En matière de crèches de Noël, la Provence est-elle le centre du monde ? Non ! Direction Imperia en Italie, à 60 kilomètres à l'est de la frontière. La commune offre des dizaines de crèches à découvrir, dans la pure tradition ligure. Tradition... et surprises.
Mais où est donc passé Lou Ravi ?
Ce personnage simplet qui s'émerveille devant le miracle de la Nativité, santon signature de la crèche provençale, est jusqu'à début janvier la star de Lucéram, village considéré comme la capitale des crèches dans les Alpes-Maritimes.
Mais à l'évidence, Lou Ravi se fait voler la vedette dès que l'on passe la frontière italienne. À 60 kilomètres à peine à l'est de Menton, Imperia promet un circuit d'une trentaine de crèches, dans la pure tradition ligure, tout aussi vivante que sa cousine provençale. Cousine à la fois proche, et bien différente.
Bergers, militaires et esclaves
La pinacothèque civique, musée qui se situe à Porto Maurizio, l'un des 11 villages qui composent la commune d'Imperia, abrite une crèche très précieuse. Elle montre à quel point la crèche ligure peut être pétrie de l'histoire locale.
On la doit à de riches commerçants, la famille Berio. Cette famille a fait fortune dans le négoce d'huile d'olive. Elle l'envoyait au départ du port d'Imperia dans toute l'Europe, et en particulier à Marseille pour la fabrication de savon.
Avec sa fortune, la famille Berio a passé commande d'une crèche à la hauteur de son rang auprès du grand sculpteur génois Anton Maria Maragliano.
Le maestro lui-même a sculpté le premier noyau de la crèche, son école a pris le relais pour d'autres pièces. Résultat, pas moins de 113 statues réalisées entre 1724 et 1741.
Cette crèche historique reflète la vie du port d'Imperia au début du 18è siècle : des bergers bien sûr, mais aussi des militaires, des esclaves qui travaillaient sur les bateaux, des personnages asiatiques arrivés par le commerce.
Alessandro Giacobbe, historienà France 3 Côte d'Azur.
On est bien loin des petits santons de terre cuite. La crèche des Berio de Porto Maurizio est composée de statuettes en bois d'une trentaine de centimètres, articulées, et habillées de vêtements historiques des 17ᵉ et 18ᵉ siècle.
Restaurée en 2008, elle est aujourd'hui conservée à l'abri de la lumière du soleil.
Une crèche où nuit et jour se succèdent
Un peu plus loin, à Sant'Agata, un autre village perché de la commune d'Imperia, dans la pièce attenante à l'église, on découvre une autre crèche absolument étonnante. Elle est le fruit de trois mois de travail de la part des bénévoles à l'approche de Noël.
La crèche de Sant'Agata reproduit un village ligure traditionnel en entier. Tous les métiers typiques historiques y sont représentés.
Alessandro Giacobbe, historienà France 3 Côte d'Azur
Les bergers, le forgeron, le boulanger, toute la vie du village s'y retrouve, exposée aux aléas du climat et du temps qui passe, puisque s'y succèdent la nuit et le jour, la pluie, l'orage et le beau temps.
On peut visiter la crèche de Sant'Agata jusqu'au 6 janvier.
Impossible d'évoquer les crèches d'Imperia sans un tour sur le bord de mer. À Oneglia, village qui enserre le port de la commune, la basilique San Giovanni Battista abrite elle aussi une magnifique crèche à découvrir pendant toute la période des fêtes.
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Provençale, ligure, mais aussi napolitaine ou catalane
Provençale, ligure, la tradition des crèches a ses autres places fortes sur le pourtour méditerranéen.
À Naples, les figurines ont le corps en bois, mais le visage façonné en terre cuite avec des yeux de verre.
En Catalogne en Espagne, les personnages ressemblent aux santons de Provence. À un détail près : pas de Lou Ravi. Un autre personnage a fait son apparition, il prête lui aussi à sourire, puisqu'il a été saisi en train de se vider les intestins, c'est le Caganer.