Comme ils l'avaient annoncé et voté, les intermittents en grève ont empêché vendredi la première du festival IN d'Avignon. D'autres grèves sont prévues le 7 et le 12 juillet. L'incertitude continue à planer sur le festival le plus emblématique de l'été.
Si le Festival d'Avignon a raté son ouverture ce vendredi soir, il tente ce samedi de repartir du bon pied avec quatre premières programmées dans la soirée, dont la mythique pièce le "Prince de Hombourg" dans la Cour d'honneur.
Le personnel du festival a fait savoir vendredi lors d'un point presse qu'aucune autre grève n'était prévue à ce stade.
Le collectif représentant les techniciens et artistes du "in" a répondu ponctuellement à l'appel "massif" à la grève lancé par la CGT-Spectacle pour l'ouverture d'Avignon :
"Une décision douloureuse mais symbolique et nécessaire pour répondre à la situation"
Mais "l'engagement" du personnel est de "mener des actions tout en faisant en sorte que le festival ait lieu pour porter la parole de tous", ont-ils précisé.
80% des personnels avaient voté pour le maintien de cette 68e édition du prestigieux festival mardi dernier.
Toutefois, sur le terrain, des éléments radicaux de la Coordination des intermittents et précaires (CIP) espéraient vendredi soir convaincre les équipes des spectacles de se mettre en grève. "Tout le monde n'était pas là mardi (lors du vote pour le
maintien du festival), beaucoup de techniciens sont arrivés entretemps", ont fait valoir plusieurs jeunes membres de la CIP réunis "pour débattre", place du Palais des Papes.
A 22H00, en lieu et place de la première représentation du "Prince de Hombourg" qui a fait les frais de la grève, les rares badauds ont pu voir une projection militante sur l'immense façade du palais papal, en soutien aux intermittents mobilisés
contre la nouvelle convention d'assurance chômage qui durcit leurs conditions d'indemnisation.
Des slogans en lettre blanche se détachaient sur fond rouge: "pas de fausses promesses", "indignons-nous", ou "ce que nous défendons, nous le défendons pour tous".
Les divisions au sein du mouvement se creusent depuis plusieurs jours. Le collectif du personnel du festival s'est désolidarisé de certaines actions comme l'irruption d'éléments incontrôlés pendant une répétition du "Prince de Hombourg" mercredi soir, ou encore le vol de denrées dans un supermarché pour une manifestation "avec caddies", censée symboliser la précarité.
Vendredi, Olivier Py, dont c'est la première année à la tête du festival, s'est déclaré respectueux du droit de grève, tout en rappelant que "le combat des intermittents doit rester dans un cadre légal".
La Coordination a appelé à une grève le 7 juillet, et la CGT Spectacle le 12.
L'incertitude continue donc de planer sur la suite de la manifestation la plus emblématique de l'été, qui draine chaque année des dizaine de milliers de visiteurs français et étrangers.
Eberlués, des touristes australiens cherchaient vainement la signification des nombreuses banderoles placardées sur la place historique d'Avignon.
Selon l'office du tourisme, le niveau des réservations n'a pas pâti des perturbations.
Les gérants d'un hôtel du centre ville craignaient toutefois leur impact sur la clientèle étrangère. "Nous avons déjà eu la grève de 10 jours de la SNCF, et une saison médiocre à cause de la crise", déploraient-ils.
En 2003, le durcissement du régime des intermittents avait entrainé l'annulation des festivals d'Avignon et Aix-en-Provence.