Présentée à Nice en janvier dernier par Gérald Darmanin, l’application "Ma sécurité" offre la possibilité de faire un signalement à un policier ou un gendarme via un système de messagerie instantanée.
"Un guichet unique de l’offre sécuritaire moderne de l’Etat". Tel est le principal objectif de l’application "Ma sécurité". Présenté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en janvier dernier à Nice, l’outil digital est disponible gratuitement en téléchargement sur les magasins d’applications depuis début mars. Né à partir d’une idée de la gendarmerie nationale, "Ma sécurité" a été pensée pour rapprocher les forces de l’ordre et les citoyens.
L’application offre la possibilité aux victimes d’escroqueries, de violences, ou encore d'agressions d’entrer en contact avec les forces de l’ordre via un système de messagerie instantanée disponible 24h/24 afin d’effectuer un signalement ou simplement pour trouver une oreille attentive, capable de les accompagner dans leurs démarches.
Une fonctionnalité qui vise en grande partie à assister les victimes de violences conjugales ou intrafamiliales qui hésitent ou même se refusent à déposer plainte au commissariat. Car ce qui freine souvent les victimes, c’est l’accueil qui leur est réservé au commissariat. Certaines parlent de minimisations des faits, de moqueries voire de refus de dépôts de plainte. Ici, les agents chargés de dialoguer en ligne avec les victimes ont été spécialement formés à la prise en charge des violences sexuelles, conjugales et intrafamiliales. Pour autant, les échanges entre la victime et le policier ou le gendarme ne constituent pas une pré-plainte, mais servent au signalement.
Une fonctionnalité qui vise en grande partie à assister les victimes de violences conjugales ou intrafamiliales qui hésitent ou même se refusent à déposer plainte au commissariat. "Il y a de réels besoins pour faciliter la libération de la parole", avoue l’adjudant-chef Le Roch, chargé de projet numérique à la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale à l'initiative de l'application mobile
Prévenir avant de guérir
"C'est bien de libérer la parole. Mais si après, quand les personnes se rendent au commissariat elles ne sont pas bien prise en charge, qu’on remet en cause leur parole après les avoir encouragé à parler, c’est un double traumatisme ! Il faut surtout qu’elles soient correctement accueillies", répond un membre de la coordination nationale de Nous Toutes.
En mars 2021, une enquête réalisée par le collectif au sujet de la prise en charge en commissariat des victimes de violences conjugales, sexistes ou sexuelles déclarait que "parmi les 3 496 témoignages récoltés, 66 % des répondantes font état d’une mauvaise prise en charge par les forces de l’ordre lorsqu’elles ont voulu porter plainte pour des faits de violences sexuelles”.
"Avoir des policiers formés derrière les écrans, c’est utile, l'application aussi, mais la prévention, c’est le plus important. À un moment, ça ne sert à rien de multiplier ces dispositifs, qui ne sont utiles que quand les violences ont déjà eu lieu. Il faut faire de la prévention et ça, le gouvernement ne s’en charge pas !" estime notre interlocuteur.
Adapté aux besoins de citoyens ultra-connectés
Pour voir le jour, "Ma sécurité" a dû s’adapter aux besoins et aux usages de français ultra-connectés. "Pour faire l’application, on a sondé 5 000 personnes avec un panel représentatif de toute la population qui disaient avoir besoin d’une application".
L’outil offre en effet une expérience numérique adaptée à leur besoin et personnalisable. Les adeptes ont la possibilité de s'abonner à des thématiques sécuritaires afin de recevoir un fil d’information adapté, ou encore de repérer quel commissariat ou gendarmerie se trouve à proximité.
Libérer du temps pour être plus présent sur la voie publique
Outre le développement d’une proximité avec les citoyens et la libération de la parole des victimes de violences, l'application mobile du ministère de l'Intérieur a pour mission de désengorger les points d'accueil.
"Plus on est présent sur la voie publique, plus on descend de la voiture, on sourit et on voit plus de monde. C'est essentiel. Si on reste derrière un bureau, on n'y arrivera pas !", estime l’adjudant, fier de la création d’une plateforme téléchargée 120 000 fois et qui réunit déjà plus de 30 000 utilisateurs actifs.