L'Abbaye de Jouques sort son premier vin rosé cette année. Un lancement rendu difficile en raison de la crise sanitaire et de nombreuses annulations d'évènements. Alors pour écouler les 1500 cartons de leur millésime "Exsulta", les moniales ont décidé de s'adresser aux particuliers... via internet.
Pas facile de trouver preneur pour les 9000 bouteilles de rosé de la cuvée "Exsulta". Une gageure cette année, avec les annulations des foires et salons de vin en cascade. Pour les moniales, de l'Abbaye de Jouques (13490) qui lance cette année ce tout nouveau vin rosé, l'annulation du Salon des Vins d'Abbaye est l'ultime coup dur. L'évènement promeut annuellement pendant trois jours les vins de tradition monastique. Mais sans ce rassemblement, prévu fin mars à Paris, où une vingtaine de sites religieux devaient venir y proposer leurs vins, les moniales de Jouques ne savent plus vers qui se tourner. Seule solution, écouler leur stock à l'unité.
L'Abbaye lance donc une "opération rosé" en partenariat avec Divine Box, une entreprise spécialisée dans la vente sur internet. "L'une des contraintes du monde du rosé, c'est que tout se fait en février-mars." Le Co-Fondateur de Divine Box, Côme Besse, comprend l'enjeu. Il a donc proposé ce petit challenge : 9000 bouteilles vendues avant lundi 26 avril à minuit, heure de clôture des commandes.
Pour ce communicant "l'idée était d'avoir un objectif précis et de donner de la visibilité aux sœurs". Une offre à destination des particuliers ou des cavistes de quelques jours seulement donc, afin de stimuler les ventes.
À l'Abbaye de Jouques, 20 ans de production de vin
Et c'est une aide bienvenue pour les moniales qui s'amusent de ce challenge d'atteindre un chiffre. L'une d'elles, Sœur Armelle, s'avoue "soulagée". "C'était une vraie problématique, il fallait qu'on trouve un plan B pour écouler notre production de l'année."
Elle s'explique : "le rosé ce n'est pas un vin de garde, quand vous en produisez, il faut le vendre dans l'année, il ne se bonifie pas avec le temps". Les ventes en ligne demeurent "complexes" pour cette religieuse qui bénéficie néanmoins d'une solide expérience en viticulture.
Et pour cause, cela fait une vingtaine d'années que les sœurs produisent leur propre vin. Deux cuvés de rouge, déjà bien implantées. Difficile alors pour le nouveau venu "Exsulta" de se faire une place. Pour Sœur Armelle, ce rosé typiquement provençal est "le fruit d'un long travail de restructuration de plusieurs vignobles".
La viticulture comme moyen de subsistance
Si au sein de l'Abbaye, trois sœurs seulement restent responsables de la production viticole, toutes viennent participer au moment des vendanges. Car le vin est bien un enjeu central pour les 47 moniales que compte le site.
La production viticole assure en effet une partie importante des revenus de l'Abbaye de Jouques. Autre moyen de subsistance, une propriété agricole où l'on diversifie les produits : huile d'olive, plantes à parfums, ...
La vente de ces 9000 bouteilles est donc au centre des préoccupations. "Nous ne sommes pas des anges !" s'exclame Sœur Armelle, pour qui la vente du vin "permet aux bonnes soeurs de continuer à vivre et à l'Abbaye de prolonger son existence toute concrète ".
Elle appelle à la "participation" à cette vente. "Cela nous permet d'assurer la continuité dans la prière, ce dont les gens ont bien besoin en ce moment."