Dans une lettre ouverte, Abdel Aïssou dénonce "des pressions qui s'apparentent à un chantage aux subventions", exercées à l'encontre de maires qui soutiennent sa candidature dans la 2e circonscription des Alpes-Maritimes.
Il a décidé de dire tout haut ce qui se murmurait tout bas, depuis quelques semaines, et de le dire dans une lettre ouverte adressée à 4 ténors de la vie politique locale : Eric Ciotti et Michèle Tabarot, députés sortants et candidats à leur propre succession, Charles-Ange Ginésy, président du Conseil départemental, et Jérôme Viaud, maire de Grasse.
Dans cette lettre ouverte, Abdel Aïssou, candidat divers-droite dans la 2e circonscription des Alpes-Maritimes (qui s'étend de Vence à Guillaumes) dénonce des pratiques qu'il juge inacceptables :
Il me revient des pressions qui s'apparentent à un chantage aux subventions, alors même qu'il s'agit d'argent public.
Abdel Aïssou, candidat DVD dans la 2e circonscription des Alpes-Maritimes
Il affirme qu'on a tenté de dissuader des maires de faire campagne pour lui. Car l'homme est connu des anciens élus. Il fut sous-préfet des Alpes-Maritimes au début des années 2000. "Un homme bien, un humaniste, qui fait beaucoup pour la France, estime Roger Ciais, maire de Touët-sur-Var. Quand il était sous-préfet, j'ai pu apprécier sa volonté de trouver des solutions et non pas d'appliquer bêtement la loi. On a en commun de vouloir faire triompher le bon sens". Il a été l'un de ses premiers soutiens, et donc l'un des premiers à affirmer avoir reçu ce qu'il appelle des "recommandations insistantes". "Au cours d'une réunion avec Charles-Ange Ginésy, on nous a dit qu'Abdel Aïssou était le candidat de la division, qu'il fallait rester unis et soutenir Jean-Marc Macario", le candidat LR, avant de conclure : "Les Républicains avaient tout loisir de soutenir et d'investir Abdel Aïssou, ils ne l'ont pas fait. Moi j'ai des convictions, j'essaie de ne pas suivre bêtement le troupeau".
De là à subir un chantage aux subventions? "Ca ne se dit pas clairement, ça se laisse sous-entendre".
"On ne vous dit pas : fais gaffe, tu vas perdre des subventions du conseil départemental, raconte Marc Belvisi, maire de Pierrefeu. "Mais on vous dit : j'aimerais pas être à ta place. Et puis il y a des gens qui ne s'affichent plus avec vous, ou qui ne vous disent plus bonjour. Eric Ciotti par exemple".
Ont-ils réellement peur de voir leur commune financièrement punie pour leur prise de position? "Grâce à vous maintenant, je suis sûr de ne pas perdre ma subvention", répond Marc Belvisi sur un ton malicieux, préférant médiatiser ces pratiques supposées plutôt que de les taire.
Dans sa lettre, Abdel Aïssou conclut par cette demande :
Je vous demande d'user de votre influence que je sais grande pour aller vers l'interêt public que nous avons servi ensemble quand j'étais sous-préfet des Alpes-Maritimes
Abdel Aïssou, candidat DVD dans la 2e circonscription des Alpes-Maritimes
Contactés, les destinataires de la lettre n'ont pas encore tous répondu à nos sollicitations. Le président du Conseil départemental, Charles-Ange Ginésy, et le maire de Grasse , Jérôme Viaud, se sont dit surpris que cette lettre soit arrivée aux rédactions locales avant même de leur être adressée.
C'est grave d'accuser des élus en responsabilité sans avoir de preuve. Qu'il me dise où, quand, comment et qui, et je vous garantis que j'y mettrai bon ordre.
Charles-Ange Ginésy, président du Conseil départemental (LR)
"Jamais je ne me serais permis d'utiliser de tels arguments, rajoute Charles-Ange Ginésy. C'est tellement ahurissant, tellement fou".
Mais il y a, dans cette lettre, une subtilité qui a sous doute pour but de protéger son auteur d'éventuelles poursuites. A aucun moment il n'accuse directement les 4 élus cités ; il se contente de leur demander de faire cesser de telles pratiques.
Abdel Aïssou est inconnu dans le département. Il fait ça pour exister, pour faire sa promotion, car il manque de notoriété
Jérôme Viaud, maire de Grasse (LR)
Au maire de Grasse, Abdel Aïssou reproche de ne pas lui avoir prêté gracieusement une salle pour une réunion publique, comme certains maires le font, dans un esprit républicain. Faux, rétorque Jérôme Viaud. "Nous avons reçu une demande de sa suppléante, Denise Leiboff, que nous avons traitée en 48 heures".
La maire de Lieuche, présidente départementale du mouvement de la ruralité, regrette qu'une salle excentrée ou payante lui ait été proposée, mais reconnait que des discussions étaient en cours. A-t-elle, elle aussi, fait l'objet de pressions? "Moi on ne me menace pas. Je suis une grande gueule. Mais je sens que le contexte est plus tendu, sans doute parce que le parti des Républicains est affaibli. Peut-être aussi parce que de plus en plus de personnes se rebellent".
"On a des choses à dire, et on avait l'impression qu'on ne nous entendait pas" peste Marc Belvisi. Pour lui, Abdel Aïssou aurait du être le candidat idéal de la droite.
"Chacun est libre de soutenir qui il veut, conclut Denise Leiboff. Les urnes parleront."
Voici la liste complète des candidats dans la 2e circonscription des Alpes-Maritimes :
- Philippe Morlot (DSV)
- Emmanuelle Sultani (ECO)
- Jean-Marc Macario (LR)
- Sonia Naffati (NUPES)
- Alexandre Gaiffe (DVD)
- Brigitte Reynard (ECO)
- Patrick Isnard (REC)
- Abdel Aïssou (DVD)
- Lionel Tivoli (RN)
- Alain Bouilleaux (DXG)
- Loïc Dombreval (ENS)
- Laurent Potentier (DIV)