Les employés de Carrefour se mobilisent pour protester contre la mise en location-gérance de plus de 80 magasins de l'enseigne.
En mai dernier, Carrefour annonçait que 47 magasins de l'enseigne de grande distribution allaient passer en location-gérance. Mi-octobre, ce sont 43 autres magasins qui venaient s'ajouter à la liste. Ce mode de gestion, confère à une personne physique ou morale le droit d'exploitation du fonds de commerce en échange d'une redevance au propriétaire, ici Carrefour. Si le groupe affirme que cette solution est "le seul modèle de gestion qui permet de préserver l'emploi et d'assurer le redressement" des magasins en difficulté, les salariés des supermarchés concernés craignent pour leurs acquis sociaux en quittant le giron de Carrefour.
Dans les Bouches-du-Rhône, trois hypermarchés sont concernées : ceux de Vitrolles, de Grand Littoral et de Bonneveine et leurs salariés s'inquiètent déjà des conséquences de ce changement. À Vitrolles notamment, plusieurs syndicats ont appelé à la grève pour protester contre cette décision. "Aujourd'hui concrètement on fait un blocage du magasin pour demander une négociation avec la direction. Nous ce qu'on veut c'est conserver nos acquis sociaux", détaille Gérard Kasparian, délégué Unsa Carrefour.
Si l'ambiance était bonne parmi les 500 grévistes, soit la quasi totalité des employés, les symboles, eux, étaient forts, à l'image de ce corbillard représentant Carrefour, sur lequel une caricature d'Alexandre Bompard, PDG du groupe, faisant un doigt d'honneur était apposée. "Ce corbillard représente la mort de nos acquis sociaux, après que Carrefout ai dégagé ses plus gros bénéfices pendant la crise du Covid-19. À croire que ça s'appelle le coronabusiness", déplore Reda Longar, délégué CGT Carrefour.
Entre dégoût et dépit, le coeur de Michael, réceptionniste au Carrefour de Vitrolles, oscille : "Je suis complètement dépité, on a donné sans compter pendant quatre ans quand Mr Bompard nous a dit de faire des efforts et maintenant qu'on a donné donné donné, que le magasin est redevenu dans un état stable et que l'on a fait les meilleurs chiffres depuis 20 ans on nous apprend ça, eh bien moi je n'ai plus envie de donner." Même son de cloche et mêmes regrets pour Guislaine qui travaille à Carrefour depuis plus de trois décennies. L'employée ne se fait pas d'illusion sur la suite des évènements : "Aujourd'hui on est dans un climat qui est très anxiogène. Le locataire-gérant ne va pas reprendre un magasin avec le nombre de salariés et avec les primes que l'on a. On va perdre en prime, on va perdre en qualité de travail. Bien sûr qu'on a peur de cette location-gérance, on a peur de ce qui va nous arriver dans l'avenir et de tout ce qu'on va perdre."
Pour l'heure, la direction nationale de Carrefour a précisé que les éventuels repreneurs de ces magasins n'étaient pas encore connus.