Le tribunal de commerce de Nanterre a accordé jeudi un sursis de 24 heures au groupe sidérurgique Ascométal pour permettre à son actionnaire et ses créanciers de trouver un accord et éviter la mise en redressement judiciaire.
"Le tribunal rendra sa décision demain vendredi matin. Les parties continuent à négocier dans l'espoir qu'un accord puisse être trouvé", a indiqué à l'AFP une source proche de l'entreprise, à la sortie de l'audience.
Le sort de ce fleuron sidérurgique français, en dépôt de bilan, et celui de ses 1.900 salariés, reste suspendu aux dures négociations en cours à New York entre l'actionnaire, le fonds américain Apollo, et les banques Morgan Stanley et Bank of America, de même nationalité.
Négociations achoppent encore mais...
Selon des sources proches du dossier, l'accord ne serait "pas complètement bouclé" et les négociations achopperaient sur les contreparties exigées par les banques en échange de l'effacement de la dette du groupe qui s'élève à 360 millions d'euros.Nul doute que les discussions "se poursuivront jusque tard", a indiqué une autre source proche du dossier. En décidant de se prononcer vendredi, le tribunal "laisse la possibilité aux parties de trouver un accord dans l'intérêt de l'entreprise", a-t-elle ajouté en expliquant que "ce qui pose problème, c'est toujours la sécurisation des engagements de l'accord sur la table".
Le fabricant d'aciers spéciaux a demandé à être placé en redressement avec une période d'observation " très courte, de l'ordre de quelques semaines", selon le
syndicaliste Cyril Brand, CFDT.
Tout le monde est d'accord pour aller vite et ne pas mettre en péril la confiance de nos fournisseurs
a-t-il ajouté.
Effacement de la dette et accord de gouvernance
L'enjeu, en discussion depuis l'été dernier, porte sur l'effacement de la dette contractée lors du rachat de l'ancienne filiale d'Usinor il y a trois ans par le fonds Apollo, et dont les intérêts annuels de près de 37 millions d'euros l'asphyxient totalement. Comme les banques se méfient désormais d'Apollo, qu'elles accusent de les avoir entraînées dans une affaire non rentable, elles demandent à disposer de droits sur la gouvernance du groupe et à "récupérer quelques billes" en cas de vente future d'Ascométal. Un problème de responsabilité du fonds d'investissement se pose également, selon les sources.Anchorage un repreneur à l'audience
Les banques n'ont pas abandonné non plus la possibilité de la reprise d'Ascométal par le fonds de retournement américain Anchorage, qui a présenté jeudi son projet à l'audience. Les banques et le fonds ont intérêt à éviter un redressement, mesure qui "les laisserait sur le carreau", leur ferait "perdre leurs investissements" et tout pouvoir de décision, qui passerait entre les mains d'un administrateur, ont expliqué les sources.
Des repreneurs potentiels déjà approchés
Du côté du ministère du Redressement productif, on ne cache pas que des repreneurs potentiels ont été approchés pour présenter une offre de reprise en cas de redressement. Parallèlement aux négociations à New York, le ministre Arnaud Montebourg et son cabinet ont tenu mercredi soir "un premier round" de conversations "dans un climat tendu" avec des représentants du fonds Apollo et les banques. Le ton du message était clair: "Si vous ne parvenez pas à un accord, vous serez tous les deux perdants", a indiqué une source du cabinet.Des salariés inquiéts
Ces négociations de la "dernière chance" étaient suivies avec inquiétude par les salariés. A Hagondange, en Moselle, des syndicalistes distribuaient jeudi des tractspour informer les salariés sur la situation de leur entreprise située à proximité de Florange, dont les hauts-fourneaux ont fermé il y a un an.
"Industriellement on est viable, on a un carnet de commandes bien rempli. Le problème, c'est le besoin de cash pour gérer l'activité", estime Yann Amadoro (CGT).
Ascométal compte trois grosses usines en France produisant de l'acier avec des fours électriques, à Dunkerque (Nord), Hagondange (Moselle) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Le groupe dispose aussi de sites à Custines (Meurthe-et-Moselle), Le Marais (Loire) et Le Cheylas (Isère), site qu' Apollo, comme Anchorage prévoient de fermer.