REPLAY. Art contemporain : quand la réalité augmentée s'invite au Palais Lascaris à Nice

L'artiste niçoise Caroline Challan Belval expose jusqu'au 21 mars au Palais Lascaris : un écrin baroque pour ses peintures contemporaines et ses objets en réalité augmentée. Une nouvelle dimension artistique s'ouvre au public.

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Un ticket d'entrée à 5 euros, et une appli à télécharger sur votre Iphone. Vous voilà équipé pour découvrir l'exposition d'un genre nouveau installée dans le Palais Lascaris.

Cette demeure aristocratique construite dans une ruelle du Vieux-Nice au début du XVIIe siècle par la famille Lascaris-Vintimille est un joyau de l'architecture baroque. Depuis de nombreuses années, c'est un musée rassemblant des collections d'art et culture populaires et des instruments de musique anciens. Et en ce mois de mars 2022, c'est aussi un écrin pour l'art contemporain, en réel et en réalité augmentée.

L'artist s'appelle Caroline Challan Belval. Pour son exposition baptisée "Métamorphoses architecturales et Chambre des Sphères", la plasticienne niçoise a savamment choisi ses oeuvres.

Matérielles, tout d'abord. Des peintures et des dessins issus de sa recherche sur l'espace architectural en transformation : inspirés par le chantier de l’extension en mer de Monaco ou par différentes vues urbaines, des lignes brutes, des bleus, des ocres, qui répondent aux couleurs des tapisseries d'Aubusson et aux dorures du palais. Des sphères célestes, inspirées par le globe gravé par Vincenzo Coronelli en 1693 pour Louis XIV.

C'est ce que l'on peut voir à l'oeil nu.

Ne vous arrêtez pas là. Pour découvrir pleinement l'univers de Caroline Challan Belval, prenez votre Iphone. Et découvrez l'immatériel.

A travers l'appli Souffle (disponible et gratuite sur IOS) s'ouvre à vous un monde en volume, en couleur, en suspension, libéré des contraintes de la matière et de la pesanteur. Baladez-vous parmi les colonnes de souffle posées dans l'espace par l'artiste, ou sous les sphères, semblables à d'imposants globes terrestres suspendus au-dessus de votre tête.

A l'origine, j'ai construit des sphères sur lesquelles j'ai gravé des constellations. Une de ces sphères a ensuite été numérisée et placée dans l'espace.

Caroline Challan Belval

Sur les sphères, j'ai gravé l'empreinte de mes mains dans le métal, comme si j'avais voulu toucher cette réalité du ciel qu'on ne peut pas toucher. Les colonnes de souffle, elles, sont les empreintes de souffles humains. La réalité augmentée, c'était pour moi ce qu'il y avait de plus cohérent par rapport à l'immatérialité du souffle.

La conservatrice du Palais Lascaris, Elsa Puharré, est aussi commissaire de l'exposition. En invitant Caroline Challan Belval à exposer son univers contemporain dans la village baroque, elle souhaitait provoquer ce dialogue artistique entre les époques. Les couleurs des peintures abstraites répondent à la gamme chromatique des tapisseries. Les colonnes de souffle s'entremêlent aux colonnades baroques. Quant aux sphères, le lien devient évident dans la salle du deuxième étage :

L'intérêt de présenter le travail de Caroline sur les sphères et la réalité augmentée, c'est que nous avons nous aussi des liens avec le céleste et la mythologie, avec ce décor du XXVIIe siècle, attribué au peintre génois Carlone qui représente la chute de Phaéton foudroyé par Zeus. C'est le lien avec le travail artistique et scientifique de Caroline Challan Belval.

Elsa Puharré, conservatrice du Palais Lascaris.

De la réalité augmentée sur la Promenade des Anglais, au Trocadéro, à Hong Kong ou à Tokyo

Les sphères et les colonnes, objets en réalité augmentée, sont placées dans l'espace à des endroits bien précis, définis par leurs coordonnées GPS. Caroline Challan Belval en a placé en mer, devant l'opéra de Nice, où elles sont donc visibles dès lors que l'on a téléchargé l'appli Souffle. D'autres ont été positionnées place du Trocadéro à Paris, ou encore à Hong Kong et à Tokyo. 

Ces objets immatériels sont aussi l'occasion d'événements, comme à l'opéra de Nice en février dernier :

Un travail en collaboration avec l'Université Côte d'Azur

Enseignante au centre d'art de la Villa Arson à Nice, Caroline Challan Belval a travaillé en étroite collaboration avec des scientifiques de l'Université Côte d'Azur pour mener à bien son projet.

Pour l'élaboration de ses sphères, elle a pu compter sur plusieurs chercheurs de l'Observatoire de la Côte d'Azur et de l'Institut astrophysique de Paris, qui lui ont donné accès à des bases de données d'objets stellaires.

Pour ses colonnes de souffle, Caroline Challan Belval a collaboré avec un chercheur de l'Institut de physique, Olivier Legrand, qui travaille sur l'empreinte du souffle humain.

J'ai utilisé les recherches d'Olivier Legrand pour modéliser le souffle à partir de la lecture de textes poétiques, politiques, littéraires, sur la vie, la non-violence. Nous avons réalisé des colonnes de souffle qui se forment le long de la diction de ces textes.

Caroline Challan Belval

L'Evangile selon Saint-Jean, la déclaration de Martin Luther King, ou le poème Heureux qui comme Ulysse de Du Bellay... à chacun de ces textes correspond une colonne de souffle qui flotte dans l'espace, quelque part dans Nice.

"Il n'y a plus de limite à la création"

Sous l'immense sphère céleste qui flotte au-dessus de la Villa Arson, Sylvain Lizon, le directeur du centre d'art et vice-président Culture et Société au sein de l'Université Côte d'Azur, nous explique que la réalité augmentée est devenu un outil de plus en plus utilisé par les artistes et les architectes.

Pour beaucoup la réalité augmentée est devenue un objet aussi naturel que pouvaient l'être l'écriture ou le son, qui maintenant font partie intégrante de nombreuses installations.

Sylvain Lizon, directeur de la Villa Arson

On trouve des expositions dans le monde entier, on en trouve aussi dans les métavers, ces environnements qui créent des espaces nouveaux et de nouvelles opportunités dans le champ de la création et de l'économie pour les artistes. Les NFT, qui font partie intégrante de cette technologie, connaissent eux aussi un développement assez spectaculaire.

Apparus en 2018, les NFT, ou "jetons non fongibles", permettent d'authentifier des objets numériques et donc de constituer des sortes de collections en ayant la certitude qu’un objet numérique est unique ou qu’il n’existe qu’en nombre limité d’exemplaires.

Voilà du point de vue économique. Pour rester du côté artistique, si la réalité augmentée demande "de sérieuses compétences techniques", comme l'explique Sylvain Lizon, "il n'y a plus de limite à la création".

Les artistes ne sont plus liés à aucun élément matériel, la seule limite c'est donc la capacité de calcul et de stockage, et l'imagination.

Sylvain Lizon

L'aventure créative dans laquelle s'est engagée Caroline Challan Belval, avec d'autres artistes, ne fait donc que commencer.

Ne manquez pas l'émission PointCult' consacrée à l'"Art à l'ère de la réalité augmentée", ce samedi 5 mars 2022, à 19h15, sur France 3 Côte d'Azur.

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