Une centaine de lettres, photos, plâtres, dessins et souvenirs personnels du peintre Pierre-Auguste Renoir ont été dispersés aux enchères à New York, avec résultats mitigés. Certaines pièces phare n'ont même pas trouvé preneur.
Les lettres de Renoir à sa femme Aline ont toutes été vendues, les plus disputées étant celles où il parlait de son art. La plus coûteuse a été adjugée 12.500 dollars (avec taxes). Une demi-douzaine, écrites par le peintre impressionniste à son fils Jean Renoir, ont également quasiment toutes dépassé les estimations. La plus chère a été adjugée plus de 7.000 dollars.Une lettre de Monet à Renoir, écrite de Giverny en 1914, a atteint 20.000 dollars, nettement au-dessus des estimations, une autre de Manet à Renoir 16.250 dollars.
Et la petite toile "Les Bécasses", la dernière peinte par Renoir, achevée quelques heures avant sa mort le 3 décembre 1919 à 78 ans, est partie à 125.000 dollars.
Aucun preneur; en dessous des estimations
Mais la plupart des plâtres, dont "Le buste de Mme Renoir", "Maternité", "Buste de la maternité", n'ont pas trouvé preneur, les autres partant bien en dessous des estimations.La "Vénus victorieuse" de Renoir et de son assistant de l'époque, le sculpteur français Richard Guino, la pièce phare de la soirée, a notamment été adjugée pour la moitié de son estimation basse, à 445.000 dollars.
Certains lots à l'intérêt relatif --factures de ses obsèques, acte de mariage, courriers officiels-- n'ont pas non plus trouvé preneur.
Parmi les effets personnels du peintre, ses lunettes sont parties à 6.250 dollars, son pince-nez à 5.000, son écharpe de soie rouge à pois est partie en dessous de son estimation, à 3.750 dollars.
"De nombreux souvenirs de famille"
Cette vente exceptionnelle était organisée à deux pas de Central Park, par la maison Heritage, qui en espérait 3 millions de dollars. Le total final a été 1,28 million.L'ensemble de cette collection appartenait à l'un des petits-fils de Renoir, Paul, installé aux États-Unis, qui l'avait vendue en un seul lot avant sa mort en 2005.
Elle avait été achetée à l'époque par une galerie installée en Arizona (sud-ouest), Rima Fine Arts, qui la remettait en vente en lots séparés.
En France, Jacques Renoir, l'arrière-petit-fils du peintre impressionniste, avait dénoncé ce "nouveau dépècement de l'intimité de Renoir par la mise en vente publique de nombreux souvenirs de famille qui comprennent (...) des objets intimes, lettres personnelles, photographies, y compris de Renoir sur son lit de mort".
Dans une lettre ouverte à la ministre française de la Culture Aurélie Filippetti, ainsi qu'au musée d'Orsay à Paris et au musée Renoir de Cagnes-sur-Mer, dans le sud de la France, il avait exprimé l'espoir que ces deux institutions achètent certains des lots.
La vente avait suscité un énorme intérêt, selon Brian Roughton, directeur des beaux-arts chez Heritage.
"De nombreux musées sont venus voir la collection, pour la plupart français", avait-il expliqué avant la vente, précisant qu'il s'agissait "des plus importants": "Renoir est une figure tellement sacrée, tellement importante pour l'art impressionniste et l'art en général".