Face à l'augmentation constatée de la population lupine, les tirs de prélèvements passent de 118 l'an dernier à 174 pour 2022. Plus de loups mais moins d'attaques, les chiffres sont en baisse dans la région Paca depuis trois ans.
921 loups gris sont recensés sur le territoire français à la sortie de l'hiver, selon le dernier comptage établi par l'Office Français de la Biodiveristé (OFB) chargé du suivi de la population des loups en France. C'est 297 de plus que le recensement de l'année précédente.
Bonne nouvelle pour les défenseurs du Canis Lupus, c'est au contraire synonyme d'inquiétude pour les éleveurs du sud est où se concentrent les loups.
174 tirs autorisés au niveau national
C'est sur cette base qu'est établi le nombre de tirs de défense autorisés pour tuer le prédateur au niveau national. Il s'établit à 174 loups pour 2022 contre 118 en 2021. Depuis le 1er janvier en France, 29 individus ont déjà été abattus.
"Est-ce que c'est suffisant ? On le verra", réagit Denise Leiboff, présidente de la fédération nationale des communes pastorales.
La fédération demande surtout "qu'il n'y ait plus ce verrou sur le nombre de loups à pouvoir prélever et que les éleveurs puissent défendre leurs troupeau, et tirer s'il y a une attaque, et tirer ne veut pas dire forcément prélever".
Il faut redonner au loup la peur de l'homme.
Denise Leiboff, pte Fédération des communes pastorales Paca
Les agriculteurs dénoncent un "comptage défectueux qui ne permet pas de protéger les troupeaux contre la prédation. Dans un communiqué commun, les fédérations agricoles demandent à pouvoir tirer 300 loups en 2022, estimant leur nombre sous-estimé.
Plus de loups, plus de tirs. Le schéma n'est définitivement pas le bon selon Denis Doublet, coordonnateur Loups au sein de l'association de défense du loup parce que le décompte de l'OFB n'apporte pas de données précises sur l'état de la population des loups.
"On ne mesure pas encore l'efficacité des tirs de loups, et on sait aussi par ailleurs que, en partie voire en grande partie, ces tirs vont destructurer les meutes et qui vont encore amener un peu plus des individus à errer et à se nourrir et pas d'une manière cohérente comme ils le feraient au sein d'une meute", ajoute-t-il.
Tirer du loup parce qu'on sait que la population de loups augmente c'est dramatique et ce n'est pas cohérent.
Denis Doublet, coordonateur Loup, Ferus
Denis Doublet déplore que ces abattages restent le premier levier contre les attaques de loups alors que "la protection des troupeaux fonctionne mais ça, on ne le dit pas assez".
"Ce n'est pas notre première mission, mais on est aussi là pour aider les éleveurs à se protéger, c'est ce qu'on fait dans le cadre de Pastoraloup depuis de nombreuses années", souligne encore le coordinateur Loups de Férus.
"Les autorisations de tirs de loup, espèce protégée, doivent rester dans le cadre dérogatoire prévu par la réglementation française et les instances européennes", a également rappelé l'association France Nature Environnement.
Des attaques en baisse
Selon les chiffres de la chambre d'agriculture Paca, confirme que le nombre des attaques n'a cessé de baisser depuis trois ans notamment dans les espaces protégés dans un contexte d'augmentation de la population des loups.
On est ainsi passé de 2281 constats d'attaque du cheptel régional ( 7838 victimes) en 2019 à 996 en 2021 pour 4029 victimes. Soit une baisse de près de 40 %.
Bilan détaillé des attaques en Paca en 2021:
- Alpes-de-Haute-Provence : 530 attaques (1427 victimes)
- Hautes-Alpes : 44 attaques (174 victimes)
- Alpes-Maritimes : 206 attaques (626 victimes)
- Var : 187 attaques (726 victimes)
- Vaucluse : 26 attaques ( 58 victimes)
- Bouches-du-Rhône : 3 attaques (22 victimes)
Si les attaques ont énormément chuté dans les Hautes-Alpes (44 contre 365), elles restent relativement stables dans les Alpes-de-Haute-Provence (530 contre 540).