Le mur de protection devant une école à Arles soulève la polémique

Le "mur de protection", décidé par la mairie d'Arles, le rectorat d'Aix-Marseille et la direction de l'école Jules Vallès fait déjà polémique alors que sa construction n'est pas terminée.

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Sa construction n'est pas finie, mais le mur fait déjà polémique. D'une hauteur de 2,4 mètres, il est destiné à remplacer la clôture de l'école, pour protéger les enfants. Fin juin, Marwane, un jeune de 15 ans, est mort tué par balles, à proximité de l'établissement. Une semaine avant, des coups de feu avaient été tirés, dans ce même quartier de Griffeuille, par des hommes cagoulés. 

La municipalité d'Arles a donc décidé de la construction de ce mur "anti-intrusion", comme il en existe, d'après les services municipaux, dans deux autres écoles de la Ville. Une décision prise conjointement avec le rectorat d'Aix-Marseille et la direction de l'école. 

Patrick de Carolis, maire d'Arles, s'explique : "Suite au drame qui a endeuillé notre ville il y a 10 jours, avec la disparition du jeune Marwane, nous avons mis en place un dialogue avec l'ensemble des acteurs du quartier dont une grande partie nous a demandé le remplacement de la clôture par un véritable mur. Cela, afin de sécuriser la cour de l'école et d'empêcher quiconque d'y accéder, comme cela était le cas jusqu'alors".

Interrogé sur la consultation des parents d'élèves, le maire précise : "La demande émanait surtout de la communauté éducative : la directrice, les enseignants mais aussi nos agents municipaux. Eux-mêmes ne se sentaient plus en sécurité avec cette simple clôture et étaient inquiets pour les élèves. Je suis certain que les parents d'élèves comprennent cette décision qui a déjà était prise dans de nombreuses autres écoles de la ville."

Un mur symbole de la polémique

En attendant, avant même la fin de sa construction, le mur a déjà été rebaptisé par certains, "mur anti-tirs" dans un climat polémique lié notamment à la situation du quartier et aux difficultés rencontrées au quotidien par les habitants.

Ces derniers sont favorables ou non à cette construction fermant l'école, mais tous estiment que ce mur n'apportera pas de solution au problème de fond. 

D'après Bruno Bartoccetti, du syndicat Unité SGP Police, "Qu'on en arrive là prouve que le danger est réel. Ce qui est terrible, c'est qu'on met un mur de prison, on donne l'impression de s'emprisonner et de laisser les voyous à l'extérieur".

À ceux qui pensent que cette décision enferme les enfants, le maire répond :

"Je comprends que cela puisse interpeller certains habitants et je suis d'accord avec ceux qui disent qu'il ne s'agit pas d'une solution miracle. Mais notre seule boussole, ici, c'est la sécurité de nos enfants. Bien-sûr, nous sommes soucieux du bien-être de nos enfants et nous n'allons pas laisser ce mur brut. Nous allons le peindre et un projet éducatif verra le jour à la rentrée avec une belle fresque"

Au delà de la dimension esthétique, ce mur porte symboliquement le malaise de certains quartiers populaires, assorti d'un sentiment d'impuissance.

"C'est un échec de la politique de l'État, mais sur des décennies. Dix mille policiers sur cinq ans c'est important, mais il faut aller au-delà, avec des animateurs sociaux, professionnels, dans les quartiers, et aussi que cela ne se limite pas à la police. Il faut que la justice puisse sanctionner immédiatement !", estime Bruno Bartoccetti.

On ne parle pas assez de la recrudescence de la circulation des armes à feu

Bruno Bartoccetti, syndicat Unité SGP Police - Force Ouvrière

Côté politique, les réactions ne se sont pas fait attendre. Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône, condamne "l'échec de la politique sécuritaire de l'État": On laisse les gens tirer sur les enfants, on laisse la voyoucratie dans la rue...".

Quelle alternative, selon l'élue? "Mettre les voyous en prison, s'assurer que les peines de prison soient exécutées et que les délinquants étrangers soient expulsés du territoire". Le tireur qui a tué Marwane n'a toujours pas été retrouvé, son identité reste inconnue. C'est la police judiciaire de Marseille qui est en charge de l'enquête. 

Interrogé sur le mur, signe d'un échec de la politique sécuritaire de l'État, Patrick de Carolis balaye la polémique :

"Le temps n'est pas aux polémiques. Ici, à Arles, nous voulons travailler main dans la main avec l'Etat pour améliorer les choses. Nous faisons de notre côté beaucoup d'efforts sur la sécurité en augmentant nos effectifs de Police Municipale et le nombre de caméra de vidéo-protection. De son côté, l'Etat aussi fait ce qu'il peut !"

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