Vous aimez l'escalier de la gare Saint-Charles ? Il glorifie les colonies. Vous connaissez vraiment la prison des Baumettes ? 20.000 travailleurs indochinois y ont été entassés. Le Guide du Marseille colonial nous livre une histoire méconnue à travers les rues, les places et les monuments.
Une balade dans Marseille ? Une balade au goût amer alors. Une plongée dans l'histoire avec un livre d'un genre nouveau : le guide du Marseille colonial, sorti le 1er septembre.
Onze auteurs ont recensé des histoires rudes, des histoires d'esclavagisme peu connues des Marseillais. Ces auteurs sont militants et affichent une position anticolonialiste.
En fouillant l'histoire de Marseille, ils espéraient des surprises, ils en ont trouvé. En voici quelques exemples.
La prison des Baumettes
Une maison d'arrêt ? Pas seulement. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la main d'oeuvre se fait rare.
"Des ouvriers vietnamiens sont importés comme du bétail et parqués aux Baumettes dans des conditions inhumaines", raconte Nora Mekmouche, co-autrice du guide, ils seront 20.000, sur plusieurs années, et partiront transmettre la culture du riz en Camargue."
Des résistants, des juifs, des communistes et plus tard des militants du FLN seront également enfermés entre ces murs.
L'escalier de la gare Saint-Charles
Quelle oeuvre monumentale ! Une magnifique entrée dans la ville avec vue sur Notre-Dame de la Garde. Mais cet escalier est aussi le symbole de la puissance coloniale de l'époque. Il faut bien le regarder.
"En bas, deux statues représentent des femmes alanguies. L'une représente l'Asie, l'autre l'Afrique," décrypte Nora Mekmouche.
Le parc Chanot
Amable Chanot, maire de Marseille pendant deux mandats est lié à des expositions coloniales organisées en 1906 et 1922. Ces expositions marquent le triomphe de l'empire colonial français et consacrent Marseille comme la capitale maritime de cet empire, la porte de l'Orient.
La grille à l'entrée du parc est d'origine.
Le cas Bugeaud
Effacer les traces de ce passé est parfois possible. Le Maréchal Bugeaud a commis des horreurs pendant la guerre d'Algérie.
Une école du 3ème arrondissement de Marseille portait son nom, elle a été rebaptisée en juin 2021. Elle s'appelle aujourd'hui Ahmed Litim, caporal de 24 ans engagé dans un régime de tirailleurs algériens, tué par un obus en août 1944 au pied de Notre-Dame de la Garde.
Ce guide sur Marseille sort après d'autres exemplaires sur Paris, Bordeaux et Soissons. Rouen est en cours de réalisation.
Un travail collectif et engagé
L'équipe d'auteurs revendique un grand sérieux, des recherches, des vérifications et l'appel aux connaissances d'historiens, dans certains cas. En faisant ce travail collectif et engagé, ils espèrent que leur guide deviendra un outil pédagogique.
Mardi 6 septembre, à partir de 19 heures, toute l'équipe d'auteurs sera dans la librairie Transit, 51 boulevard de la Libération pour une présentation du guide suivie d'un débat.
Le "Guide du Marseille colonial" est publié aux Editions Syllepse.