Le vitiligo est une pathologie de la peau qui se manifeste sous forme de taches blanches sur le visage et le corps. Elle touche un million de personnes en France. Le CHU de Nice est un centre expert, à la fois sur le plan clinique et pour la recherche. Pour le professeur Passeron, la crème Opzelura est une vraie avancée.
Quel est le point commun entre l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, la sportive française devenue animatrice et chroniqueuse de télévision Nathalie Simon, le mannequin Winnie Harlow ou encore feu Michael Jackson ? Tous ont souffert ou souffrent d'une maladie auto-immune, qui affecte entre 1 et 2% de la population mondiale : le vitiligo.
Cette pathologie provoque une dépigmentation progressive de la peau et après les États-Unis, en Allemagne et en Autriche, la France propose un traitement, la crème Opzelura, développée par le laboratoire américain Incyte Biosciences.
L'arrêté a été publié au Journal officiel : prescrite par les dermatologues, la crème sera disponible dans les pharmacies des hôpitaux.
Case consultation obligatoire
Pour avoir la crème Opzelura, il faut tout d'abord consulter un dermatologue qui prescrira un traitement. Le patient devra ensuite la commander dans la pharmacie de l'hôpital le plus près.
Et, dans le cadre de la procédure d’accès direct (mesure inscrite dans la loi de financement de la sécurité sociale depuis 2022 pour que certains médicaments arrivent plus vite auprès des patients français) le médicament sera remboursé par la sécurité sociale à 100% pendant un an. Une fois que le laboratoire et l'État se seront mis d'accord sur un prix, la crème Opzelura sera disponible dans toutes les pharmacies en ville.
La repigmentation demande de la patience
Thierry Passeron est professeur des Universités, praticien hospitalier au CHU de Nice et l'équipe Inserm qu'il dirige effectue des recherches sur la pigmentation. Et dans son service, ils sont près de 3 000 à être suivis pour le vitiligo. Du coup, certains patients, une dizaine au total - ont bénéficié du traitement en avant-première dans le cadre d'une étude internationale.
Le traitement a été bien toléré par les patients avec une grande efficacité sur le visage. Ce traitement suscite beaucoup d'espoir. Mais attention : c'est une vraie avancée, mais n'est pas un traitement miracle, la repigmentation s'effectue sur une durée allant de 6 à 24 mois. Il faut être assidu dans l'application de la crème.
Professeur Thierry Passeron, CHU de Nice
La crème cible le vitiligo non segmentaire
La dégradation progressive des mélanocytes, cellules produisant les pigments de la peau et sa conséquence, les taches blanches sur le visage et sur le corps génèrent un gros préjudice dans les relations avec les autres et la confiance en soi. Elle est mal connue des médecins généralistes qui diagnostiquent souvent une maladie psychosomatique, d'où une errance médicale fréquente.
La pathologie non contagieuse et non douloureuse apparaît dans la plupart des cas avant 30 ans, soit à la suite d'une lésion suite à un frottement régulier, soit suite à un stress hormonal, chirurgical, ou une infection. Le vitiligo est soit bilatéral et symétrique, soit segmentaire, c'est-à-dire qu'il ne touche qu'une partie du corps.
La crème Opzelura est un traitement préconisé dans le premier cas. Les résultats sont probants sur le visage, bien moins sur le corps.
En appliquant la crème deux fois par jour, le patient va se voir repigmenter de manière progressive si l'on se réfère aux résultats d'une étude de phase III qui fait état d'amélioration au visage au bout de six mois de traitement pour environ 31% des patients.
Claire Lhériteau-Calmé, porte-parole du fabricant en France.
Le professeur Passeron tient à préciser que dans ce cas précis, le soleil est un vrai ami dans la repigmentation au même titre que les UV en cabinet. Parmi ses patientes, Nathalie Simon. En 2023, elle avouait à France 3 Côte d'Azur avoir "décidé cette année, tout en continuant à le traiter, d'apprivoiser, d'aimer mon vitiligo... et surtout d'aider les gens qui en souffrent à retrouver de l'optimisme !"
Les autres traitements
Le spécialiste rappelle par ailleurs qu'un vitiligo actif constitue une urgence thérapeutique et qu'il est possible de bloquer les poussées avec de la cortisone et des UV en cabine. Et désormais, les patients peuvent bénéficier d'un traitement oral avec des inhibiteurs de Jak. Des études sont en cours permettent à certains d'entre eux de les intégrer.
Ce live entre le professeur Passeron et Nathalie Simon permet d'en savoir plus sur la maladie, et de faire la part du faux du vrai sur une maladie dont on peut limiter les effets.
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Une recommandation : consulter un spécialiste au moindre doute. Plus la prise en charge est rapide, moins la maladie progressera.