Homophobie : comment les confinements du covid ont augmenté l'intolérance intra-familiale

Si les actes homophobes ont légèrement diminué en 2021, ils se sont concentrés au sein de la cellule familiale durant les confinements successifs liés au covid, selon l'association SOS homophobie. Une souffrance pour les victimes, parfois contraintes de quitter leur foyer.

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"Quand je suis rentré à la maison, mon frère m’a enfermé dans ma chambre. Il m'a dit, tu me fous la honte, il m’a frappé et je suis tombé par terre. Il m’a donné des coups de pied. Ma mère aussi m’a craché dessus."

Dénoncé par le voisinage, Ange, un jeune homme d’une vingtaine d’années, a vécu un enfer dans le foyer familial. "Je suis resté enfermé dans ma chambre deux ou trois jours comme ça. Alors j’ai pris tous mes papiers et je me suis échappé"

Des lieux d'accueil

Forcé de s'enfuir, il est accueilli par une association à Marseille, le Refuge. Cet organisme reçoit des jeunes de 18 à 25 ans, rejetés en raison de leur orientation sexuelle.

Gregory Bernard, le délégué départemental des Bouches-du-Rhône a vu une augmentation du nombre de jeunes comme Ange rejeté par leur famille pendant les confinements.

"Cela a exacerbé le rejet, la haine donc on a eu beaucoup de jeunes qui se sont retrouvés à la rue, qui ont fait appel à nous pour des mises à l’abri d’urgence."

Les mesures mises en place pendant la crise sanitaire du covid en 2020 ont joué le rôle de catalyseur des violences anti-LGBT.

SOS homophobie a recueilli 1.815 témoignages en 2020. Ils ont fait l'objet d'un rapport consultable ici.

Pour l'association "les mesures de confinement, de couvre-feu, le développement du télétravail, la fermeture des établissements scolaires, des lieux de culture et de convivialité ont eu une incidence importante sur les actes LGBTIphobes, laissant peu d’échappatoires aux victimes de violences."

Augmentation de l'intolérance intra-familiale

Les restrictions sanitaires ont donc accentué la part des violences dans le milieu familial. Elles représentent 13% de l’ensemble des actes. En guise de comparaison, en 2019, dernière année avant covid, cette part était d’à peine 10%.

Pour SOS homophobie, les victimes sont "de plus en plus jeunes (...) la part de moins de 25 ans parmi les témoignages passe de 30% en 2019 à plus de 35% en 2020."

Pour se reconstruire après ces traumatismes, certains de ces jeunes font appel aux services de psychologues.

L'association Le Refuge en met une à la disposition de ceux qu'elle accueille. C'est Angela Bel, psychologue et psychanalyste. Elle perçoit un véritable "rejet intérieur" chez les jeunes qu'elle reçoit.

"Ce sont des jeunes qui arrivent avec un sentiment de honte terrible et la culpabilité d'être ce qu'ils sont. Ils n'ont pas forcément conscience de leur état de victime. Ils se pensent coupables de leur mal-être et du mal-être de leur famille."

Cette professionnelle estime que le risque de suicide chez ce public sensible est "13 fois plus important que dans une autre minorité."

Une parole pas encore assez libérée

Pour Frédérique Jeckel, major de police et référente LGBT des bouches du Rhône, le dépôt de plainte reste nécessaire". Elle rappelle les chiffres du ministère de l'Intérieur.

"Aujourd’hui, on a que 20% des victimes qui déposent plainte pour des faits de crimes et de délit. Et seulement 5%, pour des injures à caractère LGBT-phobe. Donc ça veut dire qu’il y a encore peu de personnes qui se libèrent et libèrent la parole."

En France, l’an passé 1.600 victimes d’actes homophobes ont été recensées par les services de police et de gendarmerie.

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