Originaire de Fuveau dans les Bouches-du-Rhône, Laurent Vaglica participe à ses premiers Jeux Paralympiques. Il a appris sa sélection il y a un mois seulement.
L'histoire est belle. Tellement belle que Laurent Vaglica n'y croit toujours pas. Amputé du pied gauche après un accident de moto en 2015, le snowboarder licencié au Ski Club Marseille Saint Antoine défilera vendredi 4 mars avec la délégation française à la cérémonie d'ouverture des Jeux Paralympiques de Pékin.
Pourtant, il n'était "programmé" que pour les JP de 2026. Pour la deuxième fois dans sa vie, le destin en a décidé autrement.
"C'est une grande surprise. Au début du mois, j'ai fait les championnats du monde en Norvège à Lillehammer, et à la grande surprise, pour moi et pour le coach, en Boarder Cross, j'ai accroché d'un coup le haut du tableau, j'ai fait le 5e meilleur chrono et j'ai été qualifié pour les quarts de finale. Malheureusement je casse ma prothèse, je tombe et je ne peux pas finir..."
Une "wild card" pour les JP
Mais la superbe perf de Laurent ne passe pas inaperçue.. surtout qu'il est finaliste en Snowboard Cross par équipe.
"La fédération a décidé de proposer mon nom à l'International Paralympic Comity (IPC) pour que j'ai une "wild card", une invitation pour ces jeux... et le 16 février, j'ai eu l'annonce que je partais 10 jours plus tard".
Juste le temps de faire ses valises, d'embrasser sa famille à Fuveau (Bouches-du-Rhône) et voilà Laurent dans l'avion pour Pékin.
A ce moment-là, c'est quand même un peu "la panique". "En plus, j'avais perdu mon grand-père deux jours avant, tout se mélangeait, j'y croyais pas".
Il faut dire que Laurent a commencé à s'entraîner au snowboard il y a deux ans et demi à peine. "J'en faisais avant, j'ai commencé à 16 ans mais j'ai pris deux ans de cours dans ma vie".
Avant l'accident, Laurent était gymnaste de haut niveau, "sur du petit haut niveau", comme il dit, en championnat de France et d'Europe. Il n'aurait jamais pensé un jour atteindre ce niveau.
Un rêve éveillé en Chine
Le Provençal profite de chaque seconde de son rêve éveillé en Chine. "Il y a des structures incroyables, la neige est exceptionnelle.. c'est fou."
"Ce qui me bouleverse le plus, c'est pas de m'imaginer ici aux Jeux, c'est de voir la réaction de mes proches, ils pleurent de plaisir, ils sont émus pour moi, ils réalisent plus que moi".
Dire que Laurent est là, à Pékin, pour eux, ce ne sont pas des mots en l'air. Depuis sept ans, ils sont sa force.. ce moteur qui le fait aller de l'avant malgré les difficultés.
"Etre arrivé jusque-là, et avoir eu cette progression-là si rapidement avec tout le taf que j'ai fait, c'est uniquement grâce au soutien de tous mes proches".
"Cette sélection pour les Jeux, c'est leur victoire à eux."
Laurent inclut sa famille, ses amis mais aussi le centre de prothésistes Lagarrigue Chantecler à Marseille. "Dès le début, ils ont dit qu'ils allaient me suivre et ils ont énormément investi sur moi sans compter".
Après son amputation, le jeune homme voulait tout laisser tomber. Sa passion du sport. Le défi d'une autre vie.
"Quand j'ai eu l'accident, je devais partir dans l'armée de l'Air en tant qu'officier préparateur physique, j'avais fait ma licence en STAPS exprès pour ça, et là du jour au lendemain on me dit, c'est fini..."
Quand il raconte ce qu'il a traversé, on ressent toute la souffrance physique et psychologique qu'il a dû surmonter.
"J'avais tout ce qu'un jeune de 22 ans pouvait espérer.. et du jour au lendemain je ne pouvais plus tenir debout, on venait me faire la toilette dans mon lit, je m'en foutais complet de mon corps et j'avais envie de faire des bêtises.. je ne l'ai pas fait uniquement parce que je me suis rendu compte que ça ferait plus de mal à tous mes proches" .
"J'ai réalisé que soit je restais un boulet pour mes proches qui devaient s'occuper de moi, soit je prenais la décision de faire ce qu'il faut le plus rapidement pour m'en sortir".
Sept ans après le "boulet" s'est mué en fusée prête à décrocher la Lune. Pourquoi pas une médaille à Pékin ?
Une revanche à prendre
"Après ce que j'ai fait en Norvège en Boarder et vu que le tracé ici à l'air de me correspondre assez par rapport à mon ride, j'ai une revanche à prendre de pas casser la prothèse et d'arriver minimum à passer les quarts de finale, c'est ce que j'aimerais énormément".
Quoiqu'il arrive, rien ne sera plus comme avant. Avant même d'avoir sorti son snowboard, Laurent Vaglica constate l'effet "booster" de sa première participation aux Jeux.
Il sait déjà qu'il a aucun mal à trouver sponsors ou partenaires pour 2026. "Il y a plein de portes qui s'ouvrent déjà, ça change tout..."
Les Jeux Paralympiques de Pékin s'ouvrent demain. Les qualifications se disputeront dimanche 6 mars et la finale le lendemain.
"J'ai la meilleure place, je suis outsider.." reconnaît-il, avant de confier : "je pense que je réaliserai demain à la cérémonie d'ouverture et que j'aurai le stress".
Pour ses proches et tous ses supporters, on peut être sûr qu'il donnera son maximum, parce que Laurent Vaglica est venu à Pékin pour ça.