Dix questions sur les risques d'allergie aux pollens de graminées

La fin des pollens de cyprès ne laisse que peu de répit aux personnes sensibles, puisque le printemps marque le début des pollens de graminées.

Le nez qui coule, les yeux qui piquent, la gorge qui gratte... l'arrivée du printemps s'accompagne pour certains d'entre nous de signes caratéristiques d'allergie aux pollens de graminées. Près d'un adulte sur trois est concerné et, d'ici trente ans, les spécialistes estiment que la moitié de la population sera affectée. De quoi s'agit-il ? Comment se soigner ? Que faire en prévention ? France 3 Provence-Alpes vous dit tout ce qu'il faut savoir sur la rhinite allergique saisonnière aux pollens de graminées. 

  • Qu'est-ce que l'allergie aux pollens ? 

Ce que l'on appelle souvent "allergie aux pollens" ou "rhume des foins", c'est "la rhinite allergique ou la rhino-conjonctivite saisonnière" recadre d'entrée le professeur Pascal Chanez, pneumologue allergologue à l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille (APHM). Etre allergique, "c'est réagir de façon inapropriée à quelques chose qu'on a dans son environnement." Certaines personnes déclenchent une rhinite, d'autres peuvent avoir une conjonctivite associée, ou des manifestations pharyngées, comme la gorge qui gratte.

En fonction des saisons, on peut être réactif à certains pollens, cyprès, bouleau, chêne ou graminées... et parfois à plusieurs en même temps. Si en plus, "on a un pneumallergène per-annuel comme les acariens, alors on va être géné dans son nez toute l'année", souligne le spécialiste. 

  • Quels sont les symptômes les plus fréquents ?

Les signes sont variés d'une personne à l'autre, cela peut être :

  • des éternuements à répétition ;
  • le nez bouché, qui coule ou qui démange ;
  • des yeux rouges, gonflés, larmoyants ;
  • des maux de tête ;
  • des démangeaisons dans la gorge.
  • Quels sont les pollens les plus allergènes en cette saison ?

La fin des pollens de cyprès ne laisse que peu de répit aux personnes sensibles, puisque le printemps marque le début des pollens de graminées. 

Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) publie chaque semaine une carte des risques d'allergies aux pollens par départements. 

Il est même possible de recevoir chaque semaine par e-mail les prévisions du risque allergique des départements de son choix.

    • Qui est concerné ?

    Selon des études, un Français sur quatre était concerné il y a 20 ans. Aujourd'hui, la rhinite allergique aux pollens de graminées et d'arbres touche entre 25 et 30 % de la population française selon l'Inserm, et elle gagne à grand pas du terrain. "Ça va aller jusqu'à 50 % des gens en 2040-2050", annonce le professeur Chanez. 

    En cause : le réchauffement climatique. "Les saisons durent plus longtemps, et il y a de plus en plus de graminées dans les villes", fait remarquer le pneumologue. 

    • Pourquoi devient-on allergique ?

    On ne naît pas forcément allergique mais on peut le devenir. C'est vrai pour certains pollens. "Dans notre région, on peut se sensibiliser aux pollens de cyprès même si on n'est pas né ici, parce que les pollens sont très très fréquents, et sont très gros donc ils restent beaucoup au niveau des voies aériennes et les gens peuvent se sensibiliser", explique Pascal Chanez.

    Dans le cas de l'allergie aux pollens de graminée, il faut une prédisposition génétique et une exposition au pollen allergène. Les symptômes apparaissent le plus souvent dès l'enfance. "Ça vient plus tôt dans la vie, quand on est petit, et puis on grandit avec et ça ne se perd pas", note le professeur Chanez. 

    A cela s'ajoutent des facteurs aggravants, comme le vent et la pollution atmosphérique. 

        • Quand faut-il consulter ?

        "La stratégie doit être personnalisée, il y a des gens qui ont un rhume et qui restent à la maison et d'autres qui ont le nez bouché toute l'année, qui ont une rhinite ou rhino-sinusite avec une part allergique et qui continuent de travailler et vivre normalement", indique le pneumologue marseillais.

        La première démarche est de voir un médecin généraliste pour poser le bon diagnostic. "C'est toujours la première chose, parce que pour les gens, tout est allergique, alors que des fois ça ne l'est pas du tout, et puis deuxièmement, du moment où on le sait, il faut trouver une stratégie personnalisée. D'une saison à l'autre en fonction du climat est différente, s'il se met à pleuvoir les gens sont sont beaucoup moins gênés que s'il y a un grand ciel bleu et du vent." 

        "Si ça devient un fardeau, il faut voir un pneumologue ou un allergologue", pour définir la bonne stratégie pharmacologique ou immunologique.

        • Quel est le traitement de la rhinite allergique ? 

        Il consiste à essayer d'abord de limiter la réaction immunologique avec des stéroïdes inhalés dans le nez pour diminuer "les petits soldats de l'inflammation que sont les éosinophiles". "Soit on arrive en courant après les événements et là ce sont les anti-histaminiques", indique l'allergologue.

        Le professeur Pascal Chanez précise qu'il faut traiter le plus tôt possible : "Si vous commencez à prendre un traitement local, c'est bien de le commencer avant la saison." 

        Les anti-histaminiques constituent le traitement de première ligne de la rhinite allergique et représentent plus de 90 % des prescriptions, selon l'Inserm.

        Même si les anti-histaminiques sont en accès libre sur les présentoires des pharmacies, le professeur Chanez met en garde contre l'auto-traitement.

          • Que peut-on faire en prévention ? 

          Le professeur Chanez précise que les masques ne protègent pas contre les pollens. "Il faut bien se laver le nez et se laver les cheveux parce que sinon on ramène les pollens à la maison, mais c'est surtout vrai pour les cyprès pour les graminées, c'est plus compliqué", conseille le professeur Chanez.

          Il faut aussi être vigilant au "décalage saisonnier" entre la floraison les zones sud et nord. Dans les Alpes, la saison des pollens est plus tardive. "Si vous partez en vacances dans les Alpes, c'est la double peine", résume le professeur Chanez.

          "Ici, avec la chaleur, quand tout devient jaune on n'a plus de pollens de graminées début juin, par contre si vous montez dans les Alpes vous retrouvez de l'herbe et des graminées tout l'été pratiquement" , ajoute-t-il. "Et si vous descendez la vallée du Rhône, vous trouverez l'armoise et l'amboisie." Autant dire que les personnes sensibles ont intérêt à se renseigner avant le départ. 

          • La désensibilisation est-elle efficace ? 

          "Ça marche bien", indique le professeur Chanez. La désensibilisation à la rhinite allergique se fait avec un comprimé à prendre chaque jour pendant la période. Il faut un traitement de 3 à 5 ans pour obtenir une amélioration durable.

          • Où trouve-t-on les graminées ? 

          Les graminées sont des plantes herbacées que l'on trouve un peu partout à la campagne, dans les prairies, accotements de route, et de plus en plus souvent dans nos villes, en décoration sur les ronds-points. 

          La liste donnée par le RNSA comprend notamment les espèces : Baldingère, Calamagrostis, Canche cespiteuse, Elyme des sables, Fétuques, Fromental élevé, Queue de lièvre et Stipe géante.

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