Le directeur de la rédaction de La Provence, Olivier Mazerolle, s'est inquiété jeudi de la saisie envisagée par la justice des parts de Bernard Tapie dans le Groupe Hersant Média, craignant pour le développement du quotidien, tandis que les journalistes en appelaient à la famille Hersant.
L'édito du directeur de la rédaction
"Il est légitime que l'Etat prenne ses précautions. Mais pas au détriment d'entreprises qui ne sont pas parties prenantes dans cette affaire", écrit M. Mazerolle dans un éditorial intitulé "A nos lecteurs". Ces entreprises emploient 2.000 salariés, précise-t-il. "Jusqu'à quel point est-il désormais interdit à Bernard Tapie d'investir dans les journaux dont il est le copropriétaire ? Voilà une question qui reste sans réponse officielle de la part des magistrats. Cette situation suscite une inquiétude que chacun comprendra", poursuit le chef de la la rédaction."Nous souhaitons que l'actionnaire ne soit pas empêché de fournir à La Provence les subsides dont elle a besoin pour son développement", conclut-il, avant d'assurer que "dans l'immédiat, elle n'est pas menacée".
Dans un communiqué, le Syndicat national des journalistes (SNJ) "regrette que, dans cet éditorial, seul Bernard Tapie soit évoqué", rappelant que la famille Hersant est elle aussi "co actionnaire" de La Provence "et à ce titre, tout aussi redevable de ses obligations en terme d'investissements".
La position de la Société des journalistes
Même discours du côté de la rédaction. "L'entrée dans le capital de GHM de Bernard Tapie ayant permis au groupe d'éponger ses dettes auprès des banques à hauteur de 170 millions d'euros, nous ne pouvons imaginer que Philippe Hersant, désormais à la tête d'un groupe sain, ne vienne pas en aide à ses salariés en cas de besoin de trésorerie", souligne la Société des journalistes (SDJ). Parmi les journalistes, on affirme qu'"on ne veut pas servir de boucliers humains" à M. Tapie qui, mercredi soir, a brandi à la télévision le risque de voir "3.000 personnes au chômage".Mercredi, les syndicats du groupe Nice-Matin, également repris fin 2012 par l'homme d'affaires avec la famille Hersant, avaient estimé qu'une telle saisie - pas encore effective jeudi - hypothèquerait l'avenir des quotidiens du sud-est de GHM (La Provence, Nice-Matin, Var-Matin, Corse-Matin) et avaient appelé MM. Tapie et Hersant à vendre leurs titres. "Si dans trois mois, aucun projet industriel n'est présenté, comme cela avait été promis par M. Tapie lorsqu'il était venu voir les salariés au siège, l'entreprise risque de se retrouver en très grande difficulté", a estimé Gérard Pitocchi, ouvrier du livre et délégué syndical CGT à Nice-Matin.