Affaire Pastor : ce qu’il s’est dit dans le cabinet du juge d’instruction

La confrontation entre commanditaire et organisateur présumés de l’assassinat d’Hélène Pastor et de son chauffeur a eu lieu le 2 février 2015 chez le juge d’instruction. France 3 vous raconte comme si vous y étiez les échanges entre les deux hommes et le juge d’instruction.

Nous sommes le 2 février 2015. Dans le cabinet du juge d’instruction Marseillais Christophe Perruaux, deux hommes mis en examen pour l'assassinat le 6 mai 2014 à Nice d’Hélène Pastor et de son chauffeur.
Wojciech Janowski, le compagnon de la fille de la riche monégasque accusé d’être le commanditaire du meurtre et Pascal Dauriac, le coach sportif accusé d’en être l’organisateur. Il y a aussi leurs avocats et une traductrice polonaise.

C’est Pascal Dauriac qui ouvre le bal : « j'ai été amené à participer à ce double assassinat. J'ai été amené par Wojciech Janowski à trouver des personnes pour ce règlement de comptes. J'ai été contraint. J'ai subi, j'ai été soumis et j'ai obéi. »

Réponse de Wojciech Janowski : « Pascal Dauriac dit des mensonges. Il a profité de la situation de notre famille, d'une faiblesse assez importante, du cancer de ma femme, du kidnapping éventuel qui a eu lieu deux fois dans l'histoire de ma famille. Pascal Dauriac a profité de notre faiblesse psychologique pour demander de l'argent pour protéger notre famille. Il a reçu deux fois l'argent de la protection, après comme j'ai été averti qu'il avait fait chanter d'autres personnes à Monaco, j'ai commencé à avoir le doute. Après le deuxième paiement, je l'ai informé devant témoins que je ne paierai plus, que c'était fini. Il a contacté des gens sans aucune demande de ma part. Je ne connais personne de ce groupe, des photos de l'album qui m'ont été montrées pendant la garde à vue. Je n'ai pas demandé quoi que ce soit à Pascal Dauriac. Il a fait assassiner ma belle-mère et son chauffeur en utilisant le groupe qu'il a organisé. Il a tué ma belle-mère, il a fait tuer ma belle-mère, une femme qu'on a tous aimé et respecté, ma femme, mes enfants et moi-même. »

Pascal Dauriac réagit : « Tout ce que j'ai entendu est faux. S'il y a eu remise d'argent je m'en suis expliqué lors des précédentes auditions: il s'agit de la somme de 140 000 euros qui m'a été remise par Wojciech Janowski  (…). Je ne lui ai jamais proposé de protection ni à sa famille. Je n’avais aucune raison de le faire. »

La face à face se poursuit dans le même climat où deux versions s’affrontent.


En fin de confrontation le magistrat instructeur pose une question claire à Pascal Dauriac: « Wojciech Janowski vous a-t-il demandé de faire tuer ou de tuer Madame Pastor ? »
Réponse du coach sportif : « Oui. Hélène Pastor et son chauffeur Mohamed Darwich ».

Wojciech Janowski proteste : « C'est un mensonge !! S'il existait une méprise elle est due à Pascal Dauriac qui a créé une situation en mettant notre famille en danger et en me conduisant à chercher une protection… Tout ce qu'il dit est un mensonge. Il m'a fait chanter".

Le face à face a duré une heure trente, chacun est resté sur ses positions.
Les deux hommes à la sortie de la confrontation chez le juge d'instruction, le 2 février à Marseille.

Petit retour en arrière


Pascal Dauriac, au deuxième jour de sa garde à vue, le 24 juin 2014,  reconnaît avoir organisé le double assassinat d’Hélène Pastor et de son chauffeur Mohammed Darwich. Précisant que c’était à la demande de Wojciech Janowski. Il expliquait que la vie devenait insupportable de voir son épouse Sylvia subir les foudres de sa mère.

