C'est un spectacle auquel on est encore peu habitué dans les grandes agglomérations : voir des bêtes pâturer sur des parcelles en pleine ville. A Marseille, un troupeau d'une quinzaine de brebis participe à l'entretien de terrains municipaux. Cette valorisation s'accompagne de moments d'échange avec les habitants.
Un air de campagne en pleine ville de Marseille. Des brebis paissent tout près des lotissements et immeubles de la cité phocéenne, au cœur du 11ᵉ arrondissement.
Depuis 2 ans et demi, le troupeau de l'association "Les Moutons marseillais" sillonne les 300 parcelles municipales vierges de la ville.
Des brebis afin de favoriser la biodiversité et de limiter le risque incendie
"En broutant, elles coupent l'herbe qui pousse, leurs excréments vont enrichir le sol, leur piétinement modifie la première structure du sol, ce qui va le dynamiser et favoriser la biodiversité" explique Arthur Aude, berger coordinateur de l'association "Les Moutons marseillais".
Les brebis dans des espaces ouverts comme cette prairie vont permettre d'augmenter la biodiversité
Arthur Aude, berger coordinateur de l'association "Les Moutons marseillais"
Des écologues conseillent l'association au sujet de la durée et des lieux de pâturage des brebis, en fonction des besoins, variables.
Ainsi, au printemps et au début de l'été, les brebis vont manger les fleurs, empêcher la flore de s'exprimer et les petits insectes de se nourrir, mais leur rôle à cette époque de l'année est différent. Elles se transforment en agents du débroussaillement dans les zones sujettes au risque incendie où l'équipe choisit de les placer. Tout est question de dosage et de connaissance du terrain.
300 zones vierges à entretenir dans toute la ville
Le berger de l'association "Les Moutons marseillais" a pris l'habitude de déplacer son troupeau d'un secteur à l'autre sans véhicule, quitte à passer dans des lieux assez insolites, comme le tunnel de la Belle de Mai.
Cernées par la ville, et protégées du loup
Protégées par l'environnement urbain, les brebis ne craignent pas les prédateurs : le loup est à Marseille hors de portée. Les brebis reçoivent plutôt la visite de quelques humains curieux.
C'est l'un des objectifs de l'association les moutons marseillais. Au-delà de l'entretien et des soins à l'environnement et à l'écosystème, les brebis favorisent une reconnexion des habitants au monde rural, avec les bienfaits associés désormais reconnus.
"Ce sont des animaux paisibles, leur présence amène une forme de méditation, ça vide la tête, c'est agréable", explique un habitant de passage qui en profite pour aider Arthur de berger.
Un petit troupeau comme celui-là est capable de brouter entre 100 et 200 mètres carrés d'herbe par jour
Arthur Aude, berger coordinateur de l'association "Les Moutons marseillais"
À la question de la quantité d'herbe broutée chaque jour, Arthur répond que cela dépend de la qualité et de la hauteur de l'herbe, de la saison, si les brebis attendent de mettre bas, sont en période de lactation ou pas. Afin de donner un ordre de grandeur, "disons qu'un troupeau est capable de brouter entre 100 et 200 mètres carrés par jour" estime le berger.
La municipalité marseillaise subventionne annuellement à hauteur de 20 à 30.000 euros ces services d'écopâturage qui peuvent aussi être effectués chez des particuliers ou auprès d'entreprises.
Arthur Aude va, d'ici quelques jours, transmettre son troupeau à deux bergères qui poursuivront le travail itinérant des brebis en milieu urbain.