Des Istréens manifestent parce qu'ils manquent sérieusement de médecins. Le désert médical ne concerne pas que les campagnes. Des villes sont également touchées.
Un collectif de patients organise une marche. Le samedi 11 décembre, ils veulent attirer l'attention sur la situation de leur ville, Istres. Ils sont bien emmitouflés, mieux vaut éviter de prendre froid dans ces conditions.
Les déserts médicaux se rapprochent des villes. A Marseille, le quartier du Canet se mobilise également.
C'est toute la France qui est malade
Gérard Gaignaire, Istréen
Gérard Gaignaire fait partie du cortège "C'est pas spécifique à Istres, la médecine en France est malade (...) Les maisons médicales, c'est bien mais pour les petites pathologies. Pour une maladie grave, problèmes cardiaques, cancer... il faut un médecin référent, c'est très important."
Le médecin généraliste Michel Sciara prend sa retraite dans vingt jours. Devant la maison de la santé, il montre les 25 plaques de médecins qui pratiquent ici.
Une maison de santé professionnelle peut paraitre très attractive pour un jeune médecin qui s'installe. "Mais on s'aperçoit que la première question qu'ils posent c'est "est-ce que c'est en zone franche ?" raconte le généraliste. La réponse étant négative, le cabinet ne les intéresse pas.
Pour un généraliste, une consultation s'élève à 25 euros. Une fois les charges payées (loyer, secrétaire, Urssaf…) il reste 10 à 12 euros. "A 12 euros les 20 minutes, après 10 ans d'études, c'est pas payé. En Europe, vous avez une moyenne de 60 à 80 euros la consultation généraliste."
Le métier, très respecté, est plus difficile qu'on ne pense. Divorce, burn-out, suicide... la profession est très touchée. Les horaires sont lourds "et nous sommes confrontés à la misère humaine toute la journée. C'est ça la vie d'un médecin libéral," conclue Michel Sciara.
Une affaire de chiffres
45 médecins en 2015, 22 médecins en 2021, le nombre est insuffisant pour couvrir les besoins de cette ville.
Selon le collectif "désert médical", en 2022, un départ massif de médecins à la retraite va se produire, sans remplacement.
20.000 patients sur 45.000 seront alors privés de médecin généraliste référent.
Ce collectif veut que les politiques se saisissent du problème. En pleine campagne présidentielle, certains candidats s'empareront peut-être du dossier. A moins que le désert médical soit un sujet tabou ?
Pour Noël, les médecins viennent de recevoir un message de la fédération hospitalière de France. Elle leur demande de reporter leurs congés pendant les fêtes pour ne pas surcharger les hôpitaux qui font face au Covid.