"C'est un coup de massue", admettait lundi, après le choc du 1er tour de l'élection cantonale, le maire (PCF) de Brignoles où un front républicain s'organisait pour tenter de mobiliser les abstentionnistes et soutenir la candidate UMP opposée au second tour au candidat du Front national.
Au lendemain de l'élimination de la gauche dans un canton qui avait vu la victoire du FN en 2011, puis celle du PCF en 2012, les états-majors des partis s'affairent pour préparer le deuxième tour, dans leurs permanences de Brignoles, où la population se montre très discrète en ce lundi, jour de fermeture des commerces.
Le maire communiste "sonné" :
"C'est de notre faute, nous n'avons pas réussi à faire l'union", analyse, amer, le maire Claude Gilardo, qui avait arraché ce canton au FN, avec 13 petites voix d'avance, lors de l'élection de 2012.
"L'an dernier, le score était exactement inverse avec 40% en ma faveur", explique-t-il.
L'élu communiste, qui souhaitait "passer la main" en raison de son âge, 78 ans, était alors le seul candidat de gauche.
Cette année "avec deux candidats à gauche, il était évident que nous allions à l'échec", dit-il.
Pour La candidate EELV, c'est la faute à la division de la gauche
La candidate EELV, Magda Igyarto-Arnoult, éliminée dès le premier tour (8,9%) comme le communiste Laurent Carratala (14,6%), regrette elle aussi que la gauche soit "partie divisée", à cause d'un PCF qui a présenté selon elle son candidat "sans aucune discussion" avec ses alliés de gauches, PS et EELV.
"C'est un tsunami", commente-t-elle, en refusant la responsabilité de la défaite que lui font porter certains responsables nationaux. Au contraire, argumente-t-elle, "le national porte une lourde responsabilité dans la déstabilisation de l'électorat de gauche", avec un PS appelant à voter communiste au niveau national et un PS local soutenant sa candidature à elle.
M. Gilardo estime au contraire que Paris n'est pas responsable: "c'est notre faute", répète-t-il, admettant que le résultat de ce premier tour est une "sanction". Un responsable socialiste local fait la même analyse: "La gauche locale s'est trompée en présentant plusieurs candidats, elle est collectivement responsable de cette débâcle".
Tous relativisent cependant le score du FN, "qui ne fait pas plus de voix que l'année dernière", et font de l'abstention la raison principale de la défaite.
'Même pas au courant qu'il y avait des élections". Avec une gauche divisée, "on a donné aux gens toutes les raisons de ne pas aller voter", se désole le responsable PS.
La chasse à l'abstentionniste est ouverte
Le scrutin a de fait été marqué par une forte abstention de 66,65% (contre 56,86% et 61,89% lors des précédentes élections de 2011 et 2012).Eliminés, les candidats UDI, PCF et Verts appellent, comme leurs états-majors parisiens, à se mobiliser en faveur de la candidate UMP, Catherine Delzers, arrivée deuxième (20,8%).
Le dissident FN Jean-Paul Dispard (9,1%) a fait de même, prenant le contre-pied du Parti de la France sous l'étiquette duquel il se présentait.
Catherine Delzers (UMP) déterminée à se battre
Femme d'entreprise, nouvelle venue en politique, Mme Delzers voit dans le résultat de dimanche "un problème local d'une difficulté à identifier des nouvelles personnes susceptibles de porter l'avenir de ce territoire".
Pour le deuxième tour, elle se dit "déterminée à se battre", mais elle nuance le raz-de-marée constatant qu'il a pas eu la "vague annoncée", le score s'expliquant selon elle par l'abstentation massive.
Laurent Lopez (FN) espère les voix de...gauche
Son adversaire frontiste, Laurent Lopez, arrivé en tête (40,4%), est lui aussi reparti à la pêche aux voix, en invitant "les vrais patriotes de droite et de gauche à (le) rejoindre".
Pour le 2ème tour, le 13 octobre, il s'est dit "certain" que même des électeurs de gauche allaient voter pour lui "car les gens tirent les leçons des trahisons successives de l'UMP et du PS".
La population désorientée, désabusée
Dans la rue les rares passants croisés restaient assez désabusés. "Ca fait 3 fois (en deux ans, ndlr) qu'on vote, on était un peu fatigués, après on s'appuie sur la situation générale" en France, expliquait Marcel.
"J'étais même pas au courant qu'il y avait des élections. Oui, je fais partie des abstentionnistes", renchérissait Mireille, qui en est fière.