Attaqué en diffamation, le journaliste Olivier-Jourdan Roulot avait révélé dans une enquête datant d'avril 2018, "les curieuses pratiques" menées par l'actuel président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Marseille, Jean-Luc Chauvin. Une plainte qui résonne comme une volonté d'entraver la liberté de la presse.
"Son seul objectif, je le dis et je l'affirme, c'est d'obtenir ma mise en examen", appuie le journaliste Olivier-Jourdan Roulot en parlant du président de Chambre de Commerce et d'Industrie de Marseille Jean-Luc Chauvin.
Ce vendredi 9 décembre à 13h30, Olivier-Jourdan Roulot comparaît pour diffamation devant la 17e chambre du tribunal de Paris (une chambre correctionnelle spécialisée dans les affaires de presse). La plainte a été portée par l'actuel président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Marseille Jean-Luc Chauvin et la société OTIM IMMOBILIER (dont Jean-Luc Chauvin était à la tête) à propos d'un article paru sur le site Capital en avril 2018.
Dans son enquête, le journaliste dénonce la gestion douteuse de la trésorerie du président de la CCI à la tête d'OTIM, une agence immobilière spécialisée comme syndic de copropriétés. La boîte était fortement implanté dans l'Alpes du Sud. À Risoul, elle détenait 90% des copropriétés.
À travers divers témoignages, Olivier-Jourdan Roulot pointe plusieurs anomalies. Une des principales est l'inexistence de compte courant séparé pour chaque copropriété détenue par la société comme le prévoit la loi. Une règle inscrite pour éviter justement les mouvements de trésorerie entre les résidences.
Une "procédure abusive" selon Olivier-Jourdan Roulot
Olivier-Jourdan Roulot a publié deux papiers concernant les pratiques de Jean-Luc Chauvin. Un premier en avril 2018 et un second en mai de la même année. Mais c'est uniquement la publication la plus précoce qui est attaquée. Pourtant, le dépôt de plainte a été réalisé le 23 mai 2018. Soit peu de temps après la parution du deuxième papier datant du 15 mai 2018 qui dévoile les rétrocommissions que s'est accordé l'entreprise.
"Dans la plainte posée par Jean-Luc Chauvin, on voit qu'il se garde bien de soulever les points les plus problématiques. Les révélations que j'ai documenté sur les rétrocommissions, c'est totalement illégal et c'est de l'ordre du pénal. Et il n'en parle pas. De même pour les histoires de facturations de son épouse Maître Boissac...C'est une plainte abusive" détaille Olivier-Jourdan Roulot.
Également, le journaliste reproche à l'élu de ne pas l'avoir reçu malgré ses demandes pour discuter de ces divers fonctionnements. "Quand je l'ai sollicité pour lui demander des explications sur ces faits graves le concernant, il a tout fait pour ne pas me répondre. Derrière, on ne peut pas se plaindre devant la justice." s'agace-t-il.
Une tentative d'entrave à la liberté de la presse
Avant l'ouverture de cette comparution, le journaliste "a bon espoir de ressortir quitte". "Je sais que sur le fond, il ne peut pas m'attaquer. J'arrive avec 20 pièces au tribunal. Le dossier est béton.", précise-t-il.
Cette mise en examen est également perçue comme une atteinte au métier. "En ce moment, il y a plein d'attaques à l'encontre de la presse. Médiapart a été censuré sur son enquête à Saint-Etienne. "Reflets" pareil sur les révélations des leaks de Drahi. Et ici, c'est la même chose. Monsieur Chauvin ne veut pas qu'on s'intéresse à lui, hormis pour relayer ces propos quand il est en campagne. C'est une entrave à notre métier", s'insurge Roulot.
S'il est relaxé, celui-ci compte demander une condamnation au dépens, c'est-à-dire le remboursement de ses frais de justice, du président de la CCI.