Certains maires azuréens avancent un déséquilibre dans les aides ou subventions accordées par la Région, arguant que ce fléchage dépendrait de leur étiquette politique. Une accusation contre laquelle le président de la région Sud PACA Renaud Muselier, s'inscrit en faux.
Le président de la Région aurait-il une dent contre les maires Les Républicains, que l'institution desservirait ?
Ce traitement que certains jugent inéquitable se traduit en chiffres et en lettres. Moins d'argent parviendrait aux communes estampillées LR.
Frédéric Masquelier est le maire de Saint-Raphaël. Sur les bords varois de la Méditerranée, il tonne en faveur d'un avis de tempête. Il est également président de la communauté d'agglomération Estérel Côte d'Azur.
Il incrimine la Région qui ne tiendrait pas ses engagements en matière de subvention. Le Théâtre le Forum se serait vu refuser 20.000 euros pour l'année 2021, à seul titre d'exemple.
Un autre ? "Nous avons près de 9 millions d'euros que nous attendons pour une usine de valorisation, et il est inadmissible qu'après que des engagements soient tenus, on puisse y revenir, sans donner de raisons, et de nous mettre dans une incertitude du point de vue de nos propres gestions" s'inquiète le premier édile de la commune.
C'est presque comme si l'on voulait nous créer volontairement des difficultés. C'est inadmissible.
Frédéric Masquelier, maire de Saint-Raphaël
Les élus LR mis à l'amende ?
Des élus sont ainsi convaincus que leur étiquette politique est la cause de ce fléchage de fonds publics alors que la présidence de la Région s'est rapprochée du camp Macron. Renaud Muselier a même décidé il y quelques temps de créer son propre mouvement, comme pour entériner la séparation d'avec son ancien camp politique.
Le maire de Cannes, David Lisnard, également président de l'AMF - l'association des maires de France a le même avis. Comme le relate nos confrères de l'audiovisuel public, France Bleu Azur dans une interview qu'ils ont réalisée.
Après une analyse comparative des fonds mis en place par la Région pour les collectivités locales, l'équipe raphaëloise assure qu'il y a une différence de traitement.
Christine Bourbon, la directrice générale adjointe en charge des finances de la Ville de Saint-Raphaël, abonde elle dans ce sens.
Il y a effectivement une forte disparité entre collectivités, entre territoires. Nous avons constaté effectivement que les métropoles étaient les mieux dotées, surtout la métropole de Nice qui se place toujours dans le top 3, voire la première place des classements. Rappelons que l'équipe niçoise est jugée proche celle qui gère, depuis Marseille, la Région Sud PACA.
Sur les sept années observées par Christine Bourbon, c'est une moyenne de 7,58 euros par habitant qui auraient été octroyés par la Région, quand au sein de la métropole Nice Côte d'Azur, c'est 34,75 euros par habitant. Soit un chiffre supérieur de plus de 4,5 fois.
Le maire de Saint-Raphaël s'est alors tourné vers le président de la Région pour tenter d'avoir des explications. "On aurait touché près de 25 millions d'euros pour l'agglomération, et plus de 11 millions d'euros pour la maire de Saint-Raphaël. Je me suis rattaché évidemment à mes services, parce que je n'avais pas vu cet argent passer... Ils m'ont confirmé des sommes bien en deçà [...] puisque nous avons 1,3 million d'euros versés pour la ville, soit près de 10 fois moins. Et en ce qui concerne la communauté d'agglomération, c'est 1,5 million d'euros qui ont été versés, soit près de 20 fois moins."
Renaud Muselier contre-attaque
Sur l'antenne de France 3 Côte d'Azur ce jeudi 13 octobre à midi, le président de la Région s'exprimait en direct, dans notre journal télévisé, depuis le Salon des communes et des intercommunalités des Alpes-Maritimes.
Renaud Muselier argumente alors en faveur d'un hors-sujet pour le maire varois cité plus haut. Pour le président de Région Sud, ces "dossiers (de financement, ndlr) ne sont pas éligibles pour toute une série de raisons. Ils sont mal montés, mal positionnés et ne s'inscrivent pas dans la politique régionale".
Seule une poignée de maires LR mènerait la fronde selon lui, comme à Cannes, Saint-Raphaël ou Mandelieu…
Une querelle qui sonne peut-être la fin d'une certaine idée du vivre ensemble au sein des forces de la droite pour le quart sud-est.