Il avait fondé la Licra et milité pour que le camp des Milles devienne un site mémorial. L'avocat juif Sydney Chouraqui, est décédé à l'âge de 103 ans. Avec lui disparaît l'une des grandes figures de la Résistance.
L'avocat juif Sidney Chouraqui, combattant de la Résistance qui a poursuivi après la guerre son combat contre l'oubli et le racisme en co-fondant notamment la Licra, est mort à l'âge de 103 ans, a-t-on appris mardi auprès de la Fondation du Camp de Milles.
Né le 13 octobre 1914 en Algérie, cet "homme discret, de convictions et d'engagements" a souhaité "le drapeau français, l'étoile de David et sa robe d'avocat sur son cercueil", détaille, dans un communiqué, la Fondation présidée par son fils Alain Chouraqui.
Le 8 mai 1945, jour de la capitulation sans condition de l'Allemagne, Sidney Chouraqui sable le champagne français, stocké dans les caves d'Hitler, aux côtés de ses camarades de la 2e DB, dans le "Nid D'aigle" du dictateur nazi à Berchtesgaden.
Lui qui a participé à la Libération de Paris, de Strasbourg et du camp de concentration de Landsberg, entonne avec ses camarades "une Marseillaise victorieuse et un chant juif d'espérance, la Tikvah, qui allait devenir l'hymne de l'Etat d'Israël", rappelle son fils Alain dans la note biographique qu'il a écrite.
Les "racines du mal" sont profondes
"Victoire en déchantant", écrit pourtant à cette même date Sidney Chouraqui dans ses cahiers : "Il avait compris que les racines du mal étaient profondes et durables, et que les injustices et les inégalités continueraient de miner l'équilibre social et la démocratie", explique la note.Pour chasser les démons, il co-fondera après la guerre la Licra, et militera pendant trois décennies pour faire sortir de l'oubli le camp des Milles, à Aix-en-Provence.
Établi en "zone libre" sous administration française, plus de 10.000 personnes y ont été internées dans des conditions inhumaines. 2.000 juifs qui y étaient enfermés ont été déportés vers le camp d'extermination nazi d'Auschwitz.
La Fondation l'a transformé en un lieu d'éducation aux jeunes face à l'intolérance, offrant notamment aux scolaires une exposition très fouillée sur les mécanismes totalitaires.
"Le risque mortel" de l'extrême droite"
Avant le second tour de la présidentielle de 2017,Sydney Chouraqui, décoré de plusieurs médailles et chevalier de la Légion d'honneur, avait lancé avec deux autres figures de la Résistance et de la déportation un appel aux Français à ne pas prendre le "risque mortel" de l'extrême droite.Le président LR de la région Paca, Renaud Muselier, a salué mardi "l'une des belles consciences de la France", tandis que le maire LR de Nice, Christian Estrosi, rendait hommage à la mémoire de ce "juif, résistant, grand combattant de la Seconde guerre mondiale".