Le Président de la République est attendu ce lundi 5 décembre pour une visite à l’occasion du 10e anniversaire du site mémorial du Camp des Milles. Retour en cinq infos sur ce lieu riche en histoire.
La nouvelle a été accueillie avec "une profonde satisfaction" par le président de la fondation du Camp des Milles, Alain Chouraqui.
Celle de la venue du Président de la République sur le site de cet ancien camp français d’internement et de déportation. Une visite officielle qui intervient à l'occasion des dix ans du site-mémorial, un musée de 15.000 m² présentant le passé de ce lieu.
A l'origine, une tuilerie
Le Camp des Milles, c'est un endroit chargé d'histoire. Il ouvre en 1939 au sein d'une tuilerie située entre Aix-en-Provence et Marseille, au lendemain de la déclaration de guerre. C'est au départ un lieu d'accueil pour les ressortissants qui ont fui la dictature d'Hitler.
Sous l'Occupation, il se transforme en camp d'internement. En un peu plus de trois ans d'activité, il voit passer plus de 10 000 internés.
Des prisonniers originaires de 38 pays, parmi lesquels de nombreux artistes et intellectuels.
Près de 2000 déportés pendant la guerre
Le site mémorial du Camp des Milles a ouvert ses portes le 10 septembre 2012. Il souffle cette année sa dixième bougie. Un anniversaire qui coïncide avec un autre événement beaucoup plus sombre.
Il y a exactement 80 ans, 1938 personnes étaient déportées depuis le Camp des Milles vers Auschwitz. "Le régime de Vichy est même allé jusqu'à déporter des enfants" rappelle Alain Chouraqui soulignant qu'une centaine d'enfants y ont été déportés.
Chaque année une journée de mémoire leur est consacrée.
Un lieu d'histoire en parfait état
Le Camp des Milles est le seul grand camp français d'internement et de déportation encore intact et visitable.
Il devient donc peu à peu un espace d’éducation citoyenne et de culture, conçu principalement pour les jeunes.
Selon la fondation, "près de 600 000 jeunes, scolaires ou non", ont déjà été accueillis, "pour la plupart de moins de 25 ans".
Décortiquer les rouages de l'horreur
Pour son président, ce lieu délivre une approche du devoir de mémoire "unique au monde".
"Dans le monde entier, un mémorial présente l'histoire. Nous ajoutons à cela un regard pluridisciplinaire pour analyser les mécanismes qui peuvent conduire au pire et des pistes d'action pour l'éviter.
Cela grâce à une méthode de convergence des mémoires qui a aujourd'hui une reconnaissance internationale très forte."
Le site mémorial du Camp des Milles reçoit régulièrement la visite d'anciens déportés et résistants. Parmi eux Herbert Traube. Déporté du camp, il a 18 ans lorsqu'il réussit à s'échapper du train avant de rejoindre la Résistance. Aujourd'hui, il raconte son histoire dans les écoles et les lycées.
Pour Alain Chouraqui, "dès qu'il y a un message de haine, il faut réagir".
"Nous sommes dans une situation où nous voyons à nouveau les extrémismes monter, et même arriver au pouvoir dans certains pays. Tout cela dans un contexte de guerre contre l'Europe démocratique. C'est tout à fait inquiétant."
30 ans de lutte mémorielle
"Nous notre demande initiale était que ce soit un musée public, mais il a fallu qu'on prenne les choses en main pour mener à bien ce projet."
Alain Chouraqui se remémore les débuts compliqués de la fondation pour doter ce lieu d'histoire d'une structure dédiée à la mémoire.
"Le frein principal, était que très peu voulaient mettre en avant cette histoire terrible de Vichy." Pour lui, le tournant s'opère lorsque Jaques Chirac reconnaît publiquement la responsabilité de l'état français au Vel d'Hiv en 1995. Un acte "très courageux" pour le président de la Fondation du Camp des Milles.
Aujourd'hui, pour lui, cette visite d'Emmanuel Macron est une reconnaissance. Celle "de 10 ans de travail pour développer ce lieu auprès de tout les publics".