Un ancien électricien, Pierre Le Guennec, et son épouse Danielle, ont condamnés en 2015 à deux ans de prison avec sursis pour le recel de 271 oeuvres de Picasso. Ils comparaissent en appel ce lundi à Aix-en-Provence.
LES FAITS
En 2010, Pierre Le Guennec, un électricien de Mouans-Sartoux à la retraite, annonce aux héritiers de Picasso qu’il possède dans un carton des dessins de l’artiste. Un cadeau de Jacqueline Picasso, affirme-t-il, qui remonterait à l’époque où l’artisan travaillait pour le couple à Mougins. Il était devenu un habitué des lieux. Un don, ce carton qui contient un carnet de 90 croquis et plusieurs dizaines de dessins et de collages cubistes réalisés par Picasso ?
Le tout est resté entreposé dans le garage du couple Le Guennec pendant 40 ans. L’électricien explique qu’il n’a jamais songé à vendre ces "brouillons" mais que, malade, il souhaite protéger ses enfants en les faisant authentifier. La Picasso Administration authentifie les oeuvres, mais elle ne croit pas à cette histoire de don et dépose plainte.
LE PROCES
Pierre Le Guennec et son épouse sont finalement mis en examen et renvoyés en février dernier devant le tribunal correctionnel de Grasse, pour recel d’oeuvres frauduleusement acquises. Durant le procès en première instance, les témoignages de proches et d'experts de Picasso ont tous convergé pour détruire la thèse d'un don. D'autant, ont fait valoir ses héritiers, que Pablo Picasso avait l'habitude de dédicacer et signer les oeuvres qu'il offrait et qu'il n'en donnait jamais une telle quantité.
Le couple de retraités de Mouans-Sartoux est reconnu coupable de "recel de biens provenant d'un vol" par le tribunal de Grasse, qui décide de remettre les oeuvres au fils de l'artiste, Claude Ruiz-Picasso, représentant les six héritiers au procès.
L'APPEL
L'électricien, qui avait travaillé pour Picasso entre 1970 et 1973, soutient que les 271 oeuvres, qui datent de 1900 à 1932, empilées dans un carton durant quarante ans, sont un cadeau de Jacqueline Picasso, dernière épouse de l'artiste, offert en 1971 ou 1972 dans son mas de Mougins, en remerciement de leur dévouement.
On est des gens honnêtes
Les époux Le Guennec décident de faire appel de leur condamnation. L'audience ce lundi devant la Cour d'appel est prévue sur une journée. Les prévenus encourent une peine maximale de cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende ou la moitié de la valeur des biens recelés.
En février dernier, nos journalistes avaient suivi le procès et ont réalisé un documentaire de 26 minutes retraçant cette affaire hors-norme.
Document signé Magali Roubaud-Soutrelle et Denise Delahaye.
Prise de son: Philippe Millois. Montage: Géraldine Giodano. Mixage: Eric Elkoubi. Avec la complicité d’Olivier Theron et Virgile LLado.