Une mère de famille, qui a sollicité une rencontre avec le maire de Nice, se sentant isolée, a raconté à la presse qu'elle aimerait aller chercher à la frontière syrienne son fils de 18 ans, candidat au jihad.
"Mon fils a eu 18 ans le 22 décembre", a précisé Michèle, qui ne donne pas son nom, à l'issue de son entretien avec le maire. Au repas de Noël en famille, Frédéric "a bu du champagne et mangé de la pintade farcie au porc", se souvient-elle. Le lendemain, il partait dormir chez un ami.
C'est un jeune livreur de pizzas du quartier qui lui apprend la nouvelle. "+Madame vous n'êtes pas au courant. Les jeunes m'ont dit que votre fils est parti en Syrie", a-t-elle raconté mardi.
Frédéric est parti avec ses chèques de Noël, environ 130 euros, pas de quoi acheter lui-même un billet d'avion..., dit-elle encore.
Depuis, Michèle raconte lui avoir parlé à plusieurs reprises sur Skype ou par téléphone, en apercevant une fois en arrière-plan un homme barbu bras croisés.
"Hier, il m'a appelée une minute, il m'a dit qu'il était en Syrie, mais sur mon téléphone apparaissait Turquie", remarque Michèle, qui a proposé de venir le chercher, suscitant une réponse évasive de son fils.
"Il m'a dit +je travaille+", mais "il travaille au maniement des armes?", s'interroge-t-elle.
"Je lui dis +rentre, c'est pas ta place, c'est pas le bon choix+", relate-t-elle.
"Il me dit +non je rentre pas+. Il me dit qu'il a vu des vidéos, qu'il est parti pour défendre des femmes et des enfants qui souffrent".
Désormais, elle trouve son fils "différent". Un jour, elle l'appelle par son nom de baptême, Frédéric. "Il m'a dit +ne m'appelle pas Frédéric+, pas gentiment".
7 ou 8 jeunes sont partis du quartier Saint Roch
Dans son quartier populaire de Saint Roch, dans l'est de Nice, 7 ou 8 jeunes sont partis comme son fils en septembre et décembre, selon elle.On lui a appris, dans son quartier, que son fils s'appelle désormais Abou Issa.
Pour autant la maman n'avait vu aucun signe avant-coureur chez son fils très aimant, dit-elle: "Sa chambre était comme d'habitude, je ne l'ai jamais vu prier, il n'avait aucun copain qui avait des signes religieux".
Le député-maire UMP de Nice Christian Estrosi a indiqué avoir alerté le ministre de l'Intérieur Manuel Valls. "Le problème est en train de prendre une proportion non négligeable" dans plusieurs quartiers de Nice, souligne-t-il en brandissant des photos confiés par des parents.
Le maire veut désormais "mobiliser une équipe spécialisée". "Certains peuvent revenir et devenir des Mohamed Merah en puissance", a-t-il commenté. "Les services de renseignement le savent, sans agir pour autant. La situation est grave. Mon devoir est de protéger ma ville".