Au lendemain de la défaite de Nice à Krasnodar (5-2) en Ligue Europa jeudi, le gardien niçois Yoan Cardinale avait les petits yeux, comme
ses partenaires, mais déjà le besoin vital de rebondir dès ce dimanche 17 heures devant Lorient.
Devenu gardien numéro 1 il y a presque un an, au gré des blessures de ses concurrents, Cardinale, 22 ans, trace ainsi sa route: "Une grosse Nationale 7 plutôt que l'autoroute".
Le sens de la formule qui claque, apprécié du vestiaire, chambreur irrévérencieux devenu rapidement très proche de Hatem Ben Arfa puis de la super star Mario Balotelli, il est surtout un énorme bosseur au mental de fer qui a appris à dépasser ses limites et un gabarit atypique (1,81 m, 84 kg).
Gamin, une anomalie de la croissance du genou l'avait ralenti lors de son passage à l'OM.
Il avait préféré rejoindre Air Bel, un club phocéen amateur réputé pour sa formation. Et y avait gagné le surnom de Spiderman "parce que j'avais arrêté tous les penaltys, 13 sur 13. Mais depuis que je suis pro, aucun". Zéro sur sept, toutes compétitions confondues.
Son dernier duel perdu n'est pas vieux. Il remonte à jeudi soir, face au Brésilien de Krasnodar Joanzinho, lors d'une soirée qui a vu Nice encaisser plus de buts que sur l'ensemble des sept premières journées de Ligue 1.
En prendre 5, ça fait mal! C'est le haut niveau, les erreurs ne pardonnent pas. Maintenant, il faut vite soigner cette petite plaie, assure-t-il.
D'autant que la place de leader du "Gym" et son invincibilité seront en jeu devant les Merlus dimanche, avant une trêve bienvenue.
Concurrence
D'ici là, il aura décortiqué "un million de fois" son match européen. Seul, puis avec Lionel Létizi, l'entraîneur des gardiens.
Perfectionniste, exigeant, Yoan Cardinale, natif de La Ciotat (Bouches-du-Rhône), a forcé ainsi bien des portes depuis son arrivée au "Gym" à l'âge de 15 ans. Il a largement participé à la quatrième place conquise au printemps, puis au bon début de championnat (meilleur gardien actuellement, avec 86% de tirs arrêtés).
Il ne se considère pourtant pas "numéro 1" mais "juste le gardien qui joue" et est donc reparti presque de zéro cet été.
L'arrivée d'un quatrième gardien, l'Argentin Walter Benitez, qui fera ses débuts avec la réserve ce week-end, après blessure, et qui postulera bientôt au poste, les contacts estivaux très poussés avec l'international rennais Benoît Costil n'incitaient guère à l'embourgeoisement.
Il reconnaît s'être alors "posé des questions". Avant de faire front: "jouer, c'est une récompense que tu dois gagner dans la semaine".
"Dans la facilité, tu as tendance à te laisser aller alors qu'il faut être à 300%. Toute ma vie est semée d'embûches et le restera. Ca me stimule. Comme l'hostilité des supporters adverses. Maintenant, j'ai compris Jérémie Janot (ex-gardien de l'ASSE), c'est trop kiffant."
Arrivé en début de saison, l'entraîneur Lucien Favre avait été séduit "par une belle personnalité, très souriante, franche, qui dégage du très positif et sait s'imposer très intelligemment dans le groupe". Et les Aiglons savent qu'ils ont toujours derrière un "gars prêt à aller au combat". Ca tombe bien, il y en a un dimanche.
- Avec AFP -