Un cas sur trois n'est pas diagnostiqué. En cette journée mondiale de sensibilisation de l'opinion publique à la maladie d'Alzheimer, le neurologue marseillais Mathieu Ceccaldi a répondu à nos questions sur les dernières avancées thérapeutiques.
La maladie d'Alzheimer touche plus de 900.000 personnes en France. Cette pathologie est très répandue, mais elle reste malgré tout mal comprise. Invité du 12-13 de France 3 Provence-Alpes, le professeur Mathieu Ceccaldi, chef de service de neurologie de l'hôpital de la Timone à Marseille a répondu à nos questions.
- Existe-t-il aujourd'hui un traitement contre la maladie d'Alzheimer ?
Il y a un traitement qui agit sur les lésions de la maladie, qui est approuvé aux Etats-Unis, mais qui n'a pas été approuvé en Europe, parce qu'il faut deux critères pour qu'il le soit : qu'il agisse sur les lésions de la maladie et qu'il agisse aussi sur les symptômes et ralentisse le déclin. Et ce n'est pas encore le cas.
- Cela pourrait être bientôt le cas ?
On peut espérer, car il y a actuellement des essais thérapeutiques qui se terminent et donc on aura les résultats de ces essais thérapeutiques. Et on peut que l'un d'entre eux, et peut-être plusieurs d'entre eux, donnent des effets suffisamment significatifs pour que le médicament soit approuvé, en Europe et notamment en France.
0n ne peut pas prévenir la maladie mais on peut essayer d'en diminuer le déclin en agissant sur les co-facteurs.
Dr Mathieu Ceccaldi, neurologue à l'AP-HM
- En sait-on plus sur les causes de cette pathologie?
La pathologie apparaît pour différentes raisons, en partie génétiques... on n'a pas toutes les réponses par rapport à l'émergence de cette maladie.
Cette pathologie, c'est le coeur de cette maladie mais elle s'associe aussi à d'autres pathologies, notamment vasculaires, qui peuvent aggraver les conséquences des lésions à proprement parlé de la maladie d'Alzheimer.
La moyenne d'âge, c'est 70 ans, mais il y a des patients de 40, 50 ans plus âgées aussi, c'est une maladie dont le spectre est très large en terme d'âge d'installation.
- Peut-on prévenir cette maladie ?
Non, on ne peut pas prévenir la maladie elle-même qui est le coeur de tout mais on peut essayer d'en diminuer le déclin en agissant sur les co-facteurs, avec la prévention des pathologies vasculaires, en faisant corriger une surdité, en veillant à son acuité visuelle, en s'entretenant le plan physique, en gardant des liens sociaux, ou sur le plan de la nutrition équilibrée.... Il y a toute une série d'actions qui permettent, non pas d'agir strictement sur la prévention mais sur les facteurs qui vont en aggraver les conséquences et c'est très important.
- Peut-on détecter cette maladie avant l'apparition des symptômes ?
On pourrait théoriquement le faire, puisqu'on a des biomarqueurs qui nous permettraient de savoir si les lésions sont présentes. On sait qu'elles sont présentes plusieurs années avant que les symptômes n'apparaissent.
Mais au jour d'aujourd'hui, c'est irréalisable de le faire, car c'est trop compliqué de le faire en population générale. Et deuxièmement, ça n'aurait pas trop d'intérêt, puisque si on repère très tôt c'est pour prévenir et donner un traitement qui puisse le cours de la maladie.