Depuis cette date le coach sportif n’a pas varié dans ses déclarations

Dans un courrier -saisi par la justice-  Pascal Dauriac explique même à ses proches  

Moi je ne veux pas porter, avoir à porter un costume, subir une peine de prison qui ne m'est pas destinée. Oui j'ai participé, je m'expliquerai avec mes mots, il y a des questions auxquelles je n'ai pas de réponse. Mais j'ai basculé de l'autre côté et j'assume, ça ne peut pas être autrement, pour moi, pour vous, pour les familles, les victimes. Je dis les faits sans problème, de toute façon, il le faut, c'est vital. Et les années de prison à venir,  je les mérite, c'est sûr, je dois payer ».








Wojciech Janowski, au troisième jour de sa garde à vue reconnaît avoir eu un rôle majeur dans l’assassinat de sa belle mère et de son chauffeur.
L’interrogatoire de l’homme d’affaires polonais est mené par une commandante de Police.
Le 26 juin 2014, il est 15h15, l’audition reprend :

Question : « nous avons pu apprendre à nous connaître au cours de l'enquête, le jour tout d'abord à l'hôpital lors de la mort de votre belle mère, puis à travers votre femme et ensuite au cours de votre garde à vue. Vu votre personnalité, homme d'affaires, bon père, bon mari, consul de Pologne, faisant partie de la famille Pastor, est-ce que vous pensez un seul instant que la police judiciaire, vous aurait placé en garde à vue si nous n'avions pas des charges incontestables contre vous. De plus, au cours de cette enquête nous avons fait la démonstration que vous êtes le commanditaire de cette opération visant à éliminer votre belle mère. Nous sommes remontés du tireur jusqu'à vous, tout en haut de la pyramide du projet. Vous savez, vous comme moi que votre histoire dans laquelle vous racontez que Dauriac vous faisait chanter, et qu'il a tué votre belle-mère parce que vous ne vouliez pas payer ne tient pas la route un seul instant. Dauriac est un simple prof de Gym et en aucun cas il aurait pu avoir une emprise sur vous, homme brillant. L'enjeu aujourd'hui pour vous est de nous faire comprendre la situation qui vous a amené à prendre la décision d'éliminer votre belle mère. Nous vous écoutons »

Réponse de Wojciech Janowski : « vous avez tout à fait raison. Vous avez bien compris que lors de ma pause d'une demi-heure, j'allais réfléchir et que j'allais m'expliquer, que je vais dire la vérité. Je ne suis pas allé chercher Dauriac qui est venu vers moi. C'est Pascal Dauriac ...

La fonctionnaire de police le coupe…

Question : « Avez vous commandité cet assassinat oui ou non ? C’est simple comme réponse ! »
Réponse : « Oui ! »
Question : « Pour être clair avez-vous commandité le meurtre de votre belle mère ? »
Réponse : « Oui j'ai commandité ce meurtre, mais ce n'était pas dans ces termes que j'ai demandé à Dauriac de résoudre le problème qu'était ma belle mère en sous-entendant de l'éliminer physiquement. Ce n’était pas facile d'utiliser de mot de «tuer » mais j'ai utilisé les mots qui pouvaient lui faire comprendre ce que je voulais ».
Question : « Est ce que vous êtes un homme mauvais ? »
Réponse : « Non ! »

Revirement.

Le 22 septembre 2014, soit trois mois plus tard, Wojciech JANOWSKI se rétracte dans le bureau du juge d’instruction. Il nie avoir donné des instructions pour faire tuer Hélène Pastor et Mohamed Darwich. L’homme d’affaires Polonais, évoque des pressions subies pendant les soixante dix heures de garde à vue, les rafales de questions, la fatigue, le manque de sommeil et indique qu’il ne « connaissait pas le sens » du verbe commanditer.
« Ensuite, on me l’a expliqué. » A-t-il dit au magistrat instructeur.
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