L’association LSF Med fête ses 40 ans. Elle œuvre pour la promotion et le développement de la langue des signes comme un moyen de communication à part entière. Voici cinq choses que vous ne connaissez peut-être pas sur le quotidien des sourds et malentendants.
Fondée en 1981 par un enseignant entendant, Jean-Noël Dreillard, LSF Med enseigne la langue des signes à un large public de personnes entendantes, aussi bien aux familles d’enfants sourds qu’à des professionnels, éducateurs, enseignants, orthophonistes, médecins ou encore psychologues…
L’objectif de l’association marseillaise est de contribuer à une meilleure connaissance de la LSF, de la culture sourde par les entendants et par là même, d'ouvrir de nouveaux horizons à la communauté sourde dans notre société.
Voici cinq choses à savoir sur le quotidien des sourds et malentendants.
- La reconnaissance vocale qui change la vie
Les personnes sourdes et malentendantes peuvent depuis longtemps utiliser les SMS pour communiquer par smartphone. Elles peuvent même opter pour un forfait 100% texto qui bloque les appels vocaux.
Grâce aux dernières avancées technologiques, elles disposent désormais aussi d'applis très utiles pour communiquer avec leur entourage "entendant". Basées sur la technologie de reconnaissance vocale de Google, ces applications permettent de transcrire par écrit de façon instantanée des paroles dans des dizaines de langues.
À peine prononcés, les mots s'inscrivent sur l'écran, un peu comme lors des allocutions télévisées du président de la République. Et s'il y a des erreurs, en fonction du contexte, elles sont corrigées au fur et à mesure de la conversation...
- L'alarme incendie efficace sans sirène
Depuis 2015, il est obligatoire de doter chaque logement d'un détecteur de fumée. Pour les personnes sourdes et malentendantes, il existe des dispositifs adaptés, donnant l'alerte par des flashs lumineux, vibrations ou sons basse fréquence.
Paradoxalement, aucune obligation n'est faite au locataire ou propriétaire sourd ou malentendant de s'équiper d'un matériel adapté... Il faut préciser que ces modèles sont plus chers que les standards, mais il existe des aides possibles.
- Se réveiller sans bruit
À défaut de réveil matin, il existe d'autres solutions pour ne pas être en retard. Au lieu de se réveiller en musique ou au son de l'alarme, il est possible de choisir d'autres options.
Pour un réveil en douceur, le simulateur d'aube est tout indiqué. Moins onéreux, le programmateur branché sur la lampe de chevet fonctionne aussi.
Plus original, il y a aussi le coussin vibreur, glissé sous l’oreiller, avec flash lumineux activable, idéal pour les plus difficiles à réveiller. Dans le même registre, il existe aussi des montres vibrantes qui permettent de se réveiller en douceur et sans réveiller l'autre.
- Pas de langue des signes universelle
Par méconnaissance de la LSF, beaucoup s'imaginent que l'on parle la même langue des signes à Paris ou New York. Or chacune a un fort ancrage culturel et il existe ainsi plus de 100 langues des signes à travers le monde.
Car la langue des signes est bien une langue à part entière, reconnue comme telle en France par la loi du 11 février 2005. Comme son nom l'indique, la langue des signes compte entre 40 et 60 différentes gestuelles des mains, elle possède aussi ses règles de grammaire et une syntaxe propre à sa dimension visuelle et spatiale.
Et si l'on met ensemble, un Américain, un Néo-Zélandais, un Britannique, malgré une langue orale commune, l'anglais, il n'est pas sûr qu'ils se comprennent si facilement en langue des signes. Alors que l'Américain "s'entendra" plus facilement avec un Français. Pour la simple raison que c'est Laurent Clerc, un Français, qui a cofondé la première école pour sourds aux États-Unis en 1818.
La langue des signes se caractérise aussi par des particularités régionales et comme toute langue, elle évolue aussi dans le temps.
La Fédération nationale des Sourds de France estime à environ 300.000 le nombre de personnes sourdes ou malentendantes en France. Entre 80.000 et 120.000 d'entre eux communiquent couramment par langue des signes.
- La LSF autorisée à l’école à partir de 1991
Cela fait trente ans que la LSF était autorisée à l’école. C'est la Loi Fabius en 1991 qui donne aux parents la possibilité de choisir la LSF comme langue d’enseignement pour leur enfant sourd.
Selon les chiffres de l'Éducation nationale, les enfants sourds et malentendants sont environ 10.000 à être scolarisés, dont 7.700 en milieu ordinaire.
Le parcours scolaire de ces élèves est semé d'embûches et selon les associations spécialisées, cela se traduirait notamment par un retard de six ans dans l'acquisition de la lecture.
Les chercheurs préconisent le bilinguisme parlé et signé. Mais à l'heure actuelle, seulement 3 % des enfants sourds et malentendants scolarisés suivraient une scolarité réellement bilingue (LSF et français écrit).
- Le port du masque, un handicap supplémentaire
Depuis plus de 18 mois, le masque "anti-covid" fait partie de notre quotidien. Il est obligatoire dans les espaces fermés comme les commerces. Pour les sourds et malentendants, c'est une double peine.
Le port du masque est inconfortable pour ceux qui sont équipés d'appareils auditifs. Il rend aussi toute compréhension impossible, aussi bien pour ceux qui lisent sur les lèvres que pour ceux qui pratiquent la langue des signes.
On estime qu'il y a au moins 100.000 sourds "signants" en France, qui utilisent la LSF comme communication principale.
La LSF s'appuie autant sur la gestuelle des mains que sur les expressions du visage et le masque opaque prive le sourd "signant" de tout un pan de subtilités des échanges.
Il existe bien sûr des masques dotés d'une large bande transparente au niveau de la bouche, permettant de voir les expressions du visage et de lire sur les lèvres.