L'Académie d'Aix-Marseille organisait, ce lundi 27 juin, une journée de recrutement d'enseignants contractuels sans formation, façon "job dating" pour la rentrée. Une situation jugée scandaleuse par les syndicats alors que 56 enseignants formés sont encore sur liste complémentaire en attente de poste.
"30 minutes pour recruter des profs", si ce type de recrutement express de contractuels organisé début juin par l'Académie de Versailles avait suscité la polémique, l'initiative continue de se déployer dans toute la France.
Ici, dans l'Académie d'Aix-Marseille, l'annonce passée sur Pôle Emploi ne demande aucune autre compétence qu'un Bac+3. Elle propose des "salaires indigents et des contrats précaires", proteste le SNUipp-FSU 13.
Scandalisés par ces "jobs dating" destinés à embaucher des vacataires non formés, les syndicats ont appelé les enseignants à se mobiliser ce lundi 27 juin devant le siège de la Direction des services départementaux de l'Education nationale des Bouches-du-Rhône (DSDEN 13) pour manifester leur opposition à cette politique éducative.
Des "jobs dating", en réponse au manque d'enseignants ?
Les enseignants du 1er degré tenaient à manifester aujourd'hui devant les locaux de leur employeur pour réaffirmer l'urgence à sauver le soldat Education nationale.
Pour cela, ils réclament la mise en place de mesures fortes de recrutement et de hausses des salaires pour rendre de nouveau leur métier attractif.
"Incompréhensible et inadmissible"
Ce dispositif est jugé d'autant plus choquant que 56 enseignants formés sont encore sur liste complémentaire, une semaine après la publication des résultats du concours des professeurs des écoles.
En clair, ces enseignants attendent d'être appelés pour intégrer la fonction publique et embrasser une carrière qu'ils ont choisie.
"Non seulement l'Académie ne fait pas ce choix là mais en plus, elle recrute des contractuels à leur place. Il s'agit là d'un choix politique fort qui est celui de préférer précariser la fonction publique et de faire appel à des postulants pôle emploi qui ne seront pas formés, pour pallier la pénurie d'enseignants à court terme, plutôt que de répondre, par le recrutement de fonctionnaires sur la totalité d'une carrière, à une situation de pénurie qui, pour nous, est beaucoup plus structurelle", réagit Virginie Akiouat, secrétaire départementale du syndicat des enseignants.
"Enseigner, ça ne s'improvise pas "
Pour le SNUipp FSU13, ce recours à ces "jobs dating" est une pure application de la loi de transformation de la fonction publique.
Le recours à la contractualisation dans la fonction publique nuit, selon le syndicat, à la qualité du service public qui est rendu.
Dans l'Education nationale, "être enseignant, ça a du sens, ça veut dire former la future génération de citoyens, et ça, ça ne s'improvise pas, ça s'apprend", poursuit Virginie Akliouat.
"Ces enseignants contractuels vont vraiment essayer de faire de leur mieux dans les classes ; nous n'avons aucun doute là-dessus et nous l'observons déjà dans nos écoles avec les collègues contractuels qui sont en poste actuellement".
"Là où se pose le véritable enjeu c'est lorsque, ces vacataires non formés, sont confrontés à des élèves en grande difficulté scolaire qui ne bénéficient d'aucun suivi familial. Et quand on n'a pas reçu de formation adéquate pour gérer ces différentes situations d'échec scolaire, ce sont ces élèves-là qui en pâtissent le plus et qui restent au bord de la route", explique la secrétaire départementale du SNUipp FSU13.
Le recours à la contractualisation dans les métiers de l'enseignement contribue fortement à créer une école à deux vitesses et accentuer les écarts scolaires que l'on peut déjà observer
Virginie Akliouat, secrétaire départementale du SNUipp-FSU13
Mercredi 29 juin, les membres du SNUipp FSU 13 interpelleront le recteur de l'Académie d'Aix-Marseille sur ces questions.
Dans le cadre d'une nouvelle instance académique, le syndicat posera officiellement son exigence de recrutement des 56 enseignants de la liste complémentaire.