Le Suède se prépare au grand vide : Zlatan Ibrahimovic, qui prendra sa retraite internationale après l'Euro-2016, laissera une trace à la hauteur de son ego hors du commun dans un pays où les talents de son calibre risquent de ne plus émerger de sitôt. La der se jouera à Nice ?
"Le dernier match de la Suède à l'Euro sera mon dernier match avec la Suède. Donc j'espère vivement que ce ne sera pas ce mercredi", a sobrement déclaré le géant de 34 ans, lors d'une conférence de presse à Nice, à la veille d'une rencontre décisive contre la Belgique dans le groupe E.Le sortie est loin d'avoir le même panache que l'annonce de son départ du PSG, le mois dernier, frappée d'une formule collant davantage à son image, 100% mégalo: "Je suis arrivé comme un roi, je repars comme une légende".
Car contrairement au palmarès XXL qu'il s'est constitué avec le club parisien, à savoir quatre titres de champion, trois Coupe de la Ligue, une Coupe de France, grâce à ses 152 buts inscrits en seulement quatre saisons, "Ibra" n'a jamais connu le succès avec la Suède. De là à le rendre enfin modeste ?
Reportage dans Nice ce mercredi matin :
"Je suis la Suède"
"Il n'apparaîtra peut-être plus de Zlatan dans l'histoire du foot suédois. C'est une possibilité", a-t-il ajouté, conscient plus que quiconque de l'immense perte pour la nation scandinave, davantage réputée pour son équipe de hockey sur glace que pour ses footballeurs."Ce sera une grande perte. Il est unique. À la fois du point de vue du football, bien sûr, sachant le buteur qu'il a été pour nous. Mais aussi la personne qu'il a représentée pour le football suédois", a rendu hommage son sélectionneur Erik Hamrén lors de la même conférence de presse.
Car dire que la Suède est devenue "zlatano-dépendante", depuis ses débuts en sélection en janvier 2001, est un euphémisme. Meilleur joueur suédois de tous les temps avec 62 buts en 115 sélections, "Ibra" a notamment inscrit 11 des 19 réalisations lors des qualifications pour l'Euro achevées en barrage face au Danemark. Ses "kung-fu" (buts en extension, ndlr) ou ses inspirations géniales comme sa talonnade aérienne contre l'Italie lors de l'Euro-2004 ou son retourné de plus de 35 mètres contre l'Angleterre en 2012, ont contribué à écrire la légende du Suédois au catogan, fort en gueule, sûr de sa force, zlatanesque.
Une "omnipotence" telle qu'il n'a pas hésité à affirmer dans un entretien au Monde début juin: "Je suis la Suède".
Géant national, nain européen
Mais si "Ibra" a accédé à la notoriété mondiale, c'est aussi pour ses déclarations tapageuses et son charisme inégalable. As de la communication et roi du "sport business" à l'image de la marque de vêtements qu'il vient récemment de lancer, le Suédois sait que sa voix compte: "Je peux rendre (le président français François Hollande) populaire si je veux", "mais je ne sais pas si j'en ai envie".Dans cette publicité, il glisse quelques tacles à ses détracteurs :
##fr3r_https_disabled##De quoi faire du natif de Malmö, fils d'immigrés originaires des Balkans, le symbole d'une Suède multiculturelle qui s'affirme dans le monde.
Champion des Pays-Bas avec l'Ajax Amsterdam (2002, 2003), d'Italie avec l'Inter Milan et le Milan AC (2007, 2008, 2009, 2011) et d'Espagne avec Barcelone (2010), Ibrahimovic se mue en revanche "en gentille bête" - selon l'expression de son ex-partenaire du PSG Serge Aurier - quand il faut partir à la conquête de l'Europe.
L'ex-star du PSG n'a jamais remporté la Ligue des champions en clubs, tandis qu'en sélection son bilan est tout aussi mitigé: un seul quart de finale à l'Euro-2004 et deux huitièmes de finale au Mondial-2002 et 2006.
Mais si Cristiano Ronaldo ne parvient pas à marquer mercredi face à la Hongrie, "Ibra" peut devenir le premier joueur à marquer dans quatre Euros différents. Sa dernière chance de conquérir l'Europe à sa manière. - avec AFP -
Enjoying the west coast #itsnotaboutthegear @AZsportswear pic.twitter.com/hpZx4AVo16
— Zlatan Ibrahimović (@Ibra_official) 15 juin 2016