Les trois dirigeants ont passé un long moment à faire la revue des troupes impliquées dans les secours et les recherches depuis mardi matin et l'annonce du crash de l'Airbus de Germanwings qui a fait 150 morts.
François Hollande et Angela Merkel ont survolé mercredi le site du crash de l'Airbus A320 de la compagnie allemande Germanwings qui a fait 150 morts la veille dans les Alpes-de-Haute-Provence, avant de se recueillir avec Mariano Rajoy près du lieu d'un drame encore "inexplicable".
Emotion
Le président français et la chancelière allemande, le visage marqué par l'émotion, ont atterri en hélicoptère en début d'après-midi à Seyne-les-Alpes, d'où sont organisés les secours et les opérations d'investigation autour des débris de l'avion, qui s'est écrasé à environ 1.500 mètres d'altitude dans une zone escarpée accessible uniquement par hélicoptère ou après une difficile marche dans la montagne. Ils ont été très vite rejoints par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, arrivé en voiture.Les trois dirigeants ont passé un long moment à faire la revue des troupes impliquées dans les secours et les recherches depuis mardi matin et l'annonce du crash de l'Airbus de Germanwings. Les représentants des gendarmes, des pompiers et des secouristes ont été chaleureusement félicités et remerciés avant un cours briefing sous une tente aux couleurs de la gendarmerie nationale.
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— L'Obs (@LeNouvelObs) 25 Mars 2015
Localiser le 2ème boite noire
Parallèlement, sur le site même du drame, les enquêteurs cherchent à localiser la deuxième boîte noire de l'appareil pour connaître les causes du crash. La première, qui enregistre les sons et les voix dans le cockpit, retrouvée mardi et transférée à Paris, était en cours d'exploitation mercredi par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA). Ce dernier a diffusé des images impressionnantes de l'objet, très déformé par l'impact du crash. Le procureur de Marseille, tout en rappelant que la boîte noire était "très, très abîmée", a indiqué "espérer"les premiers résultats de son examen "en fin d'après-midi".
Quinzaine de nationalités différentes
Au moins 51 Espagnols et 72 Allemands --dont deux bébés et 16 adolescents d'Haltern revenant d'un échange scolaire-- ont trouvé la mort mardi dans le drame, ont précisé leurs gouvernements respectifs. Au total, les victimes sont d'une quinzaine de nationalités différentes. Mme Merkel et MM. Hollande et Rajoy se sont ensuite rendus dans le hameau tout proche du Vernet pour un moment de recueillement et d'émotion au pied de la montage sur laquelle s'est pulvérisé l'Airbus parti de Barcelone. Ils devaient ensuite prendre la parole à Seyne-les-Alpes.Les proches des victimes du crash devaient elles aussi converger mercredi après-midi vers les deux villages à proximité des lieux du drame, où des chapelles ardentes ont été dressées pour qu'elles puissent se recueillir. Les premières familles sont arrivées à Digne-les-Bains dans la matinée, à une quarantaine de kilomètres, où elles ont été accueillies par la préfecture. A Digne, comme à Seyne-les-Alpes, des cellules d'urgence médico-psychologique ont été mises en place à leur intention.
Recherches difficiles
Au Vernet, la commune la plus proche du site, une grande tente orange a été dressée dans un champ pour la cérémonie de recueillement. Dans ce village de montagne, bordé d'une forêt de conifères aux cimes enneigées, le temps est très frais et laisse deviner des températures glaciales sur les lieux de l'accident.Plus de 300 gendarmes, 280 policiers, une centaine de sapeurs-pompiers, 70 chasseurs venus de Gap, ainsi qu'une dizaine de médecins-légistes, sont de nouveau mobilisés mercredi pour les opérations de recherche et d'enquête.
L'identification des corps prendra "des jours et même des semaines", a prévenu le procureur de la République de Marseille Brice Robin.
Une fois la scène du drame sécurisée par le PGHM (peloton de gendarmerie de haute montagne), jusqu'à 200 enquêteurs pourront y travailler. Les recherches s'annoncent difficiles étant donné la dispersion des débris de l'avion et des morceaux de corps sur près de quatre hectares à flanc de montagne.
200 enquêteurs
L'avion, un Airbus A320 de Germanwings, filiale à bas coût de la compagnie allemande Lufthansa, portait le numéro de vol 4U9525. Il s'est écrasé dans une zone où les sommets culminent à 3.000 mètres, alors qu'il effectuait une liaison entre Barcelone (Espagne) et Düsseldorf (Allemagne) avec 144 passagers à bord et six membres d'équipage. L'accident, la pire catastrophe aérienne sur le territoire français depuis plus de 30 ans, a suscité une émotion considérable en Europe et au-delà. En Espagne, trois jours de deuil national ont été décrétés.L'hypothèse terroriste "n'est pas privilégiée"
Le parquet de Marseille a ouvert une enquête pour homicide involontaire confiée à la gendarmerie, mais les causes de l'accident demeurent pour l'instant inconnues. L'équipage n'ayant pas émis d'appel de détresse, c'est le contrôle aérien qui a pris l'initiative de déclarer l'avion en détresse car il n'avait plus aucun contact avec l'équipage. L'hypothèse terroriste "n'est pas privilégiée", ont précisé mercredi matin deux ministres, Bernard Cazeneuve (Intérieur) et Ségolène Royal (Transports).L'avion, qui avait 25 ans, avait subi une importante révision à l'été 2013.
"C'est pour nous tous inexplicable", a déclaré le patron de Lufthansa, Carsten Spohr,
à l'aéroport de Francfort, à l'issue d'une minute de silence observée par tous les les salariés du groupe. "L'avion était techniquement irréprochable et les deux pilotes expérimentés", a-t-il ajouté.
Un seul accident mortel avait endeuillé jusqu'à présent le transport aérien à bas coût en Europe: celui d'un Boeing 737 de la compagnie chypriote Hélios, le 14 août 2005 (121 morts), à la suite d'une panne d'oxygène qui avait asphyxié les membres d'équipage et tous les passagers.