Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, autant de dys dont vous avez certainement entendu parler. A quoi correspondent-ils ? Sont-ils indépendants les uns des autres ? Laurence Delsinne, orthophoniste et élue URPS Paca vous détaille tout.
Vous avez souvent entendu dire qu’un enfant est "dys", ce qui fait référence au préfixe des troubles qui les constituent, comme la dyslexie, la dyspraxie, la dysgraphie par exemple. Selon la Fédération Française des Dys, en France, on parle de 6 à 8% de troubles de ce type. On peut dire que 4 à 5% des élèves d’une classe d’âge sont dyslexiques, 3% sont dyspraxiques, et 2% sont dysphasiques.
Concrètement, qu’est-ce que les troubles "dys" ?
Selon la nouvelle classification, on parle de troubles neuro-développementaux, et plus particulièrement de troubles de l’apprentissage. Il s’agit de "tous les retards et difficultés du langage oral et écrit. Un langage qui permet de structurer la pensée du jeune enfant, explique Laurence Delsinne, orthophoniste. On parle du retard d’acquisition du langage oral, de la parole, mais aussi de l’acquisition du vocabulaire, la construction des phrases. C’est donc à la fois sur le plan de la compréhension et de l’expression. Il est important de souligner qu’il peut y avoir une interdépendance entre les différents troubles et qu’on retrouve souvent une association entre eux."
Que signifient les différents noms des troubles "dys" ?
- La dyslexie : la dyslexie représente un trouble d'apprentissage qui compromet les compétences en lecture en raison d'un développement anormal de ces capacités. C'est un trouble neuro-développemental qui a des conséquences significatives sur le plan personnel, social, scolaire et professionnel, entraînant une diminution des aptitudes en lecture. Il s’agit d’un trouble persistant et de longue durée qui, en général, affecte également la compétence en langage écrit, ce qui explique pourquoi la dyslexie est fréquemment associée à la dysorthographie.
- La dysorthographie : la dysorthographie est caractérisée par des difficultés durables dans l'acquisition de l'orthographe. Les personnes atteintes de dysorthographie éprouvent ainsi des problèmes pour maîtriser l'orthographe des mots, la conjugaison, la grammaire et la syntaxe.
- La dyspraxie : la dyspraxie, souvent appelée maladresse pathologique, affecte 5 à 7% des enfants de 5 à 11 ans selon le Haut Conseil de la santé publique. Ces enfants rencontrent des difficultés à effectuer des tâches courantes, comme manger proprement, s'habiller correctement, suivre des instructions simples, réaliser des activités manuelles, ou jouer à des jeux qui exigent de la coordination.
- La dysphasie : la dysphasie est un trouble neurodéveloppemental du langage qui affecte à la fois l'expression et la compréhension du langage oral. Les symptômes varient en fonction des composantes du langage touchées (phonologie, morphologie, sémantique, etc), ce qui explique la diversité des présentations et des différences individuelles.
- La dysgraphie : la dysgraphie est un trouble continu qui a des conséquences sur la manière dont les lettres sont formées, la façon dont elles sont tracées, la connexion entre les lettres (l'enfant a tendance à ne pas écrire en écriture cursive, soulevant son stylo plus fréquemment que la normale).
- La dyscalculie : la dyscalculie est un trouble particulier qui se caractérise par des lacunes en matière de compétences mathématiques. Les individus atteints de dyscalculie éprouvent des difficultés à manipuler des données numériques, à effectuer des calculs précis et à assimiler des concepts mathématiques tels que les tables de multiplication ou d'addition.
Comment sont pris en charge les troubles "dys" ?
Ils sont considérés comme troubles, dès lors qu’ils existent depuis la mise en place du langage et durent dans le temps. "Le langage au cœur de tout ça. Ces troubles peuvent être majorés ou associés à d’autres pathologies comme des troubles neurologiques (épilepsie), des troubles de la sphère autistique, génétique, psychologique, génétique ou encore oro-myofacial", explique l’orthophoniste. C’est pour cela que la prise en charge des patients présentant des troubles neuro-développementaux est pluridisciplinaire et intègre toutes les autres professions qui s’occupent de la sphère orofaciale, neurologique, de l’audition, la vision, ou encore du cerveau, ainsi que tous les rééducateurs (kinésithérapeute, orthoptiste, etc).
Si le repérage des troubles se fait bien souvent à l’école ou dans toutes structures dans lesquelles un enfant peut être pris en charge, seul l’orthophoniste peut établir un diagnostic. Ensuite, le spécialiste traite les troubles, en relation avec les écoles et médecin scolaire, les associations de parents ou encore le médecin. "Il existe tout un ensemble de mesures mises en place en passant par le médecin scolaire et en s’appuyant sur les bilans de l'orthophoniste et des professionnels associés. Ensuite, il est possible de mettre en place un aménagement à l’école soit avec une aide technique (temps supplémentaire, ordinateur par exemple) ou humaine (accompagnants d'élèves en situation de handicap - AESH)."