Les inondations dans le Var, un phénomène naturel amplifié par l'homme

Les inondations qui ont touché le département du Var dimanche, loin d'être d'exceptionnelles, sont liées à des phénomènes météorologiques intenses, mais assez fréquents en Méditerranée, dont les conséquences sont amplifiées par l'aménagement du territoire par l'homme.

En 48 heures, les cumuls de pluies mesurés sur ce département ont été "généralement compris entre 80 et 160 mm" avec des pointes "entre Hyères et Le Lavandou, de 150 à 200 mm", ont indiqué les autorités lundi.
"On est sur un épisode de deux jours et qui arrive sur des sols saturés, qui ont accumulé beaucoup de pluie", décrit le chef prévisionniste de Météo-France, René
Jourdan  "En un point donné, à Collobrière par exemple, nous sommes dans l'ordre de grandeur d'un phénomène qui a lieu tous les 20 ans environ", souligne-t-il.

"Ce n'est pas un phénomène (climatique) rare sur la côte méditerranéenne. Dans les années 2000 à 2008, il y a eu plusieurs épisodes dans le Languedoc, notamment dans le Gard", précise-t-il également.

Loin de la catastrophe de Draguignan


Cette pluviométrie reste également loin de celle atteinte les 15 au 16 juin 2010 autour de Draguignan (Var): sur un territoire de 40 à 50 km2 était tombés en 20 heures plus de 300 mm (300 litres d'eau par m2) en moyenne avec une pointe à 400 mm aux Arcs.
Pourquoi, alors, le phénomène a-t-il été aussi destructeur à La-Londe-les-Maures près d'Hyères, où une vague a submergé un quartier, faisant un mort? C'est "l'effet amplificateur du bassin versant" de la rivière Maravenne, explique le responsable du service de prévention des crues méditerranéennes à Météo-France, André Martin. "Le ruissellement, sur un bassin versant très réduit, de l'ordre de 70 km2", explique en partie "ces conséquences relativement catastrophiques", indique-t-il encore.
Là encore, ce phénomène est cependant "tout à fait typique" sur le bassin méditerranéen, souligne-t-il, citant l'exemple d'un autre cours d'eau à petit bassin versant, le Préconil, qui avait le 18 septembre 2009 débordé de manière identique.


Territoire remodelé par l'homme

Mais, comme le rappelle un rapport sénatorial de septembre 2012, qui s'était penché sur les deux derniers importants épisodes de crues dans le département, celui de juin 2010, qui avait fait 23 morts et deux disparus, et celui de novembre 2011, l'homme est également responsable des conséquences de ces phénomènes.
"À strictement parler, les inondations et leurs conséquences ne sont pas des catastrophes +naturelles+. En effet, si le fait déclencheur est bien un phénomène météorologique, parfois hors norme (...), il s'applique à un territoire de longue date remodelé par l'homme ce qui en diminue ou en aggrave les conséquences", expliquaient les sénateurs dans leur rapport.

"La catastrophe résulte d'un enchevêtrement de causes naturelles et humaines aboutissant à une situation de crise, à laquelle la société humaine se sera localement plus ou moins bien préparée", écrivaient-ils encore.

Les parlementaires, tout comme les associations de victimes, pointent en particulier du doigt l'urbanisation extrêmement rapide ces dernières décennies, qui a en partie ignoré la nature.
Lors de ces aménagements, certains cours d'eau ont été entièrement canalisés et les zones d'expansion supprimées. Des fossés creusés par le ruissellement des eaux, secs la plupart du temps, mais torrentiels en cas de crues, ont été ignorés, explique le rapport.
Les ponts, parfois sous-dimensionnés, et les guets construits par l'homme constituent en cas de crue autant d'obstacles qui permettent la création d'embâcles, ces bouchons
de gravats et de branches qui se forment, puis cèdent, provoquant des vagues destructrices. Près de la côte, les débouchés des cours d'eau ont également été fortement limités.
C'est notamment le combat de l'association "Vivre installé au Val d'Argens" (Viva), qui rassemble des victimes des inondations de 2010 et 2011 dans la plaine de l'Argens, qui a une nouvelle fois été inondée "sous 70 cm d'eau", constate son secrétaire général, le Dr Louis Reymondon.
Estimant que le delta de ce fleuve, dont le bassin versant représente la moitié du département du Var, a été "bouché à 97%" par la route côtière", l'association réclame des travaux d'ampleur : la mise en place de buses sous la digue de cette route côtière et la construction d'une digue maritime, prévue de longue date, pour empêcher l'ensablement de l'embouchure.
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