A Isola 2000, la 35e édition de la compétition de courses automobiles sur glace tire sa révérence. Derniers tours de piste pour une épreuve mythique condamnée par les effets du changement climatique.
La piste glacée d'Isola 2000, avec son célèbre virage en escargot, accueille ses dernières courses du Trophée Andros. La fin de ce championnat si particulier a été annoncée officiellement en novembre dernier. Mais elle avait déjà été programmé, il y a 4 ans. Les pilotes, les organisateurs, et les propriétaires des écuries en avaient connaissance.
Arnaud Trevisiol qui gère l'école de conduite sur glace d'Isola 2000 et organise les courses, est naturellement déçu : "Il y a eu énormément d'évolutions sur le Trophée Andros pour suivre l'évolution de son temps. C'est dommage de se retrouver aujourd'hui avec des épreuves d'une telle qualité et de devoir s'arrêter". Il poursuit "Le vide laisse une place, on espère que d'autres choses vont se manifester et que des gens vont vouloir reprendre le flambeau".
Pourtant, il y a 5 jours, le circuit n'était toujours pas en capacité d'accueillir les drifts des voitures de courses. La neige était en quantité insuffisante, et les températures trop douces pour conserver la glace. Puis le miracle a eu lieu.
Plus ça va, plus on est obligés de trouver des courses en France à 1.500 m d'altitude pour être sûrs d'avoir de la glace.
Max Mamers, président du Trophée Andros
C'est bien là, l'un des principaux problèmes rencontrés par les organisateurs : le changement climatique.
"C'est une page qui se tourne"
Créée en 1990, cette compétition devenue mythique a vu défiler pas moins de 2000 pilotes. Et même après 350 courses, c'est toujours le même frisson pour les pilotes et les spectateurs. La glace : une discipline à part.
Faire glisser une voiture, c'est extraordinaire. C'est l'art de la maîtrise de la voiture
Gérard Fontanel, pilote Elite de la team DA Racing
L'idée est née de la rencontre de deux passionés d'automobile, le champion de France de Rallycross, Max Mamers et de Frédéric Gervoson, le président de la société Andros. Ils créent un championnat de courses automobiles sur glace qui avait pour vocation d'aller dans tous les massifs montagneux de France.
En 2010, les premières courses de voitures électriques apparaissent. Dix ans plus tard, la compétition prend un virage : tous les véhicules sont électriques.
@enedis accompagne la décarbonation des événements
— Enedis en Côte d'Azur (@enedis_coteazur) January 12, 2024
➡️Cette année encore, à @Isola2000_06, le @TropheeAndros_ est directement raccordé au réseau électrique
Au final👇
✅Usage de groupes électrogènes évité
✅620 L de gasoil non consommés
✅1.500 kg de rejet de CO₂ en moins pic.twitter.com/xW3txoM81P
La décarbonation est en marche, mais cela ne suffira pas à sauver le Trophée Andros. Max Mamers, l'ancien pilote et co-fondateur du trophée Andros, explique que pour prolonger l'aventure, il aurait fallu repartir sur un nouveau cycle avec des voitures fonctionnant cette fois 100% à l'hydrogène. Mais pour obtenir les investissements nécessaires, il aurait fallu s'engager sur dix ans et donc avoir "l'assurance que la climatologie nous serait favorable".
Mais, hiver après hiver, l'enneigement est de moins en moins régulier et les températures deviennent insuffisantes pour garantir la glace sur les pistes susceptibles d'accueillir les courses. L'aventure s'arrêtera donc là.
Le dernier tour de piste, j'aurais un pincement au cœur, ça c'est sûr. C'est une épreuve qui rythmait mes hivers depuis que je suis tout petit. Même avant que je pilote, Je venais voir les pilotes de l'époque, je leur demandais des posters.
Christophe Ferrier, pilote natif d'Isola.
Le pilote isolien, Christophe Ferrier a décroché 5 titres de champion du Trophée Andros et regrette l'arrêt des courses. Son meilleur souvenir ? "Mon premier meeting, ma pôle position à côté d'Alain Prost (...) Vous l'avez vu se tirer la bourre avec Ayrton Senna et là, j'ai la chance de me tirer la bourre avec Alain prost !".
Gérard Fontanel, avec ses 20 Trophées Andros au compteur, confirme la particularité de ces épreuves : "C'est en effet une discipline où il existe peu de roulage. Alors, il est possible avec un peu de chances de rivaliser avec d'excellents pilotes professionnels venus d'autres disciplines."
De son côté, Christophe Ferrier est convaincu qu'une suite peut exister : "Il y a aura de toute façon quelque chose sur la glace, c'est une discipline tellement atypique et unique, elle ne peut pas se perdre". Il espère aussi décrocher un volant pour participer à ces futures épreuves.
Le dernier Trophée Andros, quant à lui, vit ses derniers tours de piste glacée. Après Val Thorens, Andore et Isola 2000 ce week-end, les équipages s'affronteront encore à Lans-en-Vercors et à Super Bresse vivront leurs dernières glissades de cette compétition qui n'aura jamais été pas comme les autres.