Journée mondiale de l'excision : le combat quotidien de l'association Gams Paca à Marseille

La journée mondiale de l'excision aura lieu le mardi 6 février. Les associations comme Gams Paca à Marseille participent à une nouvelle campagne de prévention et de sensibilisation.

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La journée mondiale contre l'excision a été créée par l'ONU en 2012. Chaque année c'est l'occasion pour les associations françaises comme Gams Paca de mettre en lumière leur combat contre ces mutilations sexuelles féminines qui touchent 60 000 femmes en France. 

Convaincre les hommes


Conteur en langue ambara, Kélétigui Coulibaly milite au sein de l'association à Marseille. Il a choisi de s'adresser aux maris et aux pères pour faire reculer cette mutilation génitale des femmes.

Ce sont des mamans elles-mêmes qui m'ont demandé d'aller parler à leur mari,

explique-t-il, car si un homme y allait, au moins il l'écouterait. Je suis originaire de la Côte d'Ivoire et du Mali, issu d'une caste de forgerons dont les femmes deviennent traditionnellement les exciseuses, donc les hommes savent qu'ils ont à faire à quelqu'un qui les comprend".

Expliquer les méfaits


"Il est fondamental de parler aux hommes, si l'on veut que l'excision s'arrête, insiste Kélétigui Coulibaly, ce sont les hommes qui sont à la base de la demande de l'excision. Pour eux, si la femme n'est pas excisée, elle n'est pas prête pour être mariée. Il faut aller les voir pour leur en expliquer les méfaits : si plus aucun homme n'exige une femme excisée, l'excision va disparaître."

Les hommes n'ont pas conscience des souffrances


Il reconnaît qu'il est très difficile de les convaincre d'abandonner ce qu'ils estiment être une tradition ancestrale. "Confrontés au choc culturel de l'immigration, les hommes se raccrochent aveuglément
aux rares choses sur lesquelles ils peuvent garder la main, dont l'excision de leurs propres filles," raconte le militant associatif. Ils n'ont souvent pas conscience des conséquences, des souffrances
des femmes.

Dans leur tête, quand ils ont un rapport avec une femme, et qu'elle gémit, qu'elle se plaint, c'est un gage de leur virilité, c'est qu'ils sont puissants.

Moi je leur dis : "oui, vous êtes puissants, mais elle devrait gémir de plaisir, pas de douleur". Il y a une grande méconnaissance. Petit à petit, on leur explique : "vous voyez bien que cette femme, elle n'a pas de clitoris", et les gens commencent à comprendre". 

Combattre les idées reçues


Quand il s'adresse aux maris, le conteur insiste l'impact psychologique d'une telle mutilation pour la femme. "Il faut combattre aussi les idées reçues : ces hommes se disent "le clitoris est un organe qui permet à la femme d'avoir beaucoup de sensibilité. Si ma femme retrouve le sien, elle aura sans cesse envie, elle va passer derrière mon dos, faire l'amour avec le voisin". Je dois expliquer que les femmes excisées ont le sentiment d'avoir perdu quelque chose, de ne plus être une femme." 

Sensibiliser les jeunes garçons 


La réussite du combat passe par les jeunes générations. "Systématiquement un papa qui est marié à une dame dont il a exigé l'excision avant le mariage conseillera à son fils de faire de même, souligne Kélétigui Coulibaly.  Il faut que les jeunes garçons puissent répondre, pour essayer de mettre un frein à ça. Et il reste du chemin à faire : en dix ans, je n'ai vu qu'un seul homme avoir l'idée de proposer à sa femme la réparation (chirurgicale).

Changer les mentalités prendra du temps, reconnaît Kélétigui Coulibaly. "Même lorsqu'ils ont compris que l'excision est un tort qui a été fait à leur femme, pour beaucoup, accepter la réparation, c'est comme accepter qu'ils ne sont pas compétents sexuellement. Un mari m'a dit "si elle veut retrouver son clitoris, c'est qu'elle n'est pas satisfaite. Qu'elle se trouve un autre homme"."

Zéro tolérance contre l’excision à Marseille et dans sa région
Mardi 6 Février 2018 de 10h à 17h, amphithéâtre Pasteur
Faculté des Sciences - Saint Jérôme 13013 Marseille
Entrée libre

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