16 employés travaillant sur un chantier naval du port de Marseille ont été infectés par des pneumocoques. Depuis lundi matin, 4.000 sous-traitants sont vaccinés en urgence. Cette opération va durer deux jours.
Les salariés de la réparation naval travaillant sur les formes 8 et 9 du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) ont fait valoir leur droit de retrait après l'annonce de plusieurs cas d'infection à pneumocoque chez des employés d'un chantier de rénovation du Norwegian Spirit, un navire de croisière, en forme 10.
"On a appris qu'il y avait 44 cas, dont deux sous assistance respiratoire", raconte Daniel Tartaroli, délégué syndical CGT réparation navale, joint par téléphone.
Le 28 janvier dernier, l'Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur a été alertée par l’IHU Méditerranée Infection de 16 cas confirmés de pneumonie à pneumocoque, diagnostiqués par l'hôpital, dont un cas est toujours en réanimation.
"Une filière de soins a immédiatement été organisée avec l'équipe médicale du bateau, le Samu, le Bataillon des Marins Pompiers de Marseille, l'Institut hospitalo-universitaire et l'ARS Paca", a indiqué l'ARS.
L'agence régionale de santé précise qu'"une sensibilisation aux mesures barrières a été faite auprès de l’équipe médicale du bateau en chantier et des mesures de précaution ont été communiquées au personnel : renforcement du lavage des mains, port de masque pour les personnes malades, isolement de tout cas suspect en cabine individuelle, etc".
Les salariés continuent de travailler dans leurs ateliers mais refusent les échanges de matériel et de personnels avec la forme 10 où des cas ont été détectés. 3.000 masques ont été distribués.
4.000 personnes vaccinées
Depuis lundi matin, une vaste campagne de vaccination en urgence est organisée sur le port de Marseille. "L'épidémie concerne trois bateaux, le bateau chantier et deux bateaux hôtel", a indiqué l'ARS lors d'une conférence de presse.
"Douze équipes de l'ARS, de l'IHU et du Bataillon de marins-pompiers de Marseille effectuent les vaccinations à bord des deux bateaux hôtel". En l'absence d'une identification exacte de la souche de pneumocoque et face à l'urgence, le vaccin choisit permet de traiter "80 à 90% des souches connues", selon l'ARS
Sur le bateau en chantier, le personnel médical composé de trois médecins et de cinq infirmières s'occupent de la vaccination à bord. La campagne devrait durer jusqu'à mardi.
Le service de santé des #MarinsPompiers est fortement sollicité en ce moment :
— Marins-Pompiers (@MarinsPompiers) February 3, 2020
➡️ 5 équipes de vaccination contre une pneumonie à pneumocoque sur un chantier naval du port de Marseille
➡️ 1 militaire pour le rapatriement lié au #coronavirus de ressortissants français depuis Wuhan pic.twitter.com/6XECV2EtL2
"Ils vont les vacciner parce qu'un navire rentre demain en arrêt technique en forme 8 et 9 et qu'ils envisagent de faire travailler pas mal de sous-traitants de la forme 10 sur ce bateau. Mais même s'ils sont vaccinés, ils peuvent être contagieux pendant trois jours", s'inquiète Daniel Tartaroli.
"On va se réunir en section syndicale pour rencontrer la direction et les représentants de l'Etat",a indiqué le délégué CGT. "Nous voulons juste travailler en sécurité, tant qu'on aura pas de garanties, on n'ira plus là-bas et ils ne viendront plus chez nous".
On veut des garanties totales, on ne veut pas mourir pour aller travailler.
Peu de risque de contagion
Selon l'Agence régionale de santé Paca, 16 personnes ont été infectées. "La contamination par la bactérie n'est pas simple", rassure l'ARS, "il faut un contact prolongé avec une personne malade".Selon le docteur Philippe Malfait, de Santé publique France, l'épidémie sur le port de Marseille est due aux conditions de travail des ouvriers, "ces ouvriers sont en contact permanent avec des produits qui altèrent leur immunité pulmonaire", a précisé le médecin.
S'ajoute un deuxième facteur favorisant la contagion, la promiscuité. "Ils vivent ensemble dans des cabines sur des bateaux hôtel", a détaillé le docteur Malfait.
Des cas similaires d'épidémies à pneumocoque ont été également constatés en Norvège, en Finlande et en Irlande.
Si une pneumonie à pneumocoque, diagnostiquée rapidement, peut-être très bien traitée par antibiotique, "c'est une maladie sévère et potentiellement grave", précise l'ARS. Sur les 16 personnes contaminées, l'une d'entre-elles est toujours en réanimation.
Suspicion de Coronavirus
Dans un premier temps, une suspicion du Coronavirus avait créé un mouvement de panique sur le chantier du "Norwegian Spirit", rapportait LeMarin le 30 janvier.Le bateau de croisière de la compagnie Norwegian Cruise Line s'offre une modernisation complète chez Chantier naval de Marseille à la forme 10 à l'Estaque, la troisième plus grande au monde. Le chantier est prévu jusqu'au 11 février.Marseille : finalement pas de #coronavirus sur le « Norwegian Spirit » https://t.co/p2Xg1uLVwh via @_lemarin pic.twitter.com/DNCZtHUpZE
— Thibaud Teillard (@TT_LeMarin) January 30, 2020
Des symptômes pulmonaires et ORL
Cette épidémie par pneumocoque est prise très au sérieux. La transmission entre individus se fait par un contact direct et étroit avec une personne infectée ou porteuse, par exemple par la toux ou des éternuements.La bactérie en cause est le Streptococcus pneumoniae. Ces pneumocoques présentent une grande diversité. Les symptômes peuvent être pulmonaires ou ORL : insuffisance respiratoire aigüe, sinusite, otite. Dans les formes invasives de l'infection il peut s'agir de méningite et de bactériémie.