicide involontaire mais pour l'instant, il faut être prudent", a souligné M. Dallest, rappelant l'état de santé "très dégradé" et "l'âge avancé" de ce retraité de 91 ans, retrouvé mort dans sa maison du quartier du Roucas Blanc.

 
Depuis un peu plus d'un an, le nonagénaire, qui avait également du cholestérol, prenait ce diurétique deux fois par jour. Son ordonnance de Furosémide (spécialité générique du Lasilix) lui avait été renouvelée le 2 juin. Les diurétiques sont prescrits dans des cas d'hypertension artérielle et d'oedèmes d'origine cardiaque, rénale ou hépatique, l'arrêt brutal du traitement présentant des risques avérés. L'infirmière a expliqué aux enquêteurs de la sûreté départementale des Bouches-du-Rhône avoir été appelée samedi par le pharmacien, qui l'a prévenue de l'existence d'un lot mal conditionné pouvant contenir un somnifère au lieu du produit souhaité. Vendredi, l'Agence du médicament (ANSM) avait alerté sur une procédure de rappel concernant deux lots de ce diurétique du groupe israélien Teva, leader mondial des génériques, coté à la Bourse de New York. "A la suite d'un problème de conditionnement de boîtes de Furosémide Teva 40 mg, médicament diurétique, certains comprimés ont pu être remplacés par des comprimés d'un somnifère (Zopiclone également appelé Imovane)", avait averti l'ANSM. Plusieurs boîtes de Furosémide ont été retrouvées chez le nonagénaire marseillais, qui vivait seul. "Parmi celles ouvertes, une appartenait au fameux lot mal conditionné", a souligné M. Dallest.


Enquête dans l'usine lundi

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé qu'une enquête allait être menée dès lundi dans l'usine de conditionnement de Teva, située à Sens (Yonne), assurant que la "chaîne d'alerte mise en place (avait) bien fonctionné". "Tous les lots concernés ont été retirés du marché dès vendredi après-midi", a ajouté la ministre, après l'alerte donnée par un pharmacien, surpris de constater "des effets de somnolence inhabituels" chez une de ses clientes. Dans les trois boîtes ramenées par cette patiente, "il y avait deux somnifères sur un total de 90 comprimés", a précisé dimanche soir Philippe Vella, directeur des médicaments génériques à l'ANSM. Parallèlement au communiqué de l'Agence du médicament, Teva avait annoncé vendredi le lancement de la procédure de rappel après "la découverte de comprimés d'un autre médicament (somnifère) dans une boîte" du diurétique. Deux lots sont concernés. Il s'agit des lots Y175 (date d'expiration: 08/2015) et Y176 (date d'expiration: 08/2015), soit "95.000 boîtes par lot", avait précisé l'Agence du médicament. Selon un porte-parole de Teva, l'erreur de conditionnement concerne seulement "quelques dizaines de boîtes".

Un numéro vert : 0800.51.34.11

Concernant les causes de cette erreur, "aucune piste n'est exclue, ces médicaments ayant été conditionnés sur des lignes différentes à plusieurs semaines d'intervalle", a indiqué le groupe. "A ce jour, aucune raison industrielle à cette erreur n'a été trouvée". L'ANSM, qui a mis en place un numéro vert (0800.51.34.11), avait invité vendredi les patients traités au Furosémide portant les numéros de ces deux lots à rapporter leurs boîtes à leur pharmacien.

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