Mobilisation à Nice pour défendre un chercheur et un agriculteur qui comparaissent pour aide aux migrants

Un enseignant-chercheur du CNRS et un agriculteur, soutenus par plusieurs partis et associations appelant à dire "non au délit de solidarité avec les réfugiés", sont arrivés ce mercredi au tribunal à Nice, où ils doivent comparaître pour avoir facilité le séjour irrégulier de migrants. 

Quelque 100 à 200 personnes s'étaient rassemblées dans le calme, sans banderoles, devant le Palais de justice avant le début de l'audience, prévu à 13h30, parmi lesquelles Véronique Luciano, venue des environs de Nice.

Je ne connais pas personnellement (les prévenus) mais je trouve ça tellement injuste", a commenté cette femme, qui a pris son après-midi pour venir en soutien.


Pierre-Alain Mannoni, 45 ans, enseignant-chercheur à la faculté de Nice Sophia Antipolis, avait été interpellé au péage de La Turbie avec dans sa voiture trois Erythréennes, selon un témoignage écrit relayé par ses soutiens. Il les convoyait pour les mettre dans le train en direction de Marseille, où elles étaient attendues par une association pour être soignées.

Comme lui, depuis 2015, de nombreux habitants de la vallée franco-italienne de la Roya viennent en aide aux migrants en provenance de l'Italie voisine, où le nombre de débarquements devrait battre un record depuis cet été, souvent des Africains fuyant des pays instables.

Placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de franchir les limites de la ville de Nice et sa voiture confisquée, M. Mannoni encourt jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende. Il pourrait aussi bénéficier de l'immunité prévue par la loi depuis 2012 pour les passeurs qui ne sont pas rétribués et qui agissent si la vie des personnes recueillies est jugée en péril.

"Simplement humain"


A la demande de ses avocats, l'audience concernant Cédric Herrou, 37 ans, un agriculteur dont le parquet estime qu'il a franchi une ligne rouge en se livrant à une contestation de la loi, devrait en revanche être renvoyée à une date ultérieure. "Le parquet ne s'oppose pas à notre demande de renvoi", a précisé à la veille de l'audience Me Zia Oloumi, qui représente l'agriculteur avec Me Françoise Cotta.


Des gens qui aident des gens en détresse


En août, Cédric Herrou, qui vend des oeufs et des olives sur les marchés, avait déjà été interpellé avec huit Erythréens à bord de son véhicule et le parquet de Nice avait classé l'affaire sans suite. Mais depuis la mi-octobre, il est sous strict contrôle judiciaire après l'installation sans autorisation d'une cinquantaine d'Erythréens dans un centre de vacances SNCF désaffecté à Saint-Dalmas-de-Tende. Ce camp de transit illégal avait été démantelé par les forces de l'ordre au bout de trois jours.

Comme M. Mannoni, M. Herrou encourt 5 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende. "Mon geste n'est ni politique ni militant, il est simplement humain et n'importe quel citoyen lambda aurait pu le faire", a souligné l'enseignant-chercheur du CNRS dans sa lettre relayée avant l'audience par le syndicat de l'enseignement supérieur Snesup-FSU, près de 700 enseignants-chercheurs en majorité de Provence-Côte d'Azur, des habitants de la vallée franco-italienne de la Roya et des membres d'EELV.

La député du parti écologiste Cécile Duflot, était présente devant le tribunal.

"J'ai été choquée de sa générosité toute simple et ce qui lui arrive sur le plan judiciaire. J'espère que le tribunal sera sage et respectueux du fait que cet homme est simplement un humain qui fait preuve d'humanité", a-t-elle dit, dénonçant une volonté de "faire peur et impressionner ces personnes".

"Pierre-Alain Mannoni et Cédric Herrou sont simplement des gens qui aident des gens en détresse", a-t-elle ajouté.

"Aujourd'hui, on a des citoyens contraints d'enfreindre la loi, parce que l'Etat ne remplit pas ses obligations", a regretté David Nakache, un ancien représentant socialiste niçois, présent en soutien devant le tribunal. - Avec AFP-
